Ouverture et disposition du rouleau
1. Avant de procéder à la lecture, on a coutume dans toutes les communautés de dérouler intégralement le rouleau de la Méguila, comme l'on avait jadis l'habitude de le faire pour un courrier qui devait être lu publiquement. Dans le cas de la Méguila, également appelée « iguérèt » (missive), notre intention est de proclamer à tous le miracle qui y est raconté. La coutume est que tout celui qui suit la lecture à partir d'un rouleau de la Méguila en fasse de même.
2. Toutefois, par respect pour le rouleau sacré, chacun aura soin de veiller à ce que le parchemin ne traîne pas à terre, ni ne soit laissé suspendu par-delà le pupitre de lecture. Pour cela, la coutume est de ranger la Méguila une fois déroulée, pli sur pli, en plusieurs panneaux. Chez ‘Habad, la coutume est de la plier en trois panneaux.
Les bénédictions avant la lecture
3. Avant de commencer la lecture de la Méguila (qu'elle soit publique ou individuelle), les trois bénédictions suivantes doivent être récitées dans cet ordre :
1. « Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Achère Kidéchanou Bemitsvotav Vetsivanou Al Mikrah Méguila »
Béni sois-Tu, Éternel notre D.ieu, Roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la lecture de la Méguila. |
2. « Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Chéassa Nissim Laavoténou Bayamime Hahème, Bizmane Hazé »
Béni sois-Tu, Éternel notre D.ieu, Roi de l’Univers, qui a fait des miracles pour nos pères en ces jours-là, en ce temps-ci. |
3. « Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Chéhé’heyanou Vekiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé »
Béni sois-Tu, Éternel notre D.ieu, Roi de l’Univers, qui nous a fait vivre, exister et parvenir jusqu’à ce moment. |
4. Selon la coutume Achkénaze et ‘Habad, ces trois bénédictions sont récitées avant la lecture de la Méguila le soir de Pourim, et répétées avant la deuxième lecture qui est faite le lendemain (jour de Pourim).
5. Selon la coutume séfarade cependant, la troisième bénédiction (« Chéhé'héyanou ») n'est pas récitée lors de la seconde lecture, puisqu'elle a déjà été récitée la veille.
La coutume qui consiste à répéter cette bénédiction s'explique par le fait que la seconde lecture (celle du jour) constitue la véritable obligation mentionnée dans le texte de la Méguila (« Divreï Kabalah »), alors que celle de la veille a été instituée ultérieurement par les Sages.
6. Si l'une ou toutes les bénédictions ont été omises avant la lecture, il sera permis d'interrompre la lecture pour les réciter. Toutefois, la lecture qui s'est faite sans bénédictions est considérée valable.
7. Il est néanmoins interdit de s'interrompre entre la récitation des bénédictions et le commencement de la lecture. En cas d'interruption sur un sujet autre que celui de la lecture, la première bénédiction (« al mikrah Méguila ») devra être répétée.
8. Celui qui écoute la Méguila lue par quelqu'un d'autre (à la maison ou à la synagogue) devra écouter attentivement les bénédictions pour s'en acquitter et répondre Amen. Il veillera à ne pas répondre « baroukh Hou oubaroukh chémo » en cours de bénédiction, car autrement son acquittement serait compromis.
9. Lorsque la bénédiction de « Chéhé'héyanou » a été omise après que les deux lectures de la Méguila aient été complétées, certains pensent qu'il est encore possible de la réciter durant la journée lorsque l'on s'en souvient. Dans ce cas la bénédiction portera sur la fête elle-même. Par contre, il ne sera pas possible de réciter cette bénédiction sur les mitsvot de « Michloa'h Manote » (l’envoi de mets) et « Séoudat Pourim » (le repas de Pourim). En tant qu'actions qui ne sont pas forcément accomplies dans le cadre d'une mitsva, elles ne peuvent requérir la bénédiction de Chéhé'héyanou.
10. La coutume est néanmoins de penser à s'acquitter de la bénédiction de Chéhé'héyanou sur ces mitsvot (« Michloa'h Manote » et « Séoudat Pourim ») au moment de la récitation de cette bénédiction, lors de la seconde lecture de la Méguila, le jour de Pourim. Dans de nombreuses communautés, une annonce est faite à ce sujet avant la lecture de la Méguila.
11. Les bénédictions avant la lecture peuvent être récitées par quelqu'un d'autre que le lecteur, à condition que celui-ci ait à l'esprit de vouloir acquitter par ses bénédictions tous ceux qui s'associent à cette lecture. Il est toutefois préférable que le lecteur, s'il ne s'est pas déjà acquitté de son obligation par une précédente lecture, récite lui-même les bénédictions préliminaires.
12. Dans le cas où le lecteur s'est déjà acquitté par une précédente lecture, certains pensent que les bénédictions doivent être récitées par une personne de l'assemblée. La coutume est cependant de permettre au lecteur de dire les bénédictions dans tous les cas.
13. Lorsque la lecture publique est faite par un endeuillé (qui se trouve dans la période d'un an consécutive au deuil d'un parent), les bénédictions seront récitées par quelqu'un d'autre, en raison de la bénédiction de « Chéhé'héyanou » qui ne peut être récitée en public par l'endeuillé.
14. Certains pensent que l'endeuillé n'est même pas autorisé à faire la lecture publique de la Méguila, tout comme il n'est pas autorisé à officier pendant la fête. Toutefois, s'il s'agit de l'officiant attitré de la synagogue, et que nul autre n'est capable de lire aussi bien que lui, il lui sera permis de faire la lecture avec toutes les bénédictions.
15. Selon tous les avis cependant, il est permis à l'endeuillé de faire la lecture de la Méguila à la maison afin d'acquitter les membres de sa famille. Il pourra alors faire la lecture avec toutes les bénédictions (y compris « Chéhé'héyanou »).
16. S'il arrive que le lecteur interrompt la lecture et qu'il ne puisse pas la poursuivre, il sera permis à quelqu'un parmi l'assemblée d'achever cette lecture, sans avoir à reprendre depuis le début, ni à recommencer les bénédictions. Ce dernier devra toutefois compter parmi ceux qui ont écouté les bénédictions et avaient l'intention de s'acquitter de leur obligation par la lecture qui a été interrompue.
La bénédiction de conclusion
17. A la fin de la lecture, on a coutume de réciter la bénédiction « harav ète rivénou », afin de conclure par une formule de remerciement adressée à D.ieu pour les miracles dont Il nous a gratifiés.
18. Cette bénédiction ne doit être récitée qu'à la conclusion d'une lecture publique qui réunit un minimum de dix personnes. Elle peut être récitée par le lecteur lui-même, ou par toute autre personne parmi l'assemblée.
19. Cette bénédiction doit suivre immédiatement la lecture de la Méguila sans interruption. En cas d'interruption, cette bénédiction sera néanmoins récitée.
20. Dans la plupart des communautés on a toutefois coutume de rouler la Méguila avant de réciter cette bénédiction, par respect pour le rouleau sacré.
Chez ‘Habad cependant, la Méguila est laissée déroulée pendant la récitation de cette bénédiction.
21. A la suite de cette bénédiction, le passage « Chochanat Yaakov » est récité par le lecteur et tous les membres de l'assemblée. Dans ce passage doit obligatoirement figurer les mentions : « Maudit soit Haman, béni soit Mordékhaï », « Maudite soit Zérech,1 bénie soit Esther », « Maudits soient tous les méchants, bénis soient tous les Justes », « Que soit cité en bien le nom de 'Harbonah » (il s'agissait du Prophète Eliahou qui avait pris l'apparence d'un conseiller du roi pour suggérer au roi qu'Haman soit pendu).
22. Ce passage doit être récité même après une lecture individuelle.
La lecture faite pour les femmes
23. Il a déjà été mentionné au chapitre précédent qu'il est préférable qu'une femme ne fasse pas elle-même la lecture de la Méguila, mais plutôt que celle-ci soit lue devant elle par son mari ou quelqu'un d'autre.
24. Cette lecture doit être précédée de toutes les bénédictions appropriées. Toutefois, la coutume chez les Achkénazim et ‘Habad est que la première bénédiction soit conclue par « lichmoa Méguila » plutôt que « al mikrah Méguila » (l'obligation de la femme étant, selon eux, d'écouter la Méguila, et non de la lire). Toutefois, en cas d'erreur, la formule « al mikrah Méguila » reste acceptable.
25. Certains ont coutume que ce soit le lecteur qui récite cette bénédiction ainsi que les deux autres bénédictions préliminaires, en ayant à l'esprit d'acquitter les femmes qui l'écoutent. Elles devront par ailleurs, avoir elles-mêmes l'intention de s'acquitter des bénédictions, ainsi que de la lecture qui leur est faite.
26. Cependant, la coutume plus largement répandue est que (dans la mesure où le lecteur ne doit pas lui-même s'acquitter par sa lecture), l'une des femmes de l'assemblée récite les bénédictions en ayant à l'esprit d'en acquitter les autres.
27. Lorsqu'il n'y a pas d'autre possibilité, il a déjà été dit qu'il est permis à une femme de faire la lecture pour elle-même ou un groupe de femmes. Dans ce cas aussi, toutes les bénédictions appropriées seront récitées.
28. Lorsque la lecture est faite en présence d'un groupe de dix femmes, la bénédiction de conclusion (« harav ète rivénou ») est récitée, tout comme dans le cas d'une assemblée d'hommes. Le passage « Chochanat Yaakov » doit toujours être récité à la suite.
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