Vezot Haberakha – La bénédiction finale
La onzième et dernière section du Deutéronome conclut le troisième et dernier discours d’adieu de Moïse au peuple juif. Elle commence par la bénédiction (vezot haberakha, en hébreu) que Moïse prononça à l’adresse de chacune des douze tribus, et se termine par le récit de sa mort. Tout comme la bénédiction de Jacob à ses fils conclut le récit de sa vie et la Genèse, de même la bénédiction de Moïse à son peuple termine le récit de sa vie et le Deutéronome.
Comme dans la bénédiction de Jacob, Moïse bénit le peuple aussi bien dans son ensemble que comme agrégat de tribus individuelles, bénissant chacune des qualités uniques dont elle aura ensuite besoin pour remplir son rôle dans l’intérêt commun du peuple. Pourquoi D.ieu jugea-t-Il nécessaire que Moïse bénisse le peuple alors que Jacob l’avait déjà fait ? Qu’ajoutaient les bénédictions de Moïse à celles de Jacob ?
La différence entre les bénédictions de Jacob et celles de Moïse tient dans le rôle qu’eut chacun dans la formation du peuple. Jacob, le dernier et le plus accompli des patriarches, fut le père du peuple ; Moïse fut son premier dirigeant. Ainsi, même si les bénédictions s’apparentent dans leur contenu, elles diffèrent par leur nature en vertu de leur source : les unes sont les bénédictions d’un père à sa famille ; les autres, celles d’un dirigeant à son peuple.
En sa qualité de chef du peuple, Moïse réussit à éveiller les bénédictions de D.ieu de manière plus tangible que Jacob, car un chef doit accomplir de plus grands sacrifices pour remplir son rôle qu’un père pour remplir le sien. En effet, nous voyons dans les récits de la Torah que, si Jacob lutta effectivement pour éduquer et protéger sa famille, Moïse dut affronter des défis bien plus conséquents, risquant jusqu’à sa vie pour le bien de son peuple à plus d’une occasion. Il était donc naturel que les plus grands efforts de Moïse suscitent une plus grande considération de la part du Ciel.
L’efficacité supérieure des bénédictions de Moïse est évoquée par le fait qu’elles s’ouvrent ainsi : « Ceci est la bénédiction… », contrairement à celles de Jacob. Le pronom démonstratif ceci indique que la bénédiction qui suit était si palpable qu’elle pouvait virtuellement être indiquée du doigt.
Or, la raison ultime du fait que Moïse ait eu à prononcer les bénédictions du peuple une fois encore est qu’il constitue lui-même le canal de la Torah, source de toute bénédiction. La Torah étant notre guide pour la vie, toutes les bénédictions doivent être reçues et utilisées en conformité avec ses instructions, car c’est seulement ainsi qu’elles peuvent accomplir leur but, qui est de nous permettre de transformer le monde en demeure sainte de D.ieu. Aussi, malgré la distance relative de Moïse vis-à-vis des affaires de la vie quotidienne (par rapport à la familiarité dont témoigna Jacob à leur égard), c’est lui qui eut à répandre sur le peuple les bénédictions ultimes de D.ieu.
Nos sages nous enseignent en outre1 que, le jour de sa mort, Moïse atteint la cinquantième « porte de la compréhension (bina) », normalement inaccessible ; cela est compris de même dans sa bénédiction du peuple. Ce fait explique pourquoi cette paracha (appelée « bénédiction ») inclut la vision de Moïse du futur, du haut du mont Nebo, ainsi que le récit de sa mort, même si la vision du futur n’est pas une bénédiction en soi et que le décès de Moïse semble même aller à l’encontre de toute bénédiction. Moïse réussit à nous transmettre sa perception divine au-delà de la nature qui lui fut accordée sur le mont Nebo le jour de sa mort ; cette conscience divine accrue est la bénédiction sublime, la plus élevée possible.
La vision de l’avenir du peuple que D.ieu accorda à Moïse, qui comprend la vision de la Délivrance messianique, est certainement une conclusion appropriée pour la Torah, car, comme nous le savons, la Torah fut donnée à l’humanité afin de nous permettre de faire du monde la demeure de D.ieu, et ce but ne sera atteint qu’à l’avènement de la Délivrance. On nous enseigne que Moïse, le premier libérateur, sera aussi le libérateur ultime,2 et qu’une étincelle de son âme est présente dans chaque génération,3 dans les dirigeants de cette génération4 ainsi que dans chacun de nous à titre individuel.5 Ainsi, les bénédictions de Moïse sont parfaitement transmises dans la mesure où nous considérons la Torah comme notre guide pour vivre pleinement notre vie, pour nous lier à D.ieu, et pour transformer notre vie et notre monde en la vraie demeure de D.ieu.6
Commencez une discussion