Il était temps que le jeune marié, Yéhouda Eisel Tseitlin, sorte et gagne sa vie. Ayant étudié à la yéshiva jusqu’alors, il pensait que son chemin professionnel lui permettrait de continuer à progresser dans l’étude de la Torah, peut-être en tant qu’enseignant de Torah.

Ne sachant pas comment procéder, il se rendit auprès du deuxième Rabbi de ‘Habad, Rabbi Dovber de Loubavitch. Mais des centaines d’autres personnes s’étaient également rassemblées et faisaient la queue pour rencontrer le Rabbi. Yéhouda Eisel n’eut donc que quelques secondes pour laisser échapper sa question : « Quel métier devrais-je faire ? »

Le Rabbi le regarda droit dans les yeux et dit : « Ouvre un magasin. »

Le Rabbi le regarda droit dans les yeux et dit : « Ouvre un magasin. »

Avant que le jeune homme n’ait pu dire un mot, quelqu’un le poussa par derrière, et il se retrouva bientôt à l’extérieur.

Yéhouda Eisel s’arrêta pour réfléchir aux paroles du Rabbi. Était-il vraiment fait pour diriger une entreprise ? Pouvait-il passer des heures sans étudier la Torah ? Il s’entretint avec ses amis proches et ceux-ci lui conseillèrent de présenter à nouveau sa question au Rabbi, prenant cette fois le temps d’expliquer son hésitation.

Quelques jours plus tard, Yéhouda Eisel eut l’occasion d’approcher le Rabbi et de lui poser sa question.

« Ne te l’ai-je pas déjà dit ?, répondit le Rabbi avec une pointe d’impatience. J’ai dit d’ouvrir un magasin, mais tu veux être enseignant. Je comprends que tu sois réticent à te couper de “l’arbre de vie” de l’étude de la Torah. Voici une parabole qui peut t’aider à comprendre :

As-tu entendu parler de la ville de Shklov ?, demanda le Rabbi. De nombreux marchands importants y habitent. Et de la ville de Leipzig ? La ville où se tient une foire marchande pendant neuf mois de l’année ? Cela te dit certainement quelque chose.

Pour un commerçant de Shklov, il faut un mois entier pour se rendre à Leipzig et un autre mois pour en revenir. Par nécessité, le commerçant est absent de Shklov pendant 11 mois : neuf à la foire et deux sur la route. Alors, pourquoi continue-t-on à l’appeler un marchand de Shklov ? S’il est à Leipzig pendant si longtemps, il semble qu’il conviendrait de l’appeler un marchand de Leipzig !

Mais quel est le but réel de cet interminable séjour à Leipzig ? Tout le travail qu’il accomplit pendant ces neuf mois est uniquement dans le but de réussir le mois qu’il passe chez lui à Shklov à vendre ses marchandises. »

Le Rabbi marqua une pause.

« Cette logique s’applique également à toi : si tu réalises que la journée entière que tu passes dans le magasin n’a pour seul but que tu puisses passer une heure à étudier, tu ne perdras jamais le contact avec la Torah. »