Nous étions à Bar, dans le Monténégro. La rencontre avait commencé comme toutes les autres. Jasa nous avait invités à entré, et nous avons discuté avec lui pendant plus d’une heure. Puis nous lui avons proposé de mettre les Téfilines.
« Que diriez-vous de mettre les téfilines ? » ai-je demandé. Il accepta avec enthousiasme.
Après avoir enroulé les lanières autour du bras et de la tête de Jasa, j’ai demandé à Hillel de me passer le sidour (livre de prières) qu’il gardait toujours dans sa poche. Mais cette fois-là, il l’avait laissé dans la voiture.
« Ne vous inquiétez pas, dit Jasa. J’ai un sidour ! » Et le voilà parti dans la pièce à côté pour le ramener. Alors que j’en tournai les pages pour trouver la prière du « Chéma », une photo jaunie du Rabbi de Loubavitch en tomba. Après sa courte prière – et s’être aussi fait un peu prier de notre part –, il nous raconta l’histoire suivante.
Je suis né en Serbie et j’ai immigré en Israël dans les années soixante. Mon premier enfant était un garçon et, quand il avait quatorze ans, il est revenu un jour à la maison en se plaignant d’une douleur dans la jambe. Je lui ai dit que c’était probablement une petite contusion due à son entraînement intensif au tennis, et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Quelques semaines passèrent et la douleur ne faisait qu’empirer au point qu’un vendredi après-midi il en était à se rouler par terre tant il souffrait ! J’ai décidé qu’il était temps de l’amener à l’hôpital.
Après lui avoir fait passer une radio, le médecin sorti et nous dit, à mon épouse et à moi, qu’il avait besoin de consulter quelques professeurs. Nous devions laisser notre fils passer la nuit à l’hôpital et, à notre retour le lendemain, il serait en mesure de nous donner un diagnostic. Ceci nous rendit très nerveux, mais que pouvions-nous faire ? Nous partîmes à contrecœur, espérant entendre des bonnes nouvelles le lendemain.
À notre arrivée le lendemain, nous fûmes immédiatement introduits dans le bureau du médecin. Il nous informa qu’on avait trouvé une grosse tumeur dans la jambe de notre fils et que celle-ci s’étendait rapidement. Le seul espoir qu’il puisse vivre était d’amputer sa jambe. Ma femme devint hystérique. Elle éclata en sanglots et saisit immédiatement le stylo pour signer le formulaire d’acceptation de l’opération. Je déclarai pour ma part que je devais réfléchir quelques minutes et je sortis pour prendre de l’air. Je décidai de téléphoner à ma mère pour avoir son avis. Elle m’écouta attentivement puis déclara d’un ton ferme : « Si D.ieu le veut, il vivra avec deux jambes. N’amputez pas. » « Mais le médecin a dit qu’il mourra s’il n’est pas amputé ! » « Si D.ieu veut, il vivra avec deux jambes. » Je suis retourné à l’intérieur, la voix de ma mère raisonnant encore dans ma tête et j’ai dit au docteur que nous refusions l’amputation.
Le médecin pensa que j’étais fou. Il était catégorique sur le fait qu’il fallait absolument l’amputer sinon il mourrait quelques semaines. Mais, après ce que ma mère avait dit, je ne pouvais pas me permettre de donner cette autorisation. Finalement, il renonça, nous disant : « C’est votre fils, c’est à vous de choisir. Mais nous devons quand même faire une biopsie. » Après la biopsie, il me dire qu’il serait préférable de transférer mon fils dans un plus grand hôpital, avec un service d’oncologie. Toutefois, comme le protocole stipulait qu’il devait rester sur place au moins une semaine, le transfert fut donc planifié pour le vendredi suivant.
Tout mon monde semblait s’être écroulé. Mon fils était étendu dans son lit de mort... ma vie n’avait plus de sens. Je déambulais hébété, je ne dormais plus, je ne mangeais plus, je ne pensais plus. Le mardi, je retournai au travail, et j’y continuais à erre sans but. Je travaillais pour ce qui s’appelait la « Lichka », un département du Ministère de la Sécurité israélien. J’avais un collègue qui était un ‘hassid de Vijnitz. Remarquant que j’étais préoccupé, il me demanda ce qui se passait. Quand je lui eu fit part de la situation, il sortit cette photo du Rabbi et inscrivit un numéro de téléphone au dos. Il m’expliqua qu’il pouvait être difficile de joindre le Rabbi, mais que notre bureau disposait d’une ligne privée vers le bureau du Rabbi, que nous utilisions pour demander des conseils et des bénédictions pour diverses opérations. Il me conseilla d’appeler et de demander une bénédiction.
J’ai appelé le numéro et un homme avec une voix très douce répondit « hello ». (C’était le Rav Hodakov, le secrétaire personnel du Rabbi.) Je lui racontais toute l’histoire et je lui demandais que le Rabbi prie pour mon fils. Il me répondit : « Rappelez-moi vendredi matin avec des bonnes nouvelles » et il raccrocha. J’ai cru qu’il était fou. Le médecin affirmait que mon fils serait mort dans quelques semaines et lui me demande de rappeler vendredi avec de bonnes nouvelles et il raccroche tout simplement ?
Je retournai à l’hôpital le vendredi et le médecin dit qu’avant le transfert, il fallait faire une nouvelle radio, de sorte que le nouvel hôpital dispose d’une image récente, puisque la précédente datait déjà d’une semaine. Je poussais le fauteuil roulant de mon fils, désormais frêle et émacié, dans la salle de radio. Après avoir fait l’examen, le technicien sortit et se mit à me crier dessus : « Vous ne devriez pas prendre des choses aussi sérieuses à la légère ! Pourquoi prétendez-vous qu’il a le cancer alors qu’il n’a aucun problème ?! »
« Je ne sais pas de quoi vous parlez, lui ai-je dit avec exaspération. Mon fils a le cancer. Vous pouvez demander vous-même au médecin. » Il répondit que la radio était propre, sans aucune trace de tumeur !
Nous retournâmes ensemble chez le médecin, mais il ne voulut pas croire le technicien. Il refit lui-même une radio. Quand il vit le résultat, il ne pouvait toujours pas y croire, et déclara qu’il fallait ouvrir la jambe pour trouver la tumeur. À peine une semaine plus tôt, la tumeur ressemblait à un soleil sur la radio, large et brillant, avec des excroissances qui en émanaient comme des rayons. Il ouvrit toute la jambe de mon fils, depuis la cheville jusqu’à la hanche, mais ne trouva qu’une petite pierre, sans aucune cellule vivante ! Le médecin stupéfait recousit la jambe et nous expliqua que les fils tomberaient d’eux-mêmes d’ici environ deux mois. Mais deux semaines plus tard, tous les fils étaient déjà tombés et mon fils marchait normalement.
Bien entendu, je rappelai immédiatement le bureau du Rabbi. La même voix douce répondit « hello ». Je le remerciais et l’informait du miracle qui était survenu. « Todah » (merci) répondit-il et il raccrocha.
Hillel et moi-même étions stupéfaits d’entendre une telle histoire. Alors que nous nous levions pour prendre congé, Jasa nous retint : « Oh, j’ai oublié de vous raconter comment tout cela a commencé ! »
« Quand mon fils a atteint l’âge de treize ans, j’avais demandé à ce même collègue où je pourrais lui acheter des téfilines. Il m’avait dit qu’il connaissait un scribe craignant D.ieu à Kfar ‘Habad et que c’est là-bas que je devrais acheter des téfilines. Mais j’étais paresseux et au lieu de me shlepper à Kfar ‘Habad, je suis parti au shouk (marché) de Tel-Aviv et j’y ai acheté une paire de téfilines. Après cette histoire, j’ai amené les téfilines au scribe à Kfar ‘Habad pour qu’il les vérifie. Les mots « ...afin que ta vie et celle de tes enfants soient rallongées... » n’étaient pas formés correctement, ce qui rendait les téfilines non-cachères.
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