Question :
Je trouve que les messages du judaïsme sur le cœur et l’esprit sont contradictoires. Les Sages nous encouragent à ce que l’esprit gouverne et guide le cœur. Ensuite, ils nous disent que « D.ieu désire le cœur ». Quel est le bon enseignement ?
Réponse :
En fait, il y a un esprit et deux cœurs. Il y a le cœur extérieur, la partie de nous qui réagit au monde, toujours en quête de ce qui lui plaît, fuyant tout ce qui lui déplaît et aboyant devant tout ce qui lui semble devoir être attaqué. Et puis il y a le cœur intérieur, dans lequel le feu de l’âme brûle dans une simplicité sereine, attendant que nous attisions ses flammes.
Il existe une porte vers le cœur intérieur et sa clé est l’esprit. Sans l’esprit, il est beaucoup trop facile de se leurrer, de croire que l’on est sincère et sérieux, alors qu’en vérité on est dirigé par un cœur égocentrique. Trop souvent, nous voyons des gens justifier un comportement totalement contraire à l’éthique en disant : « Mon cœur m’a dit que c’était ce qui est juste. » Mais le cœur qu’ils ont écouté était le cœur animal qui aboie dans la forêt. Souvent, il aboie si fort que le cœur intérieur ne peut pas être entendu.
Ce qui explique pourquoi nous avons besoin de l’esprit : pour nous reposer et contempler, pour nous concentrer sur la profondeur de ce que notre cœur intérieur nous dit, jusqu’à ce que sa voix puisse être entendue, fort et limpide.
Bien sûr, beaucoup demeurent bloqués à la porte, incapable d’aller de l’avant, comme si la porte était elle-même devenue l’objectif.
Rabbi Zev Wolf de Nikolaïev l’a exprimé dans une parabole. Il a parlé d’un roi qui, lors d’une fête bien trop arrosée, annonça qu’un certain jour, n’importe quel sujet de son royaume pourrait venir prendre ce qu’il voulait du trésor royal. Le lendemain matin, cependant, il recouvra sa sobriété et n’arrivait pas à croire ce qu’il avait fait. Heureusement pour lui, ses sages conseillers conçurent un plan pour le sortir de ce mauvais pas.
Au jour fixé, les portes de la cour du palais s’ouvrirent et les milliers de personnes qui avaient campé là toute la nuit affluèrent à l’intérieur. Pourtant, quelques secondes plus tard, ils étaient tous déconcertés. La musique la plus magnifique qu’ils avaient jamais entendue flottait dans l’air, tandis que des oiseaux exotiques volaient d’un arbre en fleurs à l’autre. Les visions, les odeurs, et, surtout, le son de l’exquise musique qui pénétrait dans leurs oreilles les saisissaient comme s’ils avaient été drogués, et ils étaient tous incapables d’aller plus loin.
Tous, à l’exception d’un jeune homme perspicace. Il avait bouché ses oreilles avec du coton et allait et venait, remplissant sa brouette avec des objets précieux.
« Fous que vous êtes ! cria-t-il. Ceci est seulement la cour ! Le véritable trésor qui vaut bien plus que tout cela se trouve plus loin ! »
Le trésor du palais, expliqua Reb Zev Wolf, c’est le cœur intérieur. La cour, c’est l’esprit avec tous ses jeux. Arpentez la cour, mais sachez que votre destination se trouve plus loin...
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