Commençons par préciser ce que nous récitons, et à quels moments.
Le Hallel, qui signifie littéralement « louange », est composé des Psaumes 113 à 118 et est récité pour louer les miracles accomplis par D.ieu et la délivrance qu’Il a accordée au peuple juif lors d’une situation critique.
Le Hallel complet est ajouté aux prières quotidiennes lors des fêtes suivantes :
● Pessa’h (les deux premiers jours uniquement)
● Chavouot
● Soukkot
● ‘Hanouka
Nous récitons une version abrégée (communément appelée « demi-Hallel »), dans les occasions suivantes :
● Roch ‘Hodech
● Les jours intermédiaires et les derniers jours de Pessa’h
(Il existe des différences d’opinion sur la question de savoir si la récitation du Hallel est une obligation d’origine biblique1 ou rabbinique.2 )
Pourquoi ces jours, et pourquoi deux longueurs différentes ? Examinons ces questions.
Le Hallel est récité les jours de fête
Le Talmud explique qu’en règle générale, le Hallel est récité les jours qui sont a) appelés moèd (fête) dans la Torah ; et b) jours où le travail est interdit.3 Ainsi, le Hallel est récité durant les trois grandes fêtes de Pessa’h, Chavouot et Soukkot.
En outre, le Hallel est également récité les jours où une délivrance miraculeuse est survenue pour notre peuple. De nombreuses autorités rabbiniques restreignent cela aux miracles lors desquels l’ensemble du peuple juif a été sauvé, et non pas uniquement des communautés isolées.4
Chabbat et Fêtes Solennelles : les exceptions
Bien que le travail soit interdit durant Chabbat, il n’est pas appelé moèd dans les Écritures,5 et par conséquent le Hallel n’y est pas récité (nous aborderons Roch ‘Hodech un peu plus tard).
Bien que Roch Hachana et Yom Kippour semblent correspondre aux critères, le sage talmudique Rabbi Abahou explique que les anges officiant ont posé cette question précise à D.ieu, lequel leur a répondu : « Est-il possible que le Roi soit assis sur le Trône du Jugement, que le Livre de la Vie et le Livre de la Mort soient ouverts devant Lui, et que [la nation d’]Israël chante devant Moi !? »6
Pessa’h versus Soukkot
On peut remarquer qu’il existe une différence entre Pessa’h et Soukkot : pendant Soukkot, le Hallel complet est récité chaque jour, tandis qu’à Pessa’h, le Hallel complet n’est récité que les deux premiers jours.7
Deux raisons sont données pour cela, l’une ayant trait à la singularité de Soukkot et l’autre à celle de Pessa’h.
Chaque jour de Soukkot, les prêtres présentaient une offrande différente et unique dans le Temple. Ainsi, chaque jour est considéré comme une fête spécifique et distincte, et le Hallel complet est récité. À Pessa’h, en revanche, la même offrande était présentée quotidiennement.
Le Midrash nous enseigne que la raison pour laquelle nous ne récitons pas le Hallel complet les derniers jours de Pessa’h est que ces jours commémorent le miracle des Juifs traversant la mer sains et saufs alors que l’armée égyptienne se noyait. D.ieu Lui-même a déclaré : « Mes créatures se noient dans la mer ; ce n’est pas le moment de manifester pleinement la joie. »8 Puisque le Hallel complet n’est pas récité durant les derniers jours de la fête, il ne l’est pas non plus pendant les jours intermédiaires (‘hol hamoèd), car il ne serait pas convenable que ces jours soient célébrés avec plus de joie que les jours principaux de la fête.9
Pourquoi ‘Hanouka ?
Bien que le travail soit autorisé pendant ‘Hanouka et que ce ne soit pas non plus appelé une fête dans les Écritures, le Hallel est néanmoins récité, car comme expliqué, le Hallel commémore les miracles, et chaque jour de ‘Hanouka marque le miracle de l’huile qui persistait un jour supplémentaire. Nous récitons donc le Hallel (complet) chaque jour de ‘Hanouka.10
Pourquoi pas Pourim ?
Bien que la fête de Pourim commémore également une délivrance miraculeuse qui s’est produite pour le peuple juif, le Hallel n’est toutefois pas récité. Le Talmud évoque plusieurs raisons à ce sujet11 :
● Une fois que les Juifs sont devenus une nation et sont entrés en Terre d’Israël, le Hallel ne pouvait être institué que pour des miracles survenus pour l’ensemble du peuple juif en Terre d’Israël.
● La lecture de la Méguila, dans laquelle nous relatons l’histoire de Pourim, constitue en soi une forme de Hallel.12
● Dans le Hallel, nous disons : « Louez, serviteurs de D.ieu... » — grâce à la délivrance accordée par D.ieu, nous sommes libres de Le servir. Dans l’histoire de Pourim, cependant, même après le miracle, nous étions encore sous la domination d’A’hachvéroch.
Roch ‘Hodech et le “demi-Hallel”
Le Talmud explique que Roch ‘Hodech, bien que désigné comme un moèd dans les Écritures, n’est pas sanctifié par l’interdiction du travail, et par conséquent le Hallel n’y serait pas récité.
En effet, jusque vers le IIIᵉ siècle, ce n’était pas la coutume de réciter le Hallel à Roch ‘Hodech en Israël, seulement à Babylone. Le Talmud relate que Rav (un érudit talmudique de la première génération) se rendit un jour à Babylone et fut troublé lorsque la congrégation commença à réciter le Hallel à Roch ‘Hodech. Il s’apprêtait à mettre fin à cette pratique, jusqu’à ce qu’il constate qu’ils sautaient des parties du Hallel, et décida alors de ne pas le faire, en disant : « Je vois qu’ils perpétuent une coutume de leurs pères. »13
De nos jours, l’usage universel s’est établi de réciter des parties du Hallel (parfois appelé « demi-Hallel », bien qu’il en constitue plutôt 85 %) à Roch ‘Hodech.
Pour quelle raison récitons-nous alors le Hallel à Roch ‘Hodech, alors que le travail est autorisé et qu’aucun miracle ne s’est produit ?
C’est soit en commémoration de la mitsva de sanctifier le nouveau mois,14 soit pour proclamer publiquement que ce jour est Roch ‘Hodech.15
Cela expliquerait pourquoi ce n’était pas la coutume de réciter le Hallel en Israël, puisqu’à cette époque, ses habitants savaient quand était Roch ‘Hodech et sanctifiaient encore la nouvelle lune d’après les témoins.16 Le Hallel n’était donc pas nécessaire.
Les commentaires expliquent que nous trouvons le mot hallelouyah (« louez D.ieu »), 12 fois dans le dernier chapitre des Psaumes. Cela correspond aux douze mois de l’année et fait allusion au Hallel qui est récité le premier jour de chaque mois.17
Ce psaume s’ouvre par les mots « Hallelouya ! Louez D.ieu dans Son lieu saint... » Le mot בְּקָדְשׁוֹ (« dans Son lieu saint ») peut être lu comme « dans Sa sanctification », c’est-à-dire « Louez D.ieu lorsque nous Le sanctifions. »18
Bien qu’il y ait des raisons de réciter le Hallel à Roch ‘Hodech, néanmoins, seul le Hallel partiel est récité. Il y a deux raisons à cela : a) parce que la récitation du Hallel à Roch ‘Hodech relève simplement de la coutume, contrairement aux fêtes où cette récitation est obligatoire19 ; ou b) parce que Roch ‘Hodech est aussi, dans une certaine mesure, un jour d’expiation et de pardon, similaire à Roch Hachana et à Yom Kippour (lors desquels le Hallel n’est pas récité).
Pourquoi sauter spécifiquement ces parties ?
Bien que différentes coutumes aient existé concernant les parties du Hallel à sauter, de nos jours, l’usage est d’omettre la première moitié du Psaume 115 et la première moitié du Psaume 116. Une explication de ce choix réside dans le fait que les thèmes de la première moitié de ces psaumes sont très proches de ceux de la seconde moitié. Ainsi, bien que nous « omettions » une partie du Hallel, nous n’en perdons pas les thèmes essentiels.20
De la délivrance à la Rédemption
Quoique les versets du Hallel traitent explicitement de la sortie d’Égypte, la traversée de la Mer Rouge et du don de la Torah, le Talmud explique que les versets contiennent implicitement la Résurrection des Morts, et les douleurs de l’enfantement de la rédemption finale et de la venue du Machia’h.21 Puissions-nous mériter cela promptement, de nos jours !
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