Lorsque le peuple d’Israël a reçu la Torah, le Midrash dit que Moïse est monté au ciel. Les anges se sont plaints à D.ieu qu’il allait donner ce magnifique cadeau, la Torah, à des êtres humains ! Comment est-ce possible ? La Torah est trop spirituelle et trop sainte pour les êtres humains.
Moïse eut peur des anges, mais D.ieu lui dit de s’accrocher à Son trône. Puis il se mit à poser des questions aux anges, dont certaines étaient : Êtes-vous passés par l’esclavage d’Égypte dont il est question dans la Torah ? Travaillez-vous six jours par semaine pour vous reposer le Chabbat ? Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il dise : Avez-vous un père et une mère ?
Les anges n’ont pas l’expérience des êtres humains. Ils sont déjà intimement liés à D.ieu et n’ont pas besoin de la Torah pour se rapprocher de D.ieu. Les êtres humains, en revanche, ont besoin de la Torah afin d’avoir une relation intime avec D.ieu. Les anges n’ont pas de parents, ils ne peuvent donc pas les honorer. Nous, par contre, en avons.
La conversation que Moïse eut avec les anges donne une idée de la manière dont nous devrions considérer le monde qui nous entoure. La plupart du temps, nous pensons : « Nous avons des parents, nous devons donc les honorer. » C’est vrai, mais il y a une réalité plus profonde. Le monde nous a été donné pour que nous puissions accomplir des mitsvot. Puisque nous devons accomplir la mitsva d’honorer les parents, D.ieu nous a donné des parents. Ou, en d’autres termes, D.ieu nous a donné des parents pour que nous puissions les honorer. D.ieu nous a donné un monde pour que nous puissions nous rapprocher de Lui en faisant des mitsvot.
Il y a une loi spirituelle appelée « honorer les parents », et nous avons reçu des parents pour que nous puissions traduire l’entité spirituelle en une réalité physique. On peut comparer cela à la gravité. La gravité est une force de la nature dans notre monde. Mais tant que quelqu’un ne laisse pas tomber une pomme, nous ne faisons pas l’expérience de cette loi de la gravité. Honorer les parents est une loi spirituelle dans le monde, mais tant que nous n’avons pas de parents, nous ne pouvons pas en faire l’expérience. Et encore une fois, bien sûr, les anges n’ont pas de parents.
En outre, à un niveau encore plus profond, les parents représentent D.ieu dans ce monde.
Une personne passe par plusieurs étapes dans le développement de sa confiance en D.ieu.1
1) Tout d’abord, un nouveau-né a confiance qu’il sera toujours nourri. Le bébé apprend à faire confiance au fait que la nourriture sera toujours là.
2) Ensuite, l’enfant apprend à faire confiance à la personne qui s’occupe principalement de lui, qui est le plus souvent sa mère. Il se rend compte que c’est elle qui l’allaite et le nourrit ; c’est elle qui le change, le baigne et le nourrit.
3) La troisième étape est que l’enfant voit que sa mère fait confiance à son père, alors lui aussi commence à faire confiance à son père.
4) Enfin, l’enfant commence à comprendre que même son père et sa mère dépendent de quelque chose d’autre qu’eux-mêmes : leur patron, l’épicerie ou le gouvernement.
5) Au fur et à mesure que sa compréhension s’approfondit, l’individu finit par se rendre compte que toutes ces choses dépendent de D.ieu.
Dès la naissance, la relation entre l’enfant et son parent est un paradigme de la relation entre une personne et D.ieu. Quelle est la différence entre un père et une mère dans ce paradigme ?
La mère donne la vie. Le plus souvent, la mère est chaleureuse et nourrissante. Elle aime son enfant sans condition, et son enfant l’aime en retour. Le père a tendance à être moins présent, un peu plus distant ; c’est souvent lui qui impose la discipline, qui fixe les règles. L’enfant est souvent en admiration devant son père.
Le début de l’amour de D.ieu commence avec la mère. Le début de la crainte de D.ieu commence avec le père. En faisant l’expérience de ces caractéristiques de D.ieu par l’intermédiaire de ses parents, l’enfant commence à faire l’expérience de la crainte et de l’amour de D.ieu.
Le père ajoute la structure, l’épine dorsale du foyer : la moralité, les règles et la tradition. C’est ce qui fait tenir le foyer. La mère apporte la vie, remplissant la structure d’amour et de vitalité. Elle ajoute de la chaleur et des encouragements. Bien sûr, un père peut certainement apporter chaleur et vitalité au foyer, et une mère peut certainement apporter règles et structure au foyer. Cependant, l’essence de la masculinité est de fournir les fondations, et l’essence de la féminité est de les remplir de contenu.
C’est comme pour un bâtiment : le béton et l’acier sont montés en premier. C’est extrêmement important, car un bâtiment s’écroule sans cela. Mais il a besoin d’isolation, de murs intérieurs et, bien sûr, de meubles et de pièces pour le rendre utile et vivable. Les deux parties sont nécessaires pour pouvoir y vivre.
Nous apprenons la vie et la vitalité des Matriarches. Elles s’occupaient à créer la vie, à assurer la continuité du peuple juif. Elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour produire les tribus de la nation juive.
Nous apprenons la structure des Patriarches. Dans les Pirkei Avot (« L’Éthique de nos Pères »), il est dit : « Le monde repose sur trois choses : la Torah, la avoda (prière/service) et la gemilouth ‘hassadim (bienfaisance) ». Jacob, qui était « un homme de la tente », incarne l’étude de la Torah ; Isaac, dont le caractère était dirigé vers l’intérieur, incarne la prière et le service ; et Abraham, dont la maison était toujours ouverte aux étrangers, incarne la bienfaisance. Ce sont les piliers, la structure de l’identité juive.
Il est intéressant de noter qu’il y a quatre coupes de vin et trois matsas lors du séder de Pessa’h. Le Maharal dit dans son commentaire que cela correspond aux trois patriarches et aux quatre matriarches.
Le vin est spirituel en ce sens qu’il est l’une des rares matières qui s’améliorent avec l’âge. Nous utilisons le vin pour élever chaque occasion à un niveau de sainteté. Nous faisons le Kiddouch le Chabbat et les jours de fête ; nous utilisons le vin lors d’une brit mila et à la ‘houppa d’un mariage. Le vin est porteur de vie ; il est rouge. Il est chair et sang, représentant les femmes, les matriarches qui ont donné naissance au peuple juif.
La matsa est le type de pain le plus simple qui puisse être fabriqué : de la farine et de l’eau. La matsa représente la peau et les os. Ceci est représentatif de la masculinité : faire naître la structure de base. Le peuple juif ne pourrait pas exister sans le cadre que nos patriarches ont établi.
La chair et le sang ne peuvent exister sans la peau et les os. La peau et les os ne peuvent exister sans la chair et le sang. L’image du père et l’image de la mère jouent toutes deux un rôle vital. De plus, en honorant le père et la mère, nous apprenons à nous connecter et à développer une relation avec D.ieu. Nous apprenons à aimer et à craindre notre Créateur.
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