1. Il est né dans une prestigieuse famille espagnole
Maïmonide est né vers 1135 à Cordoue, dans la région d’Andalousie en Espagne. Sa famille faisait remonter ses origines jusqu’au compilateur de la Michna, Rabbi Yéhouda HaNassi, et à travers lui, jusqu’au Roi David.1 Encouragé par son père – juge au tribunal rabbinique de Cordoue et élève du célèbre Ri Migach – il entreprit des études en droit hébraïque, en philosophie et en médecine.
2. Maïmonide signifie « fils de Maïmone »
Maïmonide, tel qu’il est connu en français, est la traduction grecque de « fils de Maïmone ». En hébreu, on le désigne sous le nom de « RaMBaM » (רמב"ם), acronyme de Rabbi Moché Ben Maïmone.
3. On sait peu de choses de sa mère
Nous savons peu de choses sur la mère de Maïmonide, mais il semble clair qu’elle décéda alors qu’il était jeune – selon certains récits, en le mettant au monde. Cela ferait de son frère cadet, David, un demi-frère, bien que nous ne connaissions pas non plus l’identité de sa belle-mère.
4. Les Almohades ont forcé sa famille à fuir
À l’âge de 13 ans (10 ans selon certains), la famille de Maïmonide fut contrainte de fuir sa ville natale face à l’invasion des Almohades. S’ensuivirent dix années d’errance avant que la famille ne s’installe finalement à Fès, au Maroc. Fès aussi était tombée aux mains des Almohades (un groupe de musulmans fanatiques), mais il semble qu’ils aient pu y vivre dans la clandestinité pendant environ cinq ans.
5. Il a écrit son Commentaire de la Michna pendant ses voyages
C’est au cours de cette période troublée qu’il écrivit la majeure partie de sa première œuvre publiée : le Commentaire de la Michna.2 Il commença à l’écrire à l’âge de 23 ans et l’acheva sept ans plus tard alors qu’il vivait à Fostat (le Caire), en Égypte. Cette œuvre – écrite en judéo-arabe – fut un travail monumental, le premier commentaire exhaustif des six ordres de la Michna, et peut être décrit comme un synopsis du Talmud de Babylone. Pour chaque Michna, Maïmonide fournit un aperçu de la discussion talmudique pertinente, constituant ainsi une référence indispensable tant pour le novice que pour l’expert. Cette œuvre servit de tremplin à son œuvre maîtresse, le Michné Torah.
6. Les œuvres de son père ont été perdues
Outre l’influence considérable qu’il exerça sur les œuvres de Maïmonide en tant que son principal enseignant durant sa jeunesse, Rabbi Maïmone est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment des manuscrits sur les fêtes et la prière. Ces œuvres ont été perdues au fil du temps. Le seul essai complet que nous ayons de lui s’intitule Iguéret Hané’hama (« Lettre de consolation »), écrit dans le contexte des tragédies qui frappèrent le peuple juif à cette époque. Il existe des témoignages contradictoires quant au lieu exact de son décès : certains pensent qu’il est mort à Jérusalem,3 tandis que d’autres rapportent qu’il est décédé peu après l’installation de la famille à Fostat. Il est enterré près de son fils à Tibériade.
7. Il a publié le premier recueil de loi juive accessible à tous
Après s’être établi au Caire, la réputation de Maïmonide en tant qu’éminent érudit ne fit que croître. C’est là qu’il composa le Michné Torah, une explicitation complète de la Loi Orale. Maïmonide estimait que les principes fondamentaux de la Loi Orale s’estompaient des mémoires de ses contemporains, et que le moment était donc venu de rédiger une œuvre qui ferait autorité. Il explique systématiquement les conclusions de la halakha de manière claire et concise, sans les va-et-vient caractéristiques du Talmud.
8. Il fut un philosophe
La dernière œuvre publiée par Maïmonide de son vivant fut Le Guide des Égarés (Moré Névoukhim), une œuvre philosophique qui cherchait à concilier le judaïsme traditionnel avec la philosophie aristotélicienne populaire à l’époque.
9. Son frère périt en mer
Peu après l’installation de la famille en Égypte, David, le frère de Maïmonide, s’embarqua dans une entreprise commerciale avec une somme considérable appartenant aux deux frères. La tragédie frappa lorsque le navire sur lequel il voyageait fut perdu en mer. Sa disparition prématurée dévasta Maïmonide au point qu’il resta alité pendant plusieurs mois.
10. Il fut nommé « Naguid » (Grand Rabbin) du Caire
À l’âge de 42 ans, alors qu’il travaillait encore sur le Michné Torah, Maïmonide fut nommé Naguid de la communauté juive égyptienne. « Naguid » est un terme hébreu signifiant prince ou dirigeant, utilisé comme titre honorifique pour désigner le chef des communautés juives séfarades. Dans cette position, il put renforcer le niveau d’observance de la communauté et réduire les influences extérieures. À l’époque, un pourcentage considérable des Juifs d’Égypte suivait la secte hérétique des Karaïtes. Grâce à sa direction influente, Maïmonide parvint à en ramener beaucoup dans le giron du judaïsme traditionnel.
11. Il fut médecin à la cour du sultan Saladin
Après la mort de son frère – qui subvenait aux besoins des deux familles – Maïmonide commença à exercer la médecine, estimant qu’il serait inconvenant de tirer profit de sa connaissance de la Torah. Il devint célèbre comme guérisseur talentueux et fut nommé l’un des médecins du sultan Saladin. Dans cette fonction, il put exercer une influence considérable sur le gouvernement et même sur le sultan en personne.
12. Il est l’auteur d’ouvrages médicaux
En tant que médecin réputé, il écrivit divers traités médicaux, notamment des ouvrages sur les poisons et leurs antidotes, ainsi que sur les règles d’hygiène. Dans ses œuvres halakhiques également, il consacre un temps considérable aux questions de santé. Dans les dernières années de sa vie, il consacra une grande partie de son temps à soigner des patients, ne refusant jamais quiconque sollicitait ses conseils.
13. Son portrait est basé sur une représentation du XVIIIe siècle
Nous ne pouvons pas être certains que l’image populaire que nous avons de Maïmonide lui ressemble réellement. Il semble que cette image fut publiée pour la première fois dans un ouvrage du XVIIIe siècle intitulé « Thesaurus Antiquitatum Sacrarium ». Elle devint populaire peu après sa découverte et sa diffusion par Rabbi Its’hak Chmouel Reggio, rabbin à Gorizia, en Italie, dans la première moitié du XIXe siècle.
14. Ses œuvres furent contestées
Comme de nombreux penseurs révolutionnaires, les œuvres de Maïmonide furent initialement accueillies avec méfiance. Ses critiques estimaient qu’il était allé trop loin dans la transcription et l’explicitation de la Loi Orale, et qu’il avait desservi son public en ne fournissant pas les sources de ses décisions. La majeure partie de l’opposition visait le Michné Torah, la seule œuvre qu’il composa en hébreu. Plus tard, lorsque le Guide des Égarés de Maïmonide fut traduit de l’arabe, il rencontra également une forte opposition. Avec le temps, cependant, non seulement ses œuvres furent acceptées, mais Maïmonide fut légitimement reconnu comme l’un des plus grands érudits juifs de tous les temps.
15. Des éditions originales et manuscrits originaux de certaines de ses œuvres ont survécu
Il est presque miraculeux que des manuscrits écrits ou authentifiés par Maïmonide lui-même aient été conservés pendant plus de 800 ans. Deux manuscrits originaux de son Commentaire de la Michna existent aujourd’hui ; ils sont conservés à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford (Pococke 295) et à la Bibliothèque nationale d’Israël.4 De plus, la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford possède un manuscrit (connu sous le nom de Huntington 80) des deux premiers volumes du Michné Torah, Madda et Ahava. À la fin du second livre, Maïmonide écrivit : « Corrigé d’après mon propre texte, moi, Moché, fils de Rabbi Maïmone de mémoire bénie. »
16. Il dessina un croquis de la Ménorah du Temple
L’un des manuscrits conservés (Pococke 295), présumé être de la main de Maïmonide, contient plusieurs croquis, dont deux sont particulièrement célèbres. Le premier (sur le fol. 184v) est la fameuse représentation de la Ménorah du Temple avec des branches droites. Cela diffère de l’image populaire de la ménorah avec des branches courbes. Bien que certains considèrent ce dessin comme une simple esquisse, le fils de Maïmonide, Avraham, pensait qu’il s’agissait d’une représentation exacte.5 Plus récemment, le Rabbi a fermement soutenu que cette représentation est la ménorah authentique du Temple.6 Le second croquis notable (sur le fol. 295r) est une carte du Temple, qui montre le sanctuaire intérieur comme étant carré, contrairement à la convention générale qui le représente en forme de T.
À lire : Pourquoi insister sur la représentation d’une Ménorah aux branches droites ?
17. Un commentaire partiel sur le Talmud de Jérusalem a été découvert dans la Gueniza du Caire
Après avoir terminé son Commentaire de la Michna, Maïmonide entreprit de composer une œuvre sur le Talmud de Jérusalem à la manière de Rabbi Its’hak Alfassi (le Rif). L’œuvre, intitulée Hilkhot HaYerouchalmi, visait à sélectionner les halakhot du Talmud de Jérusalem qui s’écartaient des décisions du Talmud de Babylone. Maïmonide, cependant, ne mena pas ce projet à terme et changea de direction pour se concentrer sur le Michné Torah. Dans la Gueniza du Caire, toutefois, des fragments de cette œuvre inachevée ont été découverts et publiés par Saul Lieberman. De nombreux autres fragments des écrits de Maïmonide ont également été trouvés dans la Gueniza – certains de sa propre main – incluant de nombreuses questions et réponses, des versions de son Michné Torah, son Commentaire de la Michna et le Guide des Égarés.
18. Son fils, Avraham, poursuivit son héritage
Son fils et élève, Avraham, érudit reconnu lui-même, défendit Maïmonide contre ses critiques après sa mort. De plus, comme Maïmonide, il servit en tant que Naguid de la communauté cairote et écrivit un commentaire sur le ‘Houmach, dont seuls Béréchit et Chemot ont survécu.
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19. Il établit 13 principes de foi
Une autre contribution monumentale au canon de la pensée juive – incluse dans sa préface au dixième chapitre du traité Sanhédrine – est l’énoncé par Maïmonide des croyances fondamentales du Juif. Ces principes couvrent la croyance en un D.ieu unique dont l’omniprésence, l’omnipotence et l’incorporéité sont absolues ; la croyance en Moïse et en la Torah immuable que nous avons reçue au Sinaï ; la croyance en la récompense et la punition ; et la croyance en la résurrection des morts au temps du Machia’h.
20. Il est enterré à Tibériade

Maïmonide décéda au Caire en 1204 et fut enterré près de son père dans la ville de Tibériade. Jusqu’à ce jour, sa sépulture est une destination de prière et de supplication – un lieu que des générations de Juifs ont visité pour rendre hommage à ce géant parmi les chefs du peuple juif, dont il est dit : « De Moïse à Moïse, nul ne s’est élevé comme Moïse ».7
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