Rabbi Aaron Halevi de Barcelone fut un grand talmudiste et une autorité en matière rabbinique. Il vivait à Barcelone il y a quelque six cents ans, et est l'auteur d'un livre fameux : le Sefer Ha'hinoukh (le « Livre de l’Éducation ») qui le rendit très célèbre.
Dans cet ouvrage, Rabbi Aaron Halevi énumère, dans l'ordre où ils y figurent, suivant les portions hebdomadaires, tous les commandements de la Torah. En même temps il en explique la signification profonde et la haute valeur éthique, et souligne toutes leurs ramifications ainsi que les divers points de droit qui s'y rapportent.
Dans la préface de son livre, Rabbi Aaron Halevi révèle les sources où il a puisé sa vaste documentation : ce sont les Poskim (autorités rabbiniques et codificateurs) qui l'ont précédé, et particulièrement Rabbi Isaac Alfassi, Rabbi Moché ben Maïmon (dit Maïmonide) et Rabbi Moché ben Na'hman (dit Na'hmanide).
On sait peu de chose sur sa vie privée. Instituteur de son métier, c'était un homme d'une grande modestie. À tel point que la première édition du Sefer Ha'hinoukh ne porte même pas le nom de l'auteur. Pendant quelque temps on pensa même que c'était l'œuvre d'un autre grand Talmudiste, nommé lui aussi Rabbi Aaron Halevi, un disciple de Na'hmanide.
L'objectif de l'ouvrage, ainsi que le souligne l'éminent rabbin, est de servir comme livre de référence à l'usage des enfants et des jeunes Juifs, « d'éveiller en eux le désir de découvrir quels commandements sont donnés dans chaque portion hebdomadaire (Paracha ou Sidra) et de s'examiner les uns les autres pour mesurer l'étendue de leurs connaissances en matière de Torah et de Mitsvot ».
Il explique que sur les 613 commandements de la Torah, il en est un certain nombre qui sont soumis à des conjonctures précises et qui dépendent de circonstances de temps et de lieu. Tels sont les commandements qui concernent le service dans le Saint Temple, ceux qui ont trait au roi d'Israël, ou au Sanhédrine et aux juges, et ainsi de suite. Seuls 270 commandements (comprenant aussi bien les positifs – « fais » – que les négatifs – « ne fais pas ») s'appliquent à tous les Juifs, et ne dépendent d’aucunes circonstances extraordinaires. Ils doivent être observés par chaque Juif et se réfèrent à la vie quotidienne, au Chabbat et aux fêtes.
Cependant, souligne l'auteur, il en est six qui doivent être observés continuellement et sans la moindre interruption fût-elle d'une minute. Ce sont : 1) Croire en D.ieu ; 2) Ne pas croire en un autre dieu ; 3) Croire en Son Unité ; 4) Aimer D.ieu ; 5) Le craindre ; et 6) Ne pas se laisser égarer par ses propres pensées ou ses désirs.
Dans son introduction l'auteur s'attarde aux doctrines et aux principes fondamentaux de notre foi. Il souligne le fait que la Torah n'a pas été donnée secrètement : D.ieu l'a donnée en présence de six cent mille hommes juifs, sans compter les femmes et les enfants qui étaient encore plus nombreux. Et ce, après qu'il leur eût montré les grands miracles qui ont marqué leur libération du joug égyptien. En observant la Torah, le Juif réalise son bonheur aussi bien dans ce monde que dans celui à venir ; tandis qu'en s'en écartant il va vers le désastre. C'est pourquoi l'un des commandements fondamentaux est l'étude de la Torah. C'est là qu'on apprend à savoir ce que sont les commandements et la manière de les observer.
Dans son énumération de ces 613 commandements, l'auteur procède de la façon suivante : d'abord il cite le commandement tel que la Torah le rapporte et nous dit de quelle façon l'observer dans la pratique ; puis il souligne sa valeur éthique et la signification plus profonde cachée derrière, ainsi que le profit moral dont bénéficie le Juif du fait de l'accomplissement de ce devoir ; enfin, il énumère les diverses ramifications de cette mitsva et toutes ses implications pratiques. Prenons comme exemple la mitsva des Téfilines. Ici nous sommes réellement en présence de deux mitsvot combinées : l'une du Téfiline porté sur le bras et l'autre du Téfiline posé sur la tête (elles portent les numéros 421 et 422). Aussi l'auteur les traite-t-il séparément comme il est fait dans la Sidrah. Il explique qu'il y a dans la Torah quatre portions où il est question des Téfilines ; ceux-ci les contiennent toutes. Et il ajoute que ces portions doivent être écrites sur du parchemin et que l'un des Téfilines doit être posé sur le bras gauche contre le cœur, etc.
Les « racines de la mitsva » (comme l'auteur les appelle) reposent dans le fait qu'un être humain est constamment en lutte avec le mal et les bas instincts qui sont en lui ; même ce qui lui est normalement permis peut devenir nocif s'il s'y laisse aller sans mesure. C'est pourquoi notre D.ieu, dans sa bonté infinie, nous a donné certains « gardes du corps » qui doivent nous protéger contre les dangers qui guettent l'homme ; ils nous rappellent nos devoirs primordiaux et nos buts, ainsi que nos besoins spirituels... L'un de ces « gardes du corps » est le commandement des Téfilines. Il en est de même entre autres des Tsitsith et de la Mezouzah.
Et l'auteur poursuit en énumérant pas moins de dix aspects concernant la préparation des Téfilines en vue de les rendre « cachère » ; toutes choses qui nous ont été transmises de génération en génération depuis Moïse, lequel, à son tour, était commandé par D.ieu (prescriptions dictées à Moïse au Sinaï). L'auteur nous indique également la source où nous pouvons trouver abondamment expliquées toutes ces lois. Enfin, il souligne le fait que la loi des Téfilines s'applique seulement au sexe masculin.
Que cet ouvrage se soit vite répandu et ait connu une grande popularité, il n'y a là rien qui étonne. Il fut traduit en plusieurs langues : en latin, en français, en espagnol, etc.
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