Le rabbin de Cracovie, Rabbi Yoel Sirkes (1560-1640), appelé aussi du nom de son œuvre « le Ba’h »,1 avait un riche disciple à qui il enseignait à être généreux avec les bienfaits que D.ieu lui avait accordés.

Un jour, un aubergiste se plaignit au Ba’h que quelqu’un essayait de s’emparer du bail de son auberge en offrant au propriétaire des sommes d’argent plus importantes. Si cet homme réussissait, l’aubergiste perdrait son gagne-pain.

Le Ba’h fit venir son riche étudiant et lui fit part de la situation critique de l’aubergiste. Le disciple connaissait le propriétaire et accepta d’intercéder pour qu’il ne loue pas l’auberge à quelqu’un d’autre. Cependant, il devait d’abord se rendre à la grande foire de Leipzig, après quoi il se rendrait dans la ville de l’aubergiste où il s’occuperait de l’affaire.

L’aubergiste le supplia de s’en occuper d’abord. Il craignait qu’au retour du marchand, il n’ait déjà perdu sa maison et sa source de revenus.

L’homme riche fit asseoir l’aubergiste désemparé et lui dit qu’il devait renforcer sa foi. « Tu n’as pas besoin d’aider D.ieu avec tes calculs, lui dit-il. D.ieu prendra soin de toi. N’aie pas peur. »

Lorsque l’aubergiste rentra à la maison et raconta le plan à sa femme, elle fut complètement affolée et réprimanda son mari pour avoir laissé l’homme retarder son aide.

Mais finalement, tout se passa pour le mieux. Lorsque le riche homme revint de la foire, il se rendit dans la ville de l’aubergiste, parla au propriétaire, s’arrangea pour que l’aubergiste conserve son bail et obtint la garantie que le propriétaire ne louerait l’auberge à personne d’autre au cours des dix prochaines années.

L’aubergiste et sa femme étaient soulagés, ravis et immensément reconnaissants.

Plusieurs années plus tard, le riche disciple décéda avant son maître. Il apparut en rêve au Ba’h, et dit qu’il souhaitait transmettre ce qui lui était arrivé lorsqu’il était monté au Ciel :

« Après que mon cas ait été entendu par la Cour Céleste, j’ai été heureusement jugé favorablement, et amené au Gan Éden. L’arôme du Gan Éden ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu sentir auparavant, et je ne ressentais que de la bonté.

« Soudain, je vis un ange marcher vers moi. Il m’empêcha d’avancer et se mit à me traîner hors du Gan Éden !

« Je lui ai demandé : “Qui es-tu ? Et pourquoi m’emmènes-tu hors de cet endroit merveilleux ?” Il répondit : “Je suis l’ange créé par la mitsva que tu as accomplie en sauvant l’aubergiste et sa famille de la ruine financière. Mais tu n’as aucune idée du nombre de larmes, de peine et de scènes de ménage que tu as causées en retardant ton aide jusqu’à ton retour de la foire.”

« L’ange m’a ramené devant la Cour céleste, qui décida que je devrais attendre aux portes du Gan Éden pendant le même temps que j’avais fait attendre l’aubergiste jusqu’à ce que je l’aide.

« J’ai voulu vous transmettre cette histoire afin que d’autres personnes puissent être instruites de l’importance de ne pas retarder l’aide à ceux qui sont dans le besoin », conclut l’âme du riche.


Avons-nous la possibilité d’aider quelqu’un ? Et si c’est le cas, le faisons-nous le plus tôt possible ?