Enseigner comme un Chamach

Des affiches colorées étaient alignées sur les murs blancs du palais de justice, et j’ai cherché mon « chef-d’œuvre » parmi les autres affiches du concours pour les écoles secondaires. J’ai repéré mon affiche au dernier rang. Dans le coin, il y avait un petit ruban bleu avec les mots « Deuxième place » écrits dessus. Mon affiche, qui illustrait le droit à la liberté d’expression en Amérique, avait vraiment gagné quelque chose !

Un juge en chair et en os a remis les prix au palais de justice. Il portait même une robe noire et une cravate de juge. Il a appelé mon nom et m’a donné mon tout premier chèque. C’était cool.

Ma prof d’histoire nous avait présenté le concours et nous avait donné deux ou trois heures de cours pour travailler sur nos affiches et elle les avait inscrites au concours pour nous le moment venu. Elle m’avait encouragé à participer, elle avait cru en moi. Et sa foi en moi m’a poussée à être à la hauteur de ses attentes.

L’année dernière, je pensais beaucoup à mes professeurs, et un jour, j’ai décidé de faire des recherches sur eux. Je ne voyais pas le nom de cette enseignante sur la liste du personnel de l’école, alors j’ai fait une recherche sur Google et j’ai découvert qu’elle était décédée d’une leucémie au cours de l’été. En lisant cette nouvelle, des larmes ont coulé sur mon visage, et mon esprit a été inondé de souvenirs.

Un autre de mes professeurs a également quitté ce monde trop tôt : mon professeur de musique au lycée.

Il été vraiment unique. Il était intelligent, spirituel et très sarcastique. Il n’était pas toujours agréable ou gentil, mais il était juste. Il m’a appris qu’être une bonne personne ne signifie pas être « gentil » ; cela signifie avoir à l’esprit les meilleurs intérêts des autres et favoriser leur croissance.

Lorsque j’ai appris que Moïse avait été choisi par D.ieu pour être le chef du peuple juif parce qu’il se souciait de chaque mouton de son troupeau, j’ai pensé à mon professeur de musique.

Je ne sais pas pourquoi mes professeurs sont morts jeunes. Ce que je peux vous dire, c’est qu’ils ont vécu de belles vies. Ils ont utilisé leurs dons et leurs talents et les ont partagés avec les autres. Par leur enseignement et leurs encouragements, ils ont permis aux autres de briller. J’ai appris qu’un grand professeur ne se contente pas d’enseigner la matière, mais qu’il est un exemple de la manière de vivre pleinement sa vie. Un bon professeur ne se contente pas d’éduquer l’esprit, il s’adresse aussi à l’âme.

Mon professeur de musique est décédé au moment de ‘Hanouka. Le mot ‘Hanouka a la même racine que le mot hébreu « ‘hinoukh », qui signifie « éducation ». En pensant à ces éducateurs pendant cette période, je me rends compte que, même si je ne suis plus leur élève, je porte toujours en moi leur professionnalisme, leur passion et leur souci des autres, qui font partie de mes valeurs fondamentales.

La ménorah comporte neuf bougies. Huit de ces bougies représentent chacune une nuit de la fête. Cependant, il y a une bougie qui doit être placée à un autre niveau que les autres. C’est une bougie utilitaire, utilisée pour allumer toutes les autres bougies. On l’appelle le chamach. Le chamach n’est pas une bougie de mitsva comme les autres. Pourtant, elle est importante car elle est l’instrument qui permet à toutes les autres bougies d’accomplir une mitsva.

Les bons professeurs nous incitent à grandir. En attendant de nous le meilleur, ils nous rendent meilleurs. Ils nous donnent l’étincelle qui nous permet de briller.

Chacun d’entre nous a le potentiel d’être un chamach. Nous avons tous la responsabilité de devenir des enseignants et d’avoir un impact sur la vie de quelqu’un d’autre. Nous n’avons pas non plus besoin d’être un expert. Comme l’a dit le Rabbi de Loubavitch, de mémoire bénie, si nous connaissons la lettre aleph, nous devons l’enseigner aux autres.

Tout comme le chamach est généralement placé au-dessus des autres bougies, une personne qui sert les autres, un enseignant, devient grand parce qu’il ou elle utilise un ensemble de compétences supérieures pour rendre les autres grands également.

Mes professeurs ne sont plus là pour enseigner. Ils ne peuvent plus accomplir d’actes terrestres. Mais ils sont toujours mes chamach. L’étincelle qu’ils ont allumée en moi sera toujours là, m’encourageant à apprendre davantage, à faire davantage et à me montrer à la hauteur de mon potentiel.

Je sais que je suis qui je suis aujourd’hui grâce aux enseignants qui m’ont inspirée à devenir la meilleure personne possible.