De même qu’il existe des lieux sacrés, véritables portails spatiaux par lesquels transparaît une forme de transcendance, il existe aussi des temps sacrés, des points lumineux dans le cycle annuel, des moments où nous sommes élevés au-delà du temps, loin au-dessus du monde profane et de tous ses soucis.
Le Chabbat est le jour où le cycle hebdomadaire se transcende lui-même. Vient ensuite Yom Tov, littéralement « un bon jour », chaque Yom Tov représentant le point culminant de l’année d’une manière qui lui est propre, avec sa signification, son message et sa saveur spécifiques.
Ces jours-là, la Torah proscrit le travail. En ce temps sacré, le travail ou toute implication dans les aspects profanes de la semaine altéreraient cette sainteté et en occulteraient la lumière. Mais le « travail » est défini quelque peu différemment pour Yom Tov que pour le Chabbat, comme nous le verrons.
Comment célébrer Yom Tov
Il existe une autre différence entre Chabbat et Yom Tov. Pendant Chabbat, nous sommes tenus d’honorer le jour et d’en profiter. À Yom Tov, outre l’honneur et le plaisir, nous célébrons également avec joie, comme le dit la Torah : « Et tu te réjouiras pendant ta fête... et tu ne seras que joyeux. »1
Au total, six jours dans l’année sont appelés Yom Tov :
- Le premier jour de Pessa’h – plus le deuxième jour en diaspora.
- Le septième jour de Pessa’h – plus le huitième jour en diaspora.
- Chavouot, qui dure un jour en Israël, deux jours en diaspora.
- Roch Hachana, qui dure deux jours tant en Israël qu’en diaspora.
- Le premier jour de Soukkot – plus le deuxième jour en diaspora.
- Chemini Atséret et Sim’hat Torah. En Israël, ces deux fêtes n’en font qu’une. En diaspora, ce sont deux jours consécutifs. Elles suivent immédiatement les sept jours de Soukkot.
Vous vous demandez peut-être : « Et Yom Kippour ? » C’est une catégorie à part. C’est un jour spécial comme Yom Tov, mais nous ne pouvons pas l’honorer avec de la nourriture et des boissons, alors nous l’honorons avec de beaux vêtements et l’allumage des bougies avant son début. En ce qui concerne le travail, c’est exactement comme Chabbat.
Vous pouvez consulter notre section sur les fêtes juives pour plus d’informations sur chaque fête en particulier. Cet article traite des règles communes à chaque Yom Tov.
Le respect du deuxième jour de Yom Tov en diaspora n’est pas une institution biblique. Mais pour cette raison même, il a été décidé que nous devons être tout aussi stricts sur tous les aspects du deuxième jour que sur le premier.2 Il y a une psychologie intéressante derrière cette décision : on estimait que si les gens traitaient le deuxième jour de Yom Tov avec moins d’égards, ils finiraient par l’ignorer complètement.
Que faire si vous vivez en dehors d’Israël, mais que vous visitez Israël pour la fête, ou vice versa ? Combien de jours devez-vous observer ? Cela dépend de divers facteurs. Il est préférable d’en discuter avec votre rabbin orthodoxe.
Passons maintenant à la grande question : Qu’est-ce exactement que l’honneur, le plaisir et la célébration ? Pour différentes personnes, tout cela peut signifier des choses différentes. Pour que nous puissions célébrer en tant que communauté, nos sages ont établi certaines lignes directrices :
L’honneur
Honorer Yom Tov implique de se faire couper les cheveux avant son commencement, afin de se présenter sous son meilleur jour. Cela inclut également prendre une douche ou un bain chaud, se laver les cheveux et se couper les ongles – tout comme on le fait avant Chabbat. Et tout comme pour Chabbat, c’est une mitsva de préparer la ‘hallah à la maison la veille de Yom Tov.3
Honorer Yom Tov implique également de s’abstenir de prendre un repas en fin d’après-midi, le jour qui précède la fête. L’idée est d’avoir de l’appétit lorsque Yom Tov commence, afin de pouvoir honorer le jour avec un festin approprié. La fin d’après-midi signifie le dernier quart de la journée, environ trois heures avant le coucher du soleil.4
La joie
Également appelée plaisir. On doit prendre deux repas chaque jour de Yom Tov : un le soir et un autre pendant la journée. Le Chabbat, il y a un troisième repas, mais cela ne s’applique pas à Yom Tov.5
Un repas, dans le lexique juif, signifie du pain de blé, d’épeautre, de seigle, d’avoine ou d’orge. Les sages savaient qu’une personne n’est pas rassasiée par une quantité de pain inférieure au volume d’un œuf – ce qui représente environ 60 grammes pour la plupart des pains. À Yom Tov, vous devez manger au moins un peu plus que cela, pour vous assurer qu’il s’agit d’un festin et non d’une collation.6
Nous faisons le kiddouch sur le vin, tout comme nous le faisons pour Chabbat. Mais les hommes doivent boire un verre de vin supplémentaire au cours de chaque repas.7 Les femmes peuvent le faire aussi, mais n’y sont pas obligées. Pourquoi cette différence ? Nous y reviendrons dans la section sur la « Célébration ». Dans tous les cas, faites de chaque repas un repas spécial avec de la viande, du vin et des spécialités fines selon vos moyens.8
En général, les sages ont conseillé de dépenser généreusement et de ne pas être parcimonieux s’agissant des achats de Yom Tov. Ils ont garanti un remboursement intégral de toutes ces dépenses, affirmant que les revenus d’une personne sont fixés chaque année à Roch Hachana, à l’exception de ce que vous dépensez pour Chabbat et Yom Tov. Avec ceux-ci, si vous dépensez moins, vous recevez moins, et si vous dépensez plus, vous recevez plus.9
La célébration
Nous célébrons non seulement Yom Tov, mais aussi les jours intermédiaires. Pessa’h dure sept jours au total – huit en diaspora – et commence et se termine par un Yom Tov. Soukkot dure sept jours, commençant par Yom Tov et suivi d’un autre Yom Tov appelé Chemini Atséret. Les jours intermédiaires sont appelés ‘Hol Hamoed, ce qui signifie à peu près « jours de semaine de la fête ». Ces jours-là, le travail n’est pas interdit de la même manière que Yom Tov, comme l’explique notre article sur ‘Hol Hamoed. Mais ce sont quand même des jours de célébration et de joie.
La joie se manifeste notamment par la distribution de friandises aux enfants. Elle se traduit également par l’acquisition de nouveaux vêtements et de bijoux pour les femmes – naturellement, dans la limite de ses moyens. À l’époque où le Temple se dressait à Jérusalem, les hommes célébraient en mangeant la viande qu’ils avaient offerte sur l’autel. Aujourd’hui, alors que nous n’avons actuellement pas de Temple, les hommes remplissent leur obligation avec du vin, comme le dit le psaume : « le vin réjouit le cœur de l’homme ».10 Mais l’on accomplit toujours une mitsva en mangeant de la viande à Yom Tov : puisque nous ne pouvons pas célébrer avec la viande de l’autel, nous célébrons la fête avec de la viande casher ordinaire.11
Roch Hachana se distingue quelque peu des autres Yom Tov, étant principalement un jour de jugement et de crainte révérencielle. Néanmoins, nous profitons d’un bon repas à la fois le soir et le jour, célébrant avec confiance que D.ieu nous accordera une nouvelle année douce et abondante.12 La réjouissance doit néanmoins être modérée, et nous veillons à ne pas nous rassasier excessivement lors du repas, afin de maintenir l’atmosphère solennelle de la journée.13
En général, célébrer Yom Tov signifie porter le repas au-delà du standard du Chabbat, avec tous les aliments spéciaux que nous apprécions le plus, et en plus grande quantité. Cela signifie aussi s’habiller encore mieux que pour Chabbat.14
Néanmoins, la journée n’est pas censée être passée uniquement à festoyer et à boire. Certes, la Torah dit que c’est une fête pour nous, mais elle l’appelle aussi un jour spécial pour D.ieu. Nous devons donc partager cela à parts égales. La première moitié de la journée est consacrée à l’étude de la Torah, à la méditation et à la prière. Ensuite, dans l’après-midi, nous avons le temps de faire notre festin, et peut-être une sieste et une promenade. Puis, retour à la synagogue pour les prières de l’après-midi et du soir.15
Au moment où vous mangez et buvez, gardez ceci à l’esprit : célébrer Yom Tov est une mitsva. C’est un acte divin de manger, boire et être heureux. Cela étant dit, il est logique qu’il y ait une certaine dignité dans cette joie. Ce n’est pas une joie du type « ripaille et beuverie ». C’est la joie de partager du temps avec la famille et les invités de manière inspirée. Cela n’arrive que si vous vous préparez à l’avance. Ayez quelques histoires juives à raconter, appropriées pour les enfants et les invités. Préparez quelque chose sur un sujet de Torah qui suscitera la discussion. Évitez de parler des gens, tenez les sujets déprimants à l’écart et concentrez-vous sur le maintien d’un esprit édifiant et inspirant.
Il y a une autre mise en garde. Comme l’écrit Maïmonide :
« Quand il mange et boit [à Yom Tov], il est obligé de nourrir l’étranger, l’orphelin et la veuve, ainsi que les autres indigents pauvres... Celui qui ferme les portes de sa cour, cependant, et mange et boit avec ses enfants et sa femme, et ne nourrit pas et ne donne pas à boire aux pauvres et aux personnes malheureuses – ce n’est pas la joie d’une mitsva, mais la joie de son estomac... »16
Ce qui est permis et ce qui ne l’est pas à Yom Tov
La version courte :
Si c’est interdit le Chabbat, c’est très probablement interdit à Yom Tov. Cela inclut l’allumage ou l’extinction d’appareils électriques, conduire une voiture, le fait d’aller travailler, de manipuler de l’argent et d’écrire. Les principales différences entre les deux sont la cuisson des aliments, l’allumage d’un feu à partir d’une flamme préexistante, et porter des objets dans le domaine public. Tout cela est permis à Yom Tov – bien qu’avec certaines restrictions décrites ci-dessous.
La version longue :
À Yom Tov, comme le Chabbat, c’est une mitsva de s’abstenir de travailler. Ainsi, par cette simple abstention, vous accomplissez une mitsva et contribuez à la sanctification du jour. À l’inverse, travailler ne se résume pas à renoncer à la mitsva ; c’est une transgression qui porte atteinte à cette sainteté et la profane.
Mais il y a une différence entre le travail le Yom Tov et le travail le Chabbat. Voici comment la Torah le formule :
« Aucun travail ne sera fait, mais ce qui est mangé par toute personne, cela seul peut être fait pour vous. » (Exode 12,16)
Qu’est-ce que le « travail pour la nourriture » ?
Comment se définit le travail effectué en vue de « ce qui est mangé par toute personne » ? Imaginez un scénario où chacun déciderait pour soi. Une personne pourrait décider qu’elle a besoin d’aller faire des courses pour acheter de la nourriture. Une autre décidera qu’elle doit aller travailler pour gagner de l’argent pour acheter de la nourriture. Une autre décidera qu’elle ne peut pas manger sa nourriture sans que la télévision ne soit allumée. Très rapidement, toute l’atmosphère communautaire de Yom Tov disparaîtrait.
Fort heureusement, la Michna et le Talmud nous ont transmis une interprétation de cette phrase. Cette interprétation délimite les frontières du « travail pour la nourriture » assez simplement : le travail doit être effectué avec l’élément à consommer, de sorte que lorsqu’une personne bénéficie de cet élément le Yom Tov, elle bénéficie directement de ce travail.17
Ainsi, éteindre un feu, ériger une structure ou labourer un champ sont interdits, car les bénéfices qui en découlent sont indirects. Le problème avec les achats est que vous manipulez de l’argent, et l’argent n’est pas de la nourriture. Aller travailler et manipuler des papiers n’est pas non plus travailler directement avec la nourriture. Et, contrairement à ce que certains peuvent penser, la télévision n’est pas un ustensile de cuisine. Mais des choses comme la cuisson, le pétrissage de la pâte ou le transport de nourriture d’un domaine à un autre sont permises, car l’on travaille directement avec l’élément consommable.18
Qu’en est-il de la combustion de carburant pour cuisiner ? Comme le feu lui-même cuit la nourriture, cela est considéré comme un bénéfice direct, et est donc permis.19
Les rabbins ont interdit d’allumer un feu, car c’est créer quelque chose de nouveau – ce qui constitue à peu près la définition du « travail » tel qu’elle s’applique au Chabbat et à Yom Tov. Même si c’est nécessaire, puisque c’est quelque chose qui aurait pu être fait avant Yom Tov (nous en discuterons plus tard), cela reste interdit. Donc, nous allumons toujours à partir d’une flamme préexistante.20
De la nourriture à tout le reste
Dès lors qu’une forme de travail est permise pour la consommation, elle l’est également pour toute autre finalité bénéfique ce jour-là. Vous n’avez pas besoin de réellement manger ou boire le produit – le travail pourrait être nécessaire pour une autre forme de plaisir que manger, ou pour une mitsva de Yom Tov, ou une autre mitsva qui ne pourrait être accomplie que ce jour-là. Pour ceux qui ont quelques notions d’hébreu, il y a une phrase pour ce mécanisme :
מתוך שהותרה, הותרה.21
Par exemple, puisque vous pouvez transporter de la nourriture d’un domaine à un autre, vous pouvez aussi porter votre enfant, afin de profiter de la journée avec lui.
De même que vous pouvez alimenter un feu pour la cuisson, vous pouvez également le faire pour chauffer votre domicile.
Puisque vous pouvez chauffer de l’eau pour boire ou cuisiner, vous pouvez chauffer de l’eau pour laver la vaisselle.
Mais ne vous arrêtez pas maintenant de lire. Il y a quelques conditions à cette autorisation. Parmi lesquelles22 :
- L’activité doit remplir un but bénéfique pour ce jour-là – pas pour le lendemain (qui commence cette nuit-là). Même si le lendemain est aussi Yom Tov, cela ne change pas.
- L’activité doit remplir un but que les Juifs en général considéreraient comme bénéfique. Si c’est quelque chose que seule une minorité trouverait bénéfique, le travail reste interdit.
- Et comme nous l’avons déjà expliqué concernant la nourriture, l’activité doit vous apporter un bénéfice direct.
Faites-le avant Yom Tov
Les sages qui nous ont éclairés sur les lois de la Torah étaient parfaitement conscients de la nature autodestructrice de l’esprit humain. Ils ont compris que si les préparations alimentaires sont autorisées à Yom Tov, les gens s’occuperont d’autres choses jusque-là, et finiront par passer tout Yom Tov à récolter, battre, moudre, etc., pour préparer la nourriture, ne laissant aucun temps pour profiter de la journée.23
Dans cette optique, ils ont instauré deux restrictions additionnelles :
1. Tout ce qui pourrait être fait avant Yom Tov, sans aucune perte de qualité pour la nourriture, ne peut pas être fait le jour même de Yom Tov.24
Par exemple, si votre soupe est tout aussi bonne si elle a été préparée un jour ou deux plus tôt, gardée au réfrigérateur et réchauffée à Yom Tov, alors vous ne devriez pas la préparer à Yom Tov.
En cas d’oubli et de nécessité pour Yom Tov, il convient d’effectuer ce travail d’une manière inhabituelle, afin de vous remémorer qu’il aurait dû être accompli préalablement.
L’exception à cette règle est le transport de quelque chose d’un domaine à un autre. Même si cela aurait pu être fait avant Yom Tov, un tel transport est autorisé. Les rabbins ont réalisé qu’une telle interdiction entraverait considérablement la célébration de Yom Tov, en compliquant la jouissance de ce jour. Donc, par exemple, même si vous auriez pu apporter une bouteille de vin chez votre hôte avant Yom Tov, il est permis de l’apporter le jour même de Yom Tov.25
Il convient de souligner que l’utilisation d’un parapluie demeure proscrite. La raison en est que certains considèrent l’ouverture d’un parapluie comme similaire à la construction d’une tente, qui est l’une des formes de travail interdites le Chabbat et Yom Tov.
2. Ils ont interdit certaines formes de travail qui sont généralement effectuées en grandes quantités.26
À moins que vous ne viviez dans une ferme ou ne fassiez votre propre farine, les deux qui vous concerneront sont la récolte – puisque cela inclut la cueillette de fruits sur un arbre, ou de légumes dans votre jardin – et le pressage de fruits.
De même, ils ont interdit certains types de travaux que les gens font généralement pour se préparer pour les jours à venir, à savoir le piégeage et la traite.
Chaque catégorie de travail comprend diverses déclinaisons qui sont également frappées d’interdiction. Tout cela est expliqué dans les lois du Chabbat.
Ces formes de travail sont toutes hors limites, même si vous avez oublié de les faire avant Yom Tov. Dans ce cas, les faire d’une manière différente de celle que vous feriez pendant la semaine ne les autorise pas pour autant.
En pratique
La méthode la plus efficace pour assimiler les pratiques de Yom Tov consiste à le célébrer aux côtés d’une famille expérimentée et respectueuse des traditions. Mais voici quelques-unes des situations et halakhot les plus courantes :
Appareils électriques
La création d’un circuit électrique est interdite, tout comme pendant Chabbat, nous n’allumons donc pas et n’éteignons pas les interrupteurs ou les appareils électriques.
Conduire
Conduire un véhicule à moteur implique la création continue de nouvelles étincelles, qui sont essentiellement de nouveaux feux. Comme nous l’avons appris plus tôt, la création d’un feu est interdite à Yom Tov.
Allumer des bougies
L’allumage d’une allumette étant prohibé un Yom Tov, il vous faudra recourir à une flamme préexistante pour allumer les bougies de Yom Tov le deuxième soir. Une cuisinière à gaz allumée ou une bougie de 24h conviendra parfaitement. En cas d’oubli, vous pourriez solliciter un voisin disposant d’une flamme allumée. Même si votre voisin est juif et a allumé cette flamme durant Yom Tov, il vous est permis d’en transférer le feu pour votre usage. L’extinction d’un feu étant interdite Yom Tov, veillez à laisser l’allumette se consumer entièrement après l’allumage des bougies.
Porter
Comme mentionné ci-dessus, le transport d’un objet d’un domaine à un autre, ou à travers un domaine public, est permis pour les besoins de Yom Tov. Cela signifie que lorsque vous sortez quelque chose de votre maison, vous devez penser : « Ai-je besoin de ceci pour un but acceptable aujourd’hui ? »
Ainsi, il convient de retirer tout objet superflu des compartiments de la poussette du bébé. Vérifiez également vos poches pour les objets dont vous n’avez pas besoin ce jour-là.
Supposons que vous quittiez votre domicile sans intention d’y revenir avant la tombée de la nuit. Vous est-il permis d’emporter la clé de la maison ? Certains rabbins disent que non, car vous n’en avez pas besoin ce jour-là.27 D’autres disent que porter la clé est une nécessité pour ce jour-là, car sinon vous ne pourriez pas laisser la maison fermée à clé.28
Préparer pour le lendemain
Comme nous l’avons expliqué, toute forme de travail autorisée n’est autorisée que si vous allez en bénéficier ce jour-là. Même si vous en aurez besoin cette nuit-là, et que cette nuit est Yom Tov, vous ne pouvez pas le faire aujourd’hui.
Cette règle s’étend à la préparation culinaire, au pelage des fruits et légumes, au déplacement d’objets entre différents domaines, ainsi qu’à la vaisselle. Même mettre la table n’est pas autorisé, sauf si vous prévoyez d’y manger aujourd’hui. (Si c’est en désordre et que vous utilisez cette pièce, vous pouvez la ranger, car cela est considéré comme bénéfique pour votre plaisir de la journée.) Le Yom Tov, aujourd’hui est pour aujourd’hui, et demain est demain.
Si Yom Tov précède immédiatement Chabbat, nous vous invitons à consulter notre article sur le Erouv Tavchiline.
Cette règle admet deux exceptions :
- Si vous avez une grande marmite de nourriture prête à cuire, ou une bouilloire pleine d’eau à faire bouillir, vous pouvez tout mettre sur le feu en une fois – même si cela contient plus que ce dont vous avez besoin pour aujourd’hui, et même si vous prévoyez de manger le reste demain, tant que vous en servez effectivement au moins une partie ce jour-là. Ce qui n’est pas permis, c’est de dire à haute voix que vous faites cela pour avoir de la nourriture pour demain.29
- Certains aliments ont meilleur goût lorsqu’ils sont cuisinés en grandes quantités, comme la viande et la volaille. Dans ces cas, vous pouvez cuisiner plus que ce dont vous avez besoin aujourd’hui, puisque tout ce qui est là bénéficie à la nourriture d’aujourd’hui. Encore une fois, assurez-vous d’en servir au moins une partie ce jour-là. Et ne dites pas à haute voix que vous cuisinez cette nourriture pour demain.30
Gestion du feu
À Yom Tov, il est permis d’amplifier un feu existant si le besoin s’en fait sentir. Par exemple, vous pouvez ajouter du bois à un feu qui chauffe votre maison, ou augmenter le feu d’une cuisinière à gaz pour cuire des aliments.31
Il est toutefois interdit d’éteindre un feu ou même d’en réduire l’intensité en retirant du combustible.32
Plaques de cuisson
Jadis, les cuisinières à gaz s’allumaient grâce à une veilleuse qui brûlait constamment. Cela rendait permis d’allumer n’importe lequel des éléments, puisqu’il était allumé à partir d’une flamme préexistante. Les cuisinières modernes, en revanche, s’appuient sur une étincelle électrique pour l’allumage de la flamme. Si vous pouvez ouvrir le gaz sur un élément sans que cet allumeur électrique ne clique, alors vous pourriez le faire à Yom Tov et allumer la cuisinière à partir d’une flamme préexistante, comme une bougie. Sinon, vous devrez la laisser allumée depuis avant Yom Tov.
Une fois que la flamme brûle, vous pouvez l’augmenter pour cuire vos aliments. Comment procéder si vous souhaitez réduire la flamme d’une cuisinière à gaz afin d’éviter que les aliments ne brûlent ou pour assurer une cuisson adéquate ? Cette question fait l’objet d’un débat au sein des autorités halakhiques. La plupart le permettent, tandis que d’autres disent que vous devriez retirer les aliments de la flamme et les placer sur un autre brûleur. Selon toutes les opinions, vous ne pouvez pas éteindre le feu sur une cuisinière à gaz.
Concernant les cuisinières électriques, un élément incandescent est assimilé à un feu, mais avec une complexité supplémentaire : un thermostat allume et éteint le courant électrique pour modérer la température de la résistance. Bien que la plupart des plaques de cuisson aient un voyant lumineux, cela indique seulement que l’élément est actif, mais il n’y a aucune indication du moment où le courant est actif et du moment où il a temporairement cessé.
Par conséquent, lorsque l’élément est incandescent et en l’absence d’indicateurs sur le panneau de commande signalant les changements de température, la majorité des autorités autorise l’augmentation de la température si la cuisson le nécessite. Si l’élément n’est pas incandescent, n’y touchez pas : l’augmenter pour qu’il devienne incandescent serait considéré comme créer un feu. Mais une fois que vous avez cet élément lumineux et chaud, baisser la température coupera très probablement immédiatement le courant électrique temporairement, c’est donc interdit.
Une approche ingénieuse consiste à faire installer par un électricien un système de voyants lumineux sur votre plaque de cuisson, indiquant l’état d’activation ou de désactivation du courant pour chaque élément. (Notez que cela peut annuler votre garantie.) Si le courant est allumé, et que l’élément est déjà incandescent, vous pouvez augmenter l’élément. S’il est éteint, vous pouvez baisser l’élément, mais pas l’éteindre.
Les plaques à induction soulèvent une problématique distincte. Celles-ci utilisent l’électricité pour créer un champ magnétique qui chauffera le métal ferreux. Vous les allumez en fait en plaçant une casserole dessus, et vous les éteignez en en retirant une. Malheureusement, cela signifie que nous ne pouvons pas les utiliser le Chabbat ou Yom Tov.
Fours
À la différence du Chabbat, l’allumage d’un feu Yom Tov relève d’une proscription rabbinique et non biblique. En conséquence, seule la provocation directe d’un feu est interdite. L’ouverture de la porte du four, entraînant l’entrée d’air froid et potentiellement l’activation d’un élément chauffant par le thermostat, est considérée comme une action indirecte (grama), et est donc autorisée.
En revanche, si l’ouverture de la porte du four déclenche l’allumage d’une lampe, cela pose un réel problème halakhique, y compris Yom Tov. La même chose s’applique si l’élément du four est réglé pour s’éteindre chaque fois que la porte est ouverte, comme c’est le cas avec de nombreux fours.
Pour résoudre le problème de l’ampoule, il suffit de penser à la dévisser avant l’entrée de Yom Tov. La gestion de l’élément chauffant du four requiert une approche plus subtile. Si vous souhaitez pouvoir ouvrir la porte de votre four Yom Tov, veillez à acquérir un modèle exempt de cette problématique. Ou achetez un four avec un « Mode Chabbat ».
De nombreux fours domestiques contemporains intègrent désormais un Mode Chabbat. Les fonctionnalités de ce mode peuvent varier selon les modèles de four. Néanmoins, une fonctionnalité récurrente du Mode Chabbat est la possibilité de désactiver l’arrêt automatique de l’élément chauffant lors de l’ouverture de la porte.
Le Mode Chabbat comporte d’autres fonctionnalités notables. La majorité des fours contemporains sont conçus pour s’arrêter automatiquement après douze heures de fonctionnement ininterrompu. Si cette fonction est habituellement judicieuse, elle peut s’avérer problématique lors d’un Yom Tov de 48 heures nécessitant le maintien au chaud des aliments. Le Mode Chabbat permet la désactivation provisoire de cette fonction d’arrêt automatique.
Le Mode Chabbat intègre une fonctionnalité sujette à débat, visant à permettre l’ajustement de la température du four durant Yom Tov. Son principe de fonctionnement est le suivant : en Mode Chabbat, l’actionnement des boutons n’entraîne aucun effet immédiat. L’affichage demeure inchangé et aucun nouveau circuit électrique n’est établi. Le système informatique du four analyse, à des intervalles aléatoires, les éventuelles pressions de boutons et ajuste la température en conséquence. Ce processus confère à tout changement un caractère indirect (grama). Certaines autorités halakhiques considèrent comme licite la modification indirecte de la température du four durant Yom Tov.
Cependant, un nombre significatif d’éminentes autorités halakhiques expriment leur désaccord sur ce point. En outre, tous les fours dotés d’un Mode Chabbat ne sont pas conçus de manière identique et peuvent ne pas satisfaire aux critères établis par les autorités qui autorisent cette fonctionnalité. L’utilisation de cette fonction nécessite une consultation préalable auprès de votre rabbin orthodoxe, en lui fournissant les spécificités précises de votre four en Mode Chabbat. L’avis d’un rabbin possédant également des compétences en ingénierie serait particulièrement pertinent.
Il est crucial de noter que si vous programmez une cuisson minutée, dès l’extinction du four – même s’il est prévu qu’il se rallume ultérieurement –, son utilisation devient proscrite pour la durée restante de ce Yom Tov.
Eau chaude
L’ouverture du robinet d’eau chaude entraîne l’afflux d’eau froide dans un chauffe-eau situé dans votre domicile ou votre immeuble, ce qui équivaut, en pratique, à une cuisson de l’eau. Cette action, interdite durant Chabbat, est tolérée Yom Tov pour la vaisselle, le lavage des mains ou de toute autre partie du corps. Toutefois, l’immersion complète du corps dans un bain chaud ou une douche chaude demeure interdite. L’utilisation d’eau chaude pour le bain d’un nourrisson reste néanmoins autorisée le Yom Tov. Il convient de préciser que ces dispositions concernent les systèmes conventionnels équipés d’une chaudière à veilleuse. Cependant, les systèmes plus récents, tels que les chauffe-eaux sans réservoir, posent problème Yom Tov, où nous pouvons utiliser (ou agrandir) des feux existants mais pas en créer de nouveaux.
Presser des fruits
Comme mentionné précédemment, presser des fruits pour en extraire le jus est interdit à Yom Tov tout comme c’est le cas le Chabbat.
Mouktsé
On désigne par le terme mouktsé les objets dont la manipulation est interdite durant le Chabbat. Par exemple : stylos, portefeuilles, chandeliers et allumettes. Les règles du mouktsé s’appliquent également à Yom Tov, avec la particularité que de nombreux objets ont une fonction qui est interdite le Chabbat mais parfaitement acceptable à Yom Tov. Par exemple, vous pouvez déplacer vos chandeliers d’un endroit à l’autre à Yom Tov, même si vous n’êtes pas autorisé à le faire le Chabbat.
S’habituer à tout cela
À l’instar d’un musicien ou d’un artiste qui étudie et s’exerce pour créer de belles œuvres, un Juif étudie les lois de Yom Tov pour façonner une magnifique journée. Si les erreurs sont inévitables au début, la pratique finit par devenir une seconde nature. Mais, comme pour le musicien, l’étude ne se termine jamais.
Les éléments présentés ici ne constituent qu’un aperçu d’une étude qui s’étend sur toute une vie. Continuez à apprendre, à grandir, et votre expérience de Yom Tov grandira avec vous.
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