Position durant la lecture
1. La Méguila peut être lue en position assise ou debout. Toutefois, la lecture qui est faite devant un public doit se faire en position debout, par considération vis-à-vis du public. Le fait de reposer ses bras sur le pupitre de lecture reste cependant acceptable.
2. La récitation des bénédictions qui accompagnent la lecture doit, quant à elle, toujours se faire en position debout. Il est même préférable que les membres de l'assemblée se tiennent debout lors de cette récitation. Durant la lecture ils pourront choisir de s'assoir.
Intégralité de la lecture
3. La lecture de la Méguila doit se faire dans son intégralité : l'omission d'un seul mot entraînerait l'invalidité de la lecture.
4. De même, l'écoute de la lecture n'est valable qu'à condition d'avoir clairement entendu chaque mot. En raison de la difficulté, il est conseillé à celui qui suit la lecture à partir d'une Méguila conforme (« cachère »), d'en faire lui-même la lecture à voix basse.
5. De plus, la lecture doit se faire à partir du texte écrit dans une Méguila cachère. Une lecture, même intégrale, qui se ferait par cœur, ou à partir d'une Méguila non cachère serait inacceptable.
6. Cependant, une Méguila peut être considérée cachère même si plusieurs mots ont été omis au moment de son écriture, ou qu'ils aient été effacés par le temps, ou rendus invalides selon les règles Halakhiques de l'écriture.
7. Le nombre total des mots omis ou invalides ne doit toutefois pas dépasser ou égaler le nombre de mots écrits correctement. De plus, ni le premier verset, ni le dernier, ni aucun paragraphe en entier ne doit être omis ou incorrectement écrit intégralement.
8. Conséquemment, une lecture faite à partir d'une telle Méguila « cachère » est considérée valable, même si une grande partie des mots ont été dits par cœur.
9. Pour cette raison, il est souhaitable que tout celui qui ne possède pas de Méguila pour suivre la lecture, le fasse à partir de la Méguila imprimée dans un 'Houmach ou autre. De cette manière, il pourra, le cas échéant, reprendre les mots qu'il a manques, ou n'a pas distinctement écoutés.
10. Les mots repris pourront compléter la lecture qu'il a écoutée, de façon à la rendre intégrale. Le fait que ces mots aient été repris à partir du texte imprimé (ce qui revient à les avoir dits par cœur) s'avère acceptable, pourvu que la majorité des mots aient été correctement écoutés.
11. Cependant, hormis l'officiant, nul n'est autorisé à faire la lecture à voix haute, ou à reprendre certains mots à voix haute, même s'il le fait à partir d'une Méguila Kéchérah. En effet, le public pourrait prêter l'oreille à sa lecture et non à celle de l'officiant, ceci aurait pour effet d'invalider l'écoute, puisque celui-ci n'avait pas forcément l'intention d'acquitter l'auditoire, contrairement à l'officiant.'
12. Celui qui a écouté la Méguila dans un état de somnolence, ne s'est pas acquitté de son obligation. Dans cet état, il ne peut être assuré de ne pas avoir manqué un mot.
13. Par contre, celui qui a fait la lecture de la Méguila dans un état de somnolence est acquitté de son obligation, s'il a correctement prononcé chaque mot. Même dans le cas d'une lecture publique, l'auditoire sera acquitté par une telle lecture. Il est toutefois nécessaire, que le lecteur ait eu l'intention de s'acquitter et, le cas échéant d'acquitter son auditoire, avant d'entreprendre la lecture, alors qu'il était encore pleinement éveillé.
Interruption pendant la lecture
14. La lecture de la Méguila doit préférablement se faire sans aucune pause ni interruption. La Méguila, appelée « iguérèt » (missive), doit en effet être lue d'un seul trait.
15. Cependant, la lecture qui a été marquée de pauses (silencieuses), aussi nombreuses et longues soient-elles, reste acceptable.
16. Même en cas d'interruption (par la parole), le lecteur sera acquitté par sa lecture. Néanmoins, il fera l'objet de réprimandes s'il s'est permis d'interrompre la lecture sur un sujet étranger à la lecture.
17. Il lui est toutefois permis d'interrompre sa lecture pour répondre au Kadich ou à la Kédoucha, conformément aux permissions qui sont données pendant la récitation du Chéma.
18. Par contre, celui qui écoute la Méguila devra absolument garder le silence. Autrement, il manquera forcément quelques mots, ce qui invalidera son écoute. Il lui faudra, dans ce cas, reprendre les mots qu'il a manques, jusqu'à rattraper le lecteur.
19. La lecture de la Méguila doit se faire sans aucune inversion. L'ordre dans lequel les versets et les mots du texte apparaissent doit être respecté tout au long de la lecture.
20. Pour cette raison, si le lecteur a omis un mot, un verset ou un paragraphe, et qu'il a poursuivi sa lecture, il devra, lorsqu'il s'en rend compte, recommencer la lecture depuis l'endroit qui a été omis. Il en va de même lorsqu'un mot a été incorrectement prononcé.
Langue de la lecture
21. La lecture de la Méguila peut se faire dans n'importe quelle langue, à condition toutefois que la Méguila utilisée pour la lecture soit écrite dans cette même langue (et réponde par ailleurs aux exigences d'une Méguila cachère). Autrement cela équivaudrait à la lire par cœur, ce qui n'est pas acceptable. La retranscription dans cette langue, pourra se faire au moyen de caractères hébraïques ou des caractères propres à cette langue.
22. Cependant seuls ceux qui comprennent cette langue pourront s'acquitter par une telle lecture. Le lecteur lui même devra connaître la langue de lecture, car autrement, il ne pourrait acquitter quiconque, même pas ceux qui connaissent cette langue.
23. Par contre, lorsque la lecture se fait en hébreu, à partir d'une Méguila cachère, tous pourront s'acquitter par cette lecture, même ceux qui ne comprennent pas l'hébreu.
24. Il existe dans la Méguila certains mots dont la signification est douteuse. Pour cela, lorsque la lecture se fait dans une langue étrangère, ces mots devront être lus en hébreu. Ils pourront également être retranscrits en hébreu dans le texte utilisé pour la lecture. Le fait que plusieurs langues soient utilisées pour la lecture (et l'écriture) reste acceptable.
25. Certains pensent que celui qui comprend l'hébreu, ne peut s'acquitter par une lecture faite dans une langue étrangère. Il ne pourra donc pas acquitter par sa lecture (faite dans une langue étrangère) des personnes qui elles-mêmes ne comprennent pas l'hébreu (mais comprennent la langue étrangère). Lui-même ne s'étant pas acquitté par sa lecture, ne peut acquitter ceux qui l'ont écoutée.
26. En pratique, de nos jours, la coutume a été prise de faire la lecture de la Méguila exclusivement en hébreu, à partir d'une Méguila cachère écrite en hébreu, et retranscrite en caractères hébraïques. Les lois relatives à l'écriture de la Méguila ne seront pas traitées ici, en raison de leur caractère trop technique.
Utilisation d'un microphone
27. La lecture de la Méguila faite simultanément par deux ou plusieurs lecteurs est considérée valable pour acquitter ceux qui l'ont écoutée. A l'inverse, la lecture de la Torah faite dans de telles conditions, ne serait pas acceptable.
28. En raison du caractère de nouveauté qu'elle présente, la Méguila est suivie avec plus d'attention. Ce qui permet à l'auditeur de rester concentré, même dans de telles conditions d'écoute. Celui qui, malgré tout, éprouve de la difficulté à se concentrer, évitera de s'acquitter par une telle lecture. De plus, lorsque les lectures ne sont pas en parfaite synchronie, nul ne pourra être acquitté.
29. Celui qui écoute la lecture de la Méguila faite au microphone, ne sera acquitté qu'à condition d'être suffisamment proche du lecteur. A la position où il se trouve, il doit être capable d'entendre distinctement la lecture faite par le lecteur, même s'il n'utilisait pas de microphone.
30. Par contre, s'il se trouve au delà du champ d'audibilité de la voix du lecteur (sans le microphone), il ne sera pas quitte. Il n'aura dans ce cas, qu'entendu la voix synthétique produite par le microphone, ce qui est inacceptable.
31. De même la Méguila écoutée au téléphone, à la radio (même en direct), ou sur bande magnétique, n'acquitte pas un Juif de son obligation.
Coutumes liées à la lecture
32. La lecture de la Méguila est traditionnellement accompagnée d'une mélodie musicale qui lui est propre (« taamim »). En l'absence d'une personne compétente, la lecture qui se fait sans cette mélodie reste acceptable, si toutefois les mots ont été correctement vocalisés (« nékoudot »).
33. En cas de nécessité, il est permis d'inscrire les « taamim » et les « nékoudot » sur le parchemin de la Méguila afin de permettre une lecture adéquate.
34. Chez ‘Habad et dans d'autres communautés, on a coutume que le lecteur hausse la voix à partir du verset (Chapitre 6, 1) : Balaïla hahou (« Cette nuit-là, le sommeil du roi fut perturbé »), qui marqua le début du miracle.
35. Dans la plupart des communautés, on a coutume que les quatre versets de la Méguila qui ponctuent le déroulement de la délivrance soient dits à voix haute par tous les fidèles, puis repris par le lecteur. Il s'agit de :
Chapitre 2, verset 5 :
אִישׁ יְהוּדִי הָיָה בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה וּשְׁמוֹ מָרְדֳּכַי בֶּן יָאִיר בֶּן-שִׁמְעִי בֶּן-קִישׁ אִישׁ יְמִינִי
Il y avait un homme juif à Chouchan, la capitale, dont le nom était Mordekhaï, fils de Yaïr, fils de Chimei, fils de Kish, de la tribu de Binyamin.
Chapitre 8, verset 15 :
וּמָרְדֳּכַי יָצָא מִלִּפְנֵי הַמֶּלֶךְ בִּלְבוּשׁ מַלְכוּת תְּכֵלֶת וָחוּר וַעֲטֶרֶת זָהָב גְּדוֹלָה וְתַכְרִיךְ בּוּץ וְאַרְגָּמָן וְהָעִיר שׁוּשָׁן צָהֲלָה וְשָׂמֵחָה
Et, Mordekhaï se retira de devant le roi, portant un habit royal bleu et blanc, une large couronne d'or et un châle de lin fin et de laine pourpre. La cité de Chouchan célébrait et se réjouissait.
Chapitre 8, verset 16 :
לַיְּהוּדִים הָיְתָה אוֹרָה וְשִׂמְחָה וְשָׂשֹׂן וִיקָר
Pour les Juifs, il y eut la lumière, l'allégresse, la joie et la gloire.
Chapitre 10, verset 3 (fin de la Méguila) :
כִּי מָרְדֳּכַי הַיְּהוּדִי מִשְׁנֶה לַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ וְגָדוֹל לַיְּהוּדִים וְרָצוּי לְרֹב אֶחָיו דֹּרֵשׁ טוֹב לְעַמּוֹ וְדֹבֵר שָׁלוֹם לְכָל-זַרְעוֹ
Car, Mordekhaï, le Juif était le second du roi A'hachvéroch, un chef des Juifs, aimé par ses nombreux frères. Il rechercha le bien-être de son peuple et il parla de paix pour tous leurs descendants.
36. Dans le texte de la Méguila, le nom de chacun des dix fils d'Haman (qui furent exécutés) doit apparaître à la fin d'une ligne qui commence par : vé-ète. Le Texte qui précède est : ‘hamech méot ich (« Cinq cents hommes » qui furent également exécutés), celui qui suit conclut : asséret benei Haman (« Les dix fils d'Haman »).
37. Le nom des dix fils d'Haman, suivis du mot asséret doivent être lus par le lecteur d'une seule respiration, afin de montrer qu'ils ont tous été tués en même temps. Le lecteur veillera cependant, à ce que le mot vé-ète qui introduit chacun des noms, soit lu dans la Méguila, et non pas dit par cœur.
38. La coutume est cependant que les mots qui précèdent, soit ‘hamech méot ich (qui désignent les cinq cents hommes qui étaient les disciples des fils d'Haman), soient également lus dans le temps de cette respiration. Toutefois, même si une pause a été marquée pendant la lecture des dix fils d'Haman, la lecture reste valable.
39. Dans de nombreuses communautés, la coutume est que chacun des participants dise lui-même les noms des fils d'Haman d'une seule respiration, si possible à partir d'une Méguila cachère. A la suite de quoi, le lecteur en fera de même à son tour.
40. Chez ‘Habad et dans de nombreuses communautés, on a coutume lors de la lecture, de reprendre au verset 8,11 les mots « laharog ouléabed » et de rajouter « vélaharog ouléabed » à cause du doute qui existe sur le verset écrit, on en fera de même au verset (9,2) « vé-ich lo amad bifnéheim », qui sera repris en disant « vé-ich lo amad lifnéheim ».
41. Chez ‘Habad et dans d'autres communautés, on a coutume de tenir le parchemin de la Méguila et de le secouer lorsqu'il en est fait mention aux versets 9,26 : « ha-iguéret hazot » (« cette missive ») et 9,29 « iguéret hapourim hazot hachénit » (« cette seconde missive de Pourim »).
42. Jadis, les enfants avaient coutume de dessiner le portrait, ou d'inscrire le nom d'Haman sur des objets destinés à être jetés, et de les cogner les uns contre les autres, lorsque le nom d'Haman était mentionné pendant la lecture de la Méguila. Le sens de cette coutume étant d'accomplir le commandement du verset : « Tu effaceras le souvenir d'Amalek » (Haman étant lui même descendant d'Amalek).
43. De nos jours, la coutume s'est généralisée que les adultes frappent du pied ou à l'aide d'un objet, lorsque le nom d'Haman est mentionné. Les enfants font tourner leur crécelle en signe de chahut.
Chez ‘Habad la coutume est de frapper seulement lorsque le nom d'Haman est mentionné accompagné d'un adjectif (Haman Harâ, Haman HaAgagui...), dans le but de minimiser les interruptions.
44. Lors de ces interruptions, le lecteur devra attendre que le silence soit parfaitement rétabli avant de poursuivre sa lecture, afin de permettre une écoute claire de la suite.
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