Lorsque R. Yaakov Orenstein (1755-1839), auteur du Yechouot Yaakov, officiait comme rabbin de Lvov, le chamach (gardien) de la synagogue lui confia un jour qu’il envisageait de quitter son poste. Il avait de nombreuses raisons valables : le travail était difficile, il n’avait pas suffisamment de temps pour étudier la Torah, et les dirigeants de la communauté ne le traitaient pas bien.
« Si vous étiez venu me voir il y a une semaine, lui dit le rabbin, j’aurais été d’accord avec vous. Je pensais moi-même à démissionner. Mais quelque chose s’est produit la semaine dernière qui m’a fait réfléchir à deux fois avant de quitter cette communauté.
« J’ai un ami avec qui j’ai étudié à la yeshiva. Après notre mariage, nos chemins se sont séparés. Je suis devenu rabbin et lui homme d’affaires. Il a connu le succès pendant de nombreuses années et était assez fortuné, mais ensuite sa chance a tourné. Ruiné, il ne pouvait plus subvenir aux besoins de ses enfants et n’avait certainement pas les moyens de marier sa fille, qui était en âge de l’être.
« Il est donc venu me rendre visite à Lvov, espérant que je pourrais l’aider à collecter de l’argent auprès de notre généreuse communauté. J’étais ravi de le revoir après tant d’années et j’ai accepté de l’aider du mieux que je pouvais. Nous nous sommes rendus à la synagogue pour l’office du soir, après quoi il s’est assis pour étudier la Torah. Je ne voulais pas le déranger, alors je l’ai laissé là, supposant qu’il trouverait son chemin jusqu’à ma maison quand il aurait terminé.
« Il était si fatigué de son voyage qu’il s’est assoupi, et quand il s’est réveillé, il était très tard dans la nuit. Il s’est rendu chez moi, mais nous dormions tous, et le portail était fermé à clé. Errant dans les rues, il rencontra un homme juif vêtu d’habits modernes, qui l’a invité à passer la nuit chez lui. Le lendemain matin, l’homme lui a prêté un talith et des tefiline pour prier, et lui a servi un excellent petit-déjeuner. L’hôte lui a ensuite demandé ce qui l’amenait en ville. Après avoir entendu le récit infortuné de l’homme, il l’a emmené dans son entreprise et a demandé à son comptable combien d’argent ils avaient sur place, somme qu’il a promptement donnée au visiteur.
« Le généreux bienfaiteur l’a ensuite raccompagné hors du magasin en lui souhaitant bonne chance.
« Prenant conscience de l’ampleur de ce qui s’était passé, mon ami a essayé de retrouver l’homme qui l’avait si généreusement aidé, mais en vain. Il est finalement revenu chez moi et m’a raconté ce qui s’était passé.
« Après avoir entendu son histoire, j’ai décidé que si cette ville abritait des gens si bons, humbles et généreux, comment pourrais-je songer à cesser de la servir ? Et si je reste, vous devriez en faire autant. »
En entendant cela, le chamach accepta de rester, accomplissant sa tâche jusqu’à son dernier jour.
Matière à réflexion :
Sommes-nous en proie à des pensées négatives qui nous dissuadent d’accomplir une mitsva ? Pouvons-nous trouver une pensée positive pour nous motiver à continuer ?
Commencez une discussion