La Ménorah (« lampe ») du Temple était un candélabre d’or à sept branches que D.ieu ordonna de placer dans le Tabernacle (et plus tard dans le Saint Temple de Jérusalem).1 Elle était allumée tous les jours, à l’aide de mèches placées dans sept coupes d’huile d’olive la plus pure.2

La position de la Ménorah

La Ménorah se trouvait dans le Heikhal (sanctuaire), dans la salle extérieure (le Kodech), qui menait à la chambre intérieure (le Kodech Hakodachim) et à l’Arche Sainte. La Ménorah était placée au sud de la pièce, à gauche lorsqu’on entrait par la porte principale située à l’est.

L’orientation de la Ménorah fait l’objet d’un débat dans le Talmud.3 Rabbi Juda le Prince (« Rabbi ») soutient qu’elle était alignée sur la longueur du temple, c’est-à-dire d’est en ouest, tandis que Rabbi Eliezer ben Rabbi Shimon affirme qu’elle était alignée sur la largeur du temple, soit du nord au sud. C’est ce dernier point de vue qui a été codifié par Maïmonide.4 5 6

L’allumage de la Ménorah

Chaque matin,7 dans le Temple de Jérusalem, un prêtre8 commençait à allumer les sept lampes de la Ménorah9 à l’aide de mèches et d’une mesure d’un demi-log d’huile d’olive de haute qualité dans chaque coupe.10 Cette quantité d’huile était suffisante pour que la flamme brûle tout au long des nuits d’hivers les plus longues jusqu’au lendemain matin.

Les lampes étaient allumées d’une mèche à l’autre. Le kohen prenait une mèche allumée et la plaçait près de la lampe suivante pour allumer celle-ci.11 Le processus commençait par la lampe la plus à l’ouest, le Ner Hamaaravi.

Une procédure connue sous le nom de hatavah était accomplie chaque matin,12 mais la nature exacte de ce service est sujette à débat.

Selon Maïmonide, la hatavah comprend l’allumage13  : « Sur les sept lampes, le kohen nettoyait et allumait cinq d’entre elles le matin. Ensuite, le prêtre effectuait un autre service, après quoi il revenait et allumait les deux lampes restantes. Cela avait pour but d’allonger le processus et de lui donner plus d’importance. »14

D’autres15 enseignent que la Hatavah n’implique que la préparation des lampes, mais n’inclut pas l’allumage. Ainsi, le matin, le kohen éteint 6 des 7 lampes. Le kohen nettoyait ensuite 6 lampes et ajoutait de l’huile, mais ne les allumait pas. Il restait donc une lampe (appelée « lampe occidentale », dont nous discuterons plus loin) qui demeurait allumée. Il laissait cette flamme allumée et y ajoutait de l’huile. L’après-midi, il revenait, allumait les 6 flammes à partir de la flamme occidentale, puis la lampe occidentale était nettoyée, remplie d’huile neuve et rallumée.

La lampe occidentale

Le Talmud enseigne : « La lampe occidentale doit avoir la même quantité d’huile que ses voisines. C’est avec elle que vous allumerez les autres, et c’est avec elle que vous finirez. »16

En conséquence, cette lampe brûlait déjà lorsqu’il était temps d’allumer les autres bougies, et elle n’était éteinte, préparée et rallumée qu’après que les autres lampes aient été allumées pour la journée.

Laquelle des sept lampes était « la lampe occidentale » ?

Maïmonide (dans le Michné Torah) explique que la Ménorah était placée du nord au sud, ce qui signifie qu’aucune flamme n’était plus proche de l’ouest que les autres. Il attribue donc la désignation de « lampe occidentale » à la flamme centrale, car c’est la seule mèche qui était disposée de manière à faire face au Saint des Saints à l’ouest.17 18

En conséquence, si la lampe occidentale était la flamme centrale, le Ner Maaravi devait être inclus dans les 5 lampes qui étaient nettoyées et allumées le matin. Elle était appelée flamme occidentale parce qu’elle servait à allumer toutes les autres lampes.

À l’inverse, selon ceux qui pensent que la ménorah était disposée d’est en ouest, la lampe occidentale serait donc soit :

– la lampe la plus à l’ouest19

– la deuxième à l’est, c’est-à-dire la première lampe qui se trouve à l’ouest d’une autre.20

La lampe occidentale devait rester allumée en permanence. Si elle s’éteignait, elle était rallumée à partir du feu continu de l’autel des sacrifices. Selon Rachi, il est possible que l’on apportât des braises à la Ménorah depuis l’autel.21

La structure de la Ménorah

Bien que la Torah précise que la Ménorah devait être en or, d’autres métaux étaient également acceptables.22 Lorsqu’elle était en or (mais pas lorsqu’elle était faite d’autres matériaux23 ), elle devait se conformer à toutes les spécifications énumérées dans l’Exode.

Les 7 sept branches dépassant d’une seule tige, la Ménorah comportait un total de 42 ornements : 22 coupes, 9 fleurs et 11 bulbes.

Rachi24 et Maïmonide25 expliquent tous deux que les six branches partant de la tige centrale étaient droites, et non courbes, comme cela est souvent représenté dans la culture commune. C’est ce que montrent les images suivantes, dessinées de la main même de Maïmonide :

Le célèbre dessin de Maïmonide de la Ménorah du Temple, avec l’aimable autorisation de la Bodleian Libary, Oxford.
Le célèbre dessin de Maïmonide de la Ménorah du Temple, avec l’aimable autorisation de la Bodleian Libary, Oxford.

Comme la Ménorah mesurait 18 tefa’him, soit la hauteur d’un homme sur un char,26 il y avait devant elle un support avec trois marches que montait celui qui allumait la Ménorah.27

La signification de la Ménorah

Rabbénou Be’hayé raconte la parabole d’un ministre à qui le roi en personne avait demandé de lui préparer un festin dans sa maison. Peu avant l’arrivée du roi, le ministre ressentit un grand embarras : son festin et son argenterie ne pourraient jamais se mesurer à la splendeur du palais. Le roi arriva donc dans une maison vide !

En réponse aux questions du roi, le ministre expliqua qu’il était gêné de préparer le festin, étant donné l’exiguïté de sa résidence.

Le roi lui répondit : « En effet, j’ai laissé tous mes ustensiles et mes chandeliers pour venir utiliser ta lumière. »28

Qu’est-ce que D.ieu désire tant, plus encore que ce qu’Il a dans son palais céleste ?

La Torah et les Mitsvot

Le troisième Rabbi de ‘Habad, le Tséma’h Tsédek, écrit29 que la Ménorah représente la fusion des deux principales façons de servir D.ieu : l’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot :

– Les 6 branches représentent la Torah, comme il y a 6 ordres de la Michna, le texte central de la Torah Orale.

– La tige droite représente les Mitsvot, qui relient les objets terrestres aux plans spirituels les plus élevés.

L’étude de la Torah et l’observance des Mitsvot représentent deux voies : l’étude de la Torah signifie vivre dans une réalité divine, en étant entièrement immergé dans la sagesse divine ; les Mitsvot s’attaquent à l’obscurité de ce monde et apportent de la lumière dans des endroits plongés dans les ténèbres.

La lumière de la Ménorah était plus brillante que ces deux approches combinées, et elle était donc capable d’unifier les deux trajectoires.

La lumière de la Ménorah reflétait la lumière de Machia’h, qui sera l’union ultime de la lumière transcendante de D.ieu dans notre monde fini.

Une conception pleine de symbolisme

Comme nous l’avons mentionné, la Ménorah comportait 42 ornements au total, qui correspondent aux 42 mots du premier paragraphe du Chéma, dans lequel il nous est enjoint d’étudier la Torah jusqu’à ce que nous soyons en capacité de servir D.ieu « de toutes nos forces ».30

Servir D.ieu de toutes nos forces est un accomplissement merveilleux, qui correspond à la 50e porte kabbalistique de la sagesse. Comment atteindre le nombre 50 ?

Si nous prenons ces 42 ornements et que nous y ajoutons les 7 branches de la Ménorah, nous arrivons à 49.31 Cela représente les 49 niveaux de sagesse que nous devons gravir, après quoi le 50e nous est accordé d’en haut.32

La Ménorah pour toujours

Rabbénou Be’hayé dit que la mitsva de la Ménorah est ledorot, « pour [toutes] les générations ». Comment cela peut-il être vrai, alors que nous n’avons pas allumé la Ménorah depuis la destruction du Saint Temple ?

Certains affirment que les lumières de ‘Hanouka33 contiennent les dimensions de la Ménorah.

D’autres suggèrent que les 7 branches représentent les 7 orbes célestes ou les 7 jours de la semaine, qui restent constants.34

Un Rachi intéressant permet peut-être de mieux comprendre cette signification :

Après la construction du Tabernacle, celui-ci fut monté et démonté chaque jour, 8 jours durant, jusqu’au premier jour de Nissan.35 Ce jour-là, Moïse installa tout ce qui se trouvait dans le Tabernacle, y compris la Ménorah. Na’hchone, prince de Juda, apporta alors une offrande, et il fut considéré qu’il avait inauguré le Michkane.

Aaron se sentit exclu. D.ieu promit donc à Aaron que son allumage de la Ménorah ferait également partie de l’inauguration, allant même jusqu’à dire : « Ton service est plus grand ».36

Quel est le sens caché de cette phrase ? Le Rabbi37 dit que la capacité unique d’Aaron était d’illuminer les âmes avec l’amour de D.ieu.

L’Admour Hazakène38 explique que l’inauguration fut puissante et dramatique, mais qu’elle était de nature à s’estomper naturellement avec le temps. Le moment où les princes de chaque tribu apportèrent leurs sacrifices d’inauguration donna un élan unique au service divin de leur tribu.

Mais ce n’était que temporaire.

Le service d’Aaron, en revanche, qui représentait l’inspiration continue de chaque type de Juif à son propre niveau, est constant et éternel. C’est pourquoi D.ieu l’a fortifié en promettant qu’il défierait le passage du temps et les vents du changement.