Depuis la nuit des temps, le Jardin d’Éden – le Gan Eden en hébreu, appelé aussi le Paradis, a suscité d’innombrables conjectures sur sa situation géographique, alimentant un débat millénaire qui ne cesse d’intriguer les esprits.
Cependant, toute discussion sur l’emplacement du Jardin d’Éden doit être précédée de quelques points importants.
Les mystiques expliquent que le terme « Jardin d’Éden » peut désigner deux concepts distincts :
- Le « Jardin d’Éden supérieur », un lieu purement spirituel où l’âme se rend après la mort, également appelé Gan Eden harou’hani ou « Jardin d’Éden spirituel » ;
- Le « Jardin d’Éden inférieur », où D.ieu plaça Adam après sa création, comme le relate le livre de la Genèse. C’est ce « Jardin d’Éden physique » – Gan Eden hagachmi – que l’homme recherche depuis des milliers d’années.
De plus, le Talmud1 souligne que lorsque nous disons « Jardin d’Éden », nous faisons techniquement référence à deux lieux distincts, le « Jardin » d’une part, et « Éden » d’autre part, comme l’exprime le verset : « Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin ».2 Toute discussion sur le Jardin d’Éden ne porte que sur le « Jardin », car concernant « Éden », le verset déclare : « Nul œil ne l’a vu, D.ieu, hormis Toi... »3
Cela étant dit, nous pouvons maintenant nous pencher sur la question qui nous intéresse.
Les quatre fleuves
Toute recherche du jardin devrait commencer par la description de la Genèse :
« Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait pour former quatre bras. Le nom du premier est Pichone ; c’est celui qui entoure tout le pays de ‘Havila, où se trouve l’or. L’or de ce pays est bon ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx. Le nom du deuxième fleuve est Gui’hone ; c’est celui qui entoure tout le pays de Kouch. Le nom du troisième fleuve est ‘Hidékel ; c’est celui qui coule à l’orient d’Achour. Et le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate. »4
À première vue, localiser l’emplacement du Jardin d’Éden semble relativement simple. Il suffit de trouver la source de ces quatre fleuves, et là se trouve le Jardin d’Éden. De fait, beaucoup ont spéculé sur l’identité de ces quatre fleuves et recherché leur source.
Et pourtant, nous ne savons toujours pas où se trouve cette mystérieuse source. En fait, dans le Talmud, Reich Lakich s’interrogeait sur l’emplacement de l’entrée du Jardin d’Éden : en Israël, en Arabie ou entre les fleuves de Babylonie.5
Le Paradis perdu sur l’équateur
La question qui se pose naturellement est la suivante : si le Jardin d’Éden est effectivement un lieu physique, comment expliquer qu’après tant d’années, nous ne parvenions toujours pas à le localiser ?
Selon les mystiques,6 le Jardin d’Éden est un lieu réel situé sur l’équateur (ou environ 32 degrés au sud de Jérusalem). Sa localisation s’explique par le fait que le nord correspond à l’attribut de guevoura (rigueur) et le sud à celui de ‘hessed (bonté), le Jardin englobant ces deux aspects.
Parallèlement, ils expliquent que le Jardin d’Éden a été conçu comme un espace situé sur un plan supérieur, à mi-chemin entre les royaumes spirituel et physique. À l’origine, lorsqu’Adam fut créé et avant qu’il ne pèche avec l’Arbre de la Connaissance, il était lui aussi plus raffiné et capable d’être dans ce plan supérieur. Après avoir péché et introduit la mort dans le monde, il devint plus matériel, et son corps ne fut plus apte à demeurer physiquement dans ce plan supérieur. En conséquence, il fut « expulsé » du Jardin. Depuis lors, nous sommes incapables ne serait-ce que de percevoir le véritable Jardin d’Éden, même si nous connaissions son emplacement.
Néanmoins, lors de la rédemption finale, quand le monde et ses habitants auront atteint un état de raffinement complet, nous serons en mesure de percevoir le Jardin d’Éden et d’y pénétrer. Puisse cela arriver rapidement, de nos jours !
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