Vous avez entendu parler de Rabbi Akiba, le grand Sage de la Michna qui ne comptait pas moins de vingt-quatre mille étudiants. De ces derniers nous nous souvenons particulièrement à Lag Baomer. Saviez-vous qu’il fut aussi marchand de diamants et de pierres précieuses ? Quand il eut accédé à la célébrité et aux honneurs, son beau-père Calba Savoua, l’un des trois hommes les plus riches de Jérusalem, lui fit don de toute sa fortune, et ce, pour effacer ses torts envers Akiba quand celui-ci, berger pauvre et ignorant, était à son service. Ainsi, de temps en temps, afin de gagner sa vie, Rabbi Akiba achetait-il pour les revendre des diamants et des pierres précieuses.
Voici une histoire sur un étrange client qui voulut un jour lui acheter une perle. Rabbi Akiba connaissait l’homme et l’avait toujours pensé fort dépourvu de ressources. Il allait pauvrement vêtu et, au Beth-Hamidrache, s’asseyait parmi les plus humbles. « Je t’achèterais bien cette perle, dit-il à un moment, et je te paierais le prix que tu m’en demandes. Mais je n’ai pas d’argent sur moi. Si tu voulais avoir l’obligeance de venir à la maison avec moi, je me ferais un plaisir de m’acquitter de ce que je te dois. »
Rabbi Akiba, encore tout à sa surprise, crut à une plaisanterie. Néanmoins, il décida d’accompagner le client. Comme ils arrivaient à la maison du « pauvre », de nombreux serviteurs vinrent respectueusement à leur rencontre, s’affairant autour de leur maître. Ils lui présentèrent un siège doré et lui lavèrent les pieds qu’avait salis la poussière de la rue. Il demanda à l’un d’eux d’aller chercher le coffret où il gardait son argent, et paya Rabbi Akiba le prix de la perle. Ceci fait, il ordonna à l’un des serviteurs de réduire celle-ci en poudre fine. Rabbi Akiba passait de surprise en surprise. « Tu as payé un prix élevé pour cette si précieuse perle, dit-il à l’homme, et voilà que tu la fais piler. J’avoue que je ne comprends pas. »
– Je vais t’expliquer, cher Rabbi, répondit le client. J’achète des perles et les réduis en poudre fine ; je mélange celle-ci à certains remèdes que je donne aux pauvres. Ceci dit il donna l’ordre de dresser la table et invita le rabbin.
Le repas achevé, Rabbi Akiba dit à son hôte : « Je vois que tu es fort riche ; pourquoi alors t’habilles-tu si pauvrement ? Pourquoi prends-tu place parmi les plus déshérités comme si tu étais l’un d’eux ? »
– Nos grands Sages nous répètent toujours que D.ieu n’aime pas les orgueilleux. D’autre part, comment serais-je fier d’être riche ? Qu’est-ce donc la vie de l’homme, que sont donc ses richesses sinon une ombre fugitive ? Aujourd’hui je suis en vie ; le serais-je encore demain ? Je suis riche aujourd’hui, mais demain ? Peut-être serais-je pauvre ; dans ce cas je n’aurai aucune peine à trouver ma place parmi les pauvres. À éviter de monter très haut, ma chute ne sera que moins brutale. Je m’empresse d’ajouter que cette attitude n’affecte que moi personnellement. Car, s’agirait-il de faire la Tsedaka ou de soutenir des institutions de Torah, vous ne trouveriez pas en face de vous un homme démuni, bien au contraire. J’aime seulement pouvoir le faire sans bruit, je ne cherche pas les honneurs.
Rabbi Akiba bénit l’homme, lui souhaitant de vivre de longues années encore et de demeurer riche pour le reste de ses jours afin qu’il continuât à faire le bien avec la noblesse de sentiment qui le caractérisait.
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