Un jour, le Baal Chem Tov reçut du ciel la révélation qu’un homme simple, appelé Moché le Berger, servait D.ieu, béni soit-Il, encore mieux que lui. Il désirait ardemment rencontrer ce berger, il ordonna donc que l’on attelle ses chevaux à sa calèche et il se rendit, avec quelques-uns de ses disciples, à l’endroit où il lui avait été révélé que le berger vivait.

Ils s’arrêtèrent dans un champ au pied d’une colline, et virent, sur le flanc de la colline qui les surplombait, un berger qui soufflait dans sa corne pour appeler son troupeau. Après que les moutons se soient rassemblés auprès de lui, il les conduisit à un abreuvoir proche pour qu’ils boivent. Pendant qu’ils s’abreuvaient, il leva les yeux au ciel et se mit à crier à haute voix : « Maître du monde, Tu es si grand ! Tu as créé le ciel et la terre, et tout le reste ! Je suis un homme simple, je suis ignorant et inculte, et je ne sais pas comment Te servir ou Te louer. J’ai été orphelin dans mon enfance et j’ai été élevé parmi les gentils, je n’ai donc jamais appris la Torah. Mais je peux sonner de toutes mes forces ma corne de berger comme un chofar, et crier : “L’Éternel est D.ieu !” » Après avoir soufflé de toutes ses forces dans la corne, il s’effondra sur le sol, sans une once d’énergie, et resta immobile jusqu’à ce que ses forces reviennent.

Puis il se releva et dit : « Maître du monde, je ne suis qu’un simple berger, je ne connais pas la Torah, et je ne sais pas prier. Que puis-je faire pour Toi ? La seule chose que je sais faire, c’est chanter des chansons de bergers ! » Il se mit alors à chanter fort et avec ferveur, de toutes ses forces, jusqu’à ce que, de nouveau, il tombe à terre, épuisé, sans une once d’énergie.

Après avoir récupéré, il se releva et se mit à crier : « Maître du monde ! Que vaut-il que je souffle dans ma corne et que je chante des chansons pour Toi, alors que Tu es si grand ? Que puis-je faire de plus pour Te servir ? » Il s’arrêta un moment puis dit : « Il y a autre chose que je sais faire, et je le ferai pour Ton honneur et Ta gloire ! » Il se renversa alors sur la tête et se mit à agiter sauvagement ses pieds en l’air. Puis il fit des sauts périlleux l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’il s’effondre sur le sol, épuisé. Le Baal Chem Tov et ses disciples regardaient tout cela de loin, avec étonnement.

Le berger demeura allongé en silence jusqu’à ce que ses forces reviennent. De nouveau, il se mit à parler et dit : « Maître du monde, j’ai fait ce que j’ai pu, mais je sais que ce n’est pas assez ! Que puis-je faire de plus pour Te servir ? » Après avoir fait une pause pour réfléchir, il dit : « Hier, le noble qui possède le troupeau a fait un festin pour ses serviteurs, et à la fin, il a donné à chacun de nous une pièce d’argent. Je Te fais cadeau de cette pièce, ô D.ieu, car Tu as tout créé et Tu nourris toutes Tes créatures, y compris moi, Moché le petit berger ! » En disant cela, il lança la pièce de monnaie vers le haut.

À ce moment-là, le Baal Chem Tov vit une main apparaître dans le ciel pour recevoir la pièce. Il dit à ses disciples : « Ce berger m’a appris comment accomplir le verset : “Tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.” »