Il n’est pas dans la coutume des ‘Hassidim de Loubavitch d’écrire des éloges funèbres pour un défunt ; cependant, on suggère de raconter des histoires de sa vie afin d’inspirer ceux qui restent et qui souhaitent perpétuer sa mémoire à travers ses actions méritantes qui demeurent une source constante d’inspiration.

C’est pourquoi j’ai souhaité vous faire part d’une histoire qui s’est passée avec Rav Chalom Mendel Kalmenson, de mémoire bénie, qui nous a quittés récemment, une histoire que vous n’avez sans doute jamais entendue, et que peut-être lui-même ne connaissait pas jusqu’au bout...

Au tout début des années 90, alors que le communisme vacillait déjà, mais n’était pas encore tombé complètement en Union Soviétique, l’organisation ‘Hama organisa une colonie de vacances dans la ville de Gorki. Sachant que nombre d’enfants n’étaient pas circoncis, nous avions invité Rav Chalom Mendel Kalmenson de Paris, dont la longue expérience dans ce domaine était connue de tous, afin qu’il effectue cette opération sur une cinquantaine d’enfants ainsi que sur quelques adultes. Tout se passa de la meilleure façon possible, à la grande satisfaction des enfants et de leurs parents.

Sur le chemin du retour, Rav Kalmenson passa par Moscou et se rendit au quartier général de l’organisation ‘Hama qui venait d’être inauguré. Il transmit son rapport puis se prépara à reprendre l’avion.

‘Hama ne possédait pas encore de voiture. La directrice d’alors s’appelait Greta Alinson. C’était une femme remarquable, issue d’une famille de savants qui avait mis au point le carburant liquide pour les fusées. D’ailleurs, ces chercheurs avaient été proches du pouvoir à l’époque et avaient même côtoyé Staline et Béria, de sinistre mémoire. Le fils de Greta, Alexandre, était lui aussi un savant réputé, doté d’une mémoire phénoménale et d’un cerveau brillant. Comme il possédait une voiture, on lui demanda d’accompagner Rav Kalmenson à l’aéroport. Comme on le sait, Rav Kalmenson était né en Russie et parlait parfaitement le russe. Il était en outre doté d’un caractère agréable et savait établir des relations de confiance. Dans la voiture, ils firent connaissance et Alexandre, comprenant que Rav Kalmenson était un homme droit, un homme de principes et vraisemblablement un homme de bon conseil, se confia à lui : il était marié depuis six ans et n’avait toujours pas d’enfant. Rav Kalmenson lui demanda avec toutes les précautions d’usage si son épouse était juive et il répondit : « Bien sûr ! Ses deux parents sont juifs ! »

Rassuré, Rav Kalmenson lui dit alors : « Écoutez, le Rabbi de Loubavitch conseille à chaque fois de mettre les Téfilines. »

Intrigué, Alexandre demanda de quoi il s’agissait et Rav Chalom Mendel lui expliqua et ajouta : « Quand nous arriverons à l’aéroport, je vous montrerai des Téfilines et je vous aiderai à les mettre. »

Effectivement, quand ils arrivèrent à l’aéroport, Rav Kalmenson sortit ses Téfilines de son porte-documents et Alexandre put ainsi mettre les Téfilines pour la première fois de sa vie et devenir... Bar-Mitsva. « Parlez-en à Rav Karpov, continua Rav Kalmenson, le Rav de l’organisation ‘Hama à Moscou, afin qu’il vous procure des Téfilines que vous pourrez ainsi mettre chaque jour. »

Alexandre qui était un homme d’action remercia chaleureusement Rav Kalmenson, lui souhaita bon voyage et se mit immédiatement à la recherche de Rav David Karpov, très étonné, mais évidemment heureux de voir combien Alexandre tenait déjà à cette Mitsva si importante.

C’est ainsi qu’Alexandre tint sa promesse et mit tous les jours les Téfilines. Peu après, sa femme tomba enceinte.

Bien que lui-même et toute sa famille fussent des gens « éclairés » et absolument athées, Alexandre déclara à sa mère : « Maman, tu peux raconter ce que tu veux, mais moi je suis sûr d’une chose : c’est grâce au fait que je mets les Téfilines chaque jour que ma femme attend enfin un enfant. Et j’ai pris l’engagement de continuer à le faire chaque jour de ma vie ! »

C’est là une des innombrables bonnes actions de ce véritable ‘hassid que fut Rav Chalom Mendel Kalmenson. Sans doute les membres de sa famille et de sa communauté peuvent-ils raconter encore bien d’autres histoires, mais sans doute aussi nombre d’entre elles ne leur sont pas encore connues tant il était discret et humble.

Que son souvenir soit béni, puisse sa famille ne connaître dorénavant que des joies véritables dans tous les domaines jusqu’à la venue du Machia’h !

H. Zaltz