8:2 Lorsque tu allumeras. Ainsi dit le roi Salomon : « La lampe de Dieu est l’âme de l’homme. »1 La flamme d’une bougie scintille constamment vers le haut. L’âme s’efforce constamment de se relier à sa source spirituelle. Or, parfois l’âme est tellement aveuglée par son environnement qu’elle en oublie sa soif naturelle de Divinité. Telle est la raison pour laquelle les lampes doivent être allumées.2

Allumer les lampes. Pour ce faire, Aharon devait monter trois marches. Cela nous enseigne que, lorsque l’on allume l’étincelle du judaïsme en nous-mêmes ou en une autre personne, on en tire du même coup un bénéfice spirituel : nous atteignons un niveau plus élevé. Cette élévation touche non seulement notre tête – notre intellect et notre conscience – mais notre corps tout entier, dans tous les aspects de notre vie. En réalité, nous nous élevons avant même de réussir à influencer effectivement l’autre, car la décision même d’aider les autres produit déjà un effet sur nous.3

Bien que ce soient les prêtres qui d’habitude allument le candélabre, les Juifs non prêtres y sont également autorisés.4 Cela nous enseigne que ce ne sont pas seulement les « Aharon » – les professionnels de la religion – qui doivent allumer les « lampes » humaines. Chacun de nous a la responsabilité d’aller en quête de ceux dont les âmes ne sont pas encore enflammées par la lumière de la sainteté et les embraser.

Néanmoins, c’est à Aharon que la Torah ordonne d’allumer le candélabre. Cela signifie que, pour enflammer une autre personne ou éclairer un aspect de la réalité, nous devons imiter le grand prêtre – qui avait pour seul intérêt et réalité Dieu et la Torah – ; le pouvoir nous a été accordé de le faire.5

Lorsque tu allumeras les lampes. Littéralement, cela se traduit comme « lorsque tu élèveras les lampes ». « Élever » une flamme signifie maintenir le feu sur la mèche jusqu’à ce qu’elle brûle par elle-même.6 Au sens spirituel, cela signifie que, lorsque nous « allumons la flamme » de notre âme ou de celle d’une autre personne, nous ne devons pas seulement lui donner une inspiration rapide et nous tourner ensuite vers autre chose. Nous devons rester à proximité et nourrir la flamme de son âme jusqu’à ce qu’elle devienne une lumière stable et autonome.7

7 Nous sommes rituellement impurs. Ces Juifs comprenaient la raison pour laquelle il ne leur était pas permis d’offrir le sacrifice avec le reste du peuple ; ils avaient introduit leurs propos par : « Nous étions impurs. » Mais ils continuaient d’implorer : « Pourquoi nous laisserait-on de côté ? »

Leur plainte amena Dieu à nous accorder la fête et l’opportunité du second Pessa’h, une seconde occasion de rachat.

Nous devons nous inspirer de leur exemple. Comme eux, nous sommes spirituellement impurs, car nous vivons en exil ; aussi, il ne nous est pas donné d’apporter les offrandes de Pessa’h. Mais si nous implorons sincèrement Dieu – exigeant l’occasion de nous lier à Lui, sentant que toute occasion ratée de Le servir remet en question notre existence, et Lui rappelant Sa responsabilité pour notre impureté –, Il nous délivrera certainement de l’exil et nous donnera l’occasion de nous lier étroitement à Lui.8

La leçon du second Pessa’h est qu’il n’est jamais trop tard pour redresser les erreurs. Même à quelqu’un qui est spirituellement impur ou s’est écarté du domaine de la sainteté, Dieu offre encore une occasion de réécrire le passé et d’amender ses fautes.9

9:23 Sur l’ordre de l’Éternel ils campaient. Les enfants d’Israël ne savaient jamais à l’avance combien de temps ils resteraient dans un camp donné : ce pouvait être un seul jour comme de longues années. Néanmoins, à chacune des étapes ils dressaient le Tabernacle au grand complet, suivant les instructions de Dieu pour maintenir le Sanctuaire en fonctionnement à tout moment.

Cela nous enseigne deux leçons importantes. Tout d’abord, nous devons reconnaître que c’est Dieu qui nous guide à travers tous nos voyages dans la vie, qu’ils soient géographiques, émotionnels, mentaux ou spirituels. Nous devons certainement faire nos plans personnels basés sur les buts de notre vie, mais nous devons en même temps réaliser que Dieu sait quand il est dans notre meilleur intérêt de rester dans une étape de la vie ou de passer à la suivante, et qu’Il arrange les choses en conséquence.

Deuxièmement, lorsque nous nous trouvons dans des situations temporaires, nous ne devons pas « mettre nos vies en suspens ». Dieu Se trouvant au-delà du temps et de l’espace, lorsque nous nous lions à Lui ne serait-ce qu’un instant, cet instant dure à jamais. Qu’un périple personnel dure une décennie ou une journée, nous pouvons en faire un sanctuaire, imprégné de l’éternité de la présence de Dieu.10

10:9 Si vous allez en guerre. Dans un sens allégorique, nous menons une guerre sans répit : la guerre contre notre mauvais penchant. La lutte devient particulièrement ardue pendant la prière, lorsque le mauvais penchant essaie de distraire notre attention de Dieu et nous empêcher d’approfondir notre relation avec Lui.

La « trompette » allégorique que nous sonnons pour mobiliser l’aide de Dieu contre le mauvais penchant est le cri de notre cœur déchiré, les larmes silencieuses que nous versons du fait que nous sommes si vulnérables aux machinations du mauvais penchant.11

Mais nous voyons ici que nous devons faire retentir les trompettes non seulement en pleine bataille, mais également lorsque nous avons vaincu l’ennemi, et même lors des réjouissances. L’acte de sonner de la trompette en ces occasions nous rappelle que notre victoire sur le mauvais penchant n’est jamais définitive, et qu’il ne faut jamais permettre à notre réussite de prendre ce que nous avons de meilleur. Le mauvais penchant trouve sans cesse de nouvelles manières de nous piéger ; aussi, nous devons être constamment sur nos gardes et faire toujours appel à l’aide et à la miséricorde de Dieu.

Les sacrifices mentionnés ici reflètent les deux étapes fondamentales dans notre approche de Dieu. La première étape est l’offrande d’élévation, dont la chair et la graisse sont entièrement consumées sur l’autel. Premièrement, nous devons nous soumettre à Dieu de manière absolue. La deuxième étape est l’offrande de paix, dont une partie de la chair est consommée par les offrants. Après avoir établi la base de la soumission absolue à Dieu, nous pouvons (et devons) améliorer notre relation avec Lui en comprenant le plus possible Lui et Sa volonté, enflammant notre enthousiasme pour la Torah et ses commandements.

Dans notre vie quotidienne, la dynamique de l’offrande d’élévation s’exprime dans nos prières matinales, la base pour le reste de la journée. Dans la prière, nous abandonnons la conscience de soi et nous attachons à Dieu avec dévouement. La dynamique de l’offrande de paix s’exprime alors que nous menons nos affaires personnelles au long de la journée, lorsque nous gardons toujours à l’esprit que tout ce que nous faisons doit l’être à l’intention du Ciel et pour raffiner notre conscience divine.12

33 L’arche… voyageait… devant eux. Dans tous leurs voyages dans le désert, les enfants d’Israël étaient précédés par cette Arche et par la nuée de Dieu, qui frayaient la voie et déblayaient le chemin des obstacles et des animaux potentiellement nuisibles. Et tel fut le cas au cours de la longue histoire du peuple juif : tout au long de nos voyages, chaque fois que nous avons suivi l’« arche » – autrement dit la lumière de la Torah –, nous avons trouvé le repos spirituel et matériel. Nous sommes protégés des dangers émotionnels et matériels du monde, et pouvons trouver un vrai sens à notre existence.13

23 Ceci est un blasphème. Sur un plan plus profond, Moïse ne remettait pas en question la puissance de Dieu ; il essayait plutôt de Le convaincre de ne pas anéantir les transgresseurs. Il dit : « Abattrait-on à leur intention un troupeau de brebis et un troupeau de bœufs pour en faire leur dernier repas ? Te verra-t-on compatissant si Tu leur donnes à manger pour les tuer ensuite ? » À cela, Dieu répondit : « Si Je les tue sans les nourrir d’abord, il semblera que Je l’ai fait parce que Je n’étais pas en mesure de répondre à leur demande. La puissance de Dieu devrait-elle paraître limitée ? Non, Je dois d’abord les rassasier et ensuite les tuer. » Moïse tenta alors d’argumenter que ce serait là un acte gratuit. Il dit : « Crois-Tu que, si l’on abattait pour eux un troupeau de brebis et un troupeau de bœufs, cela leur suffirait-il ? Peu importe ce que Tu feras, ils ne seront pas satisfaits ; ils demanderont encore quelque chose d’autre. » Dieu répondit à Moïse une fois de plus de la même manière : « Ce que tu dis est vrai, mais si Je ne fais rien, le peuple dira que Je n’avais aucun moyen d’assouvir leur demande. La puissance de Dieu devrait-elle paraître limitée ? » Moïse dit : « Laisse-moi essayer de les apaiser. » Dieu répondit : « Vas-y, mais ils ne t’écouteront pas. Tu verras bientôt si ce que J’ai dit – qu’ils ne t’écouteront pas – t’arrive ou non. »

11:24 Il rassembla. Pour accomplir la première directive de Dieu, Moïse prit soixante-douze billets, écrivit le mot hébreu pour « ancien » sur soixante-dix d’entre eux, et en laissa deux en blanc. Il prit ensuite six anciens de chaque tribu, soit un total de soixante-douze, et fit prendre à chacun un billet de la boîte. Les soixante-dix qui tirèrent le billet avec le mot « ancien » dessus devinrent les soixante-dix élus comme assistants de Moïse ; les autres ne le furent pas. Ce fut ainsi qu’il évita d’éveiller de la jalousie parmi les tribus.

34 Tombes de l’Envie. Dans son sens simple, ce nom évoque la calamité qui survint dans le lieu ainsi dénommé : là-bas, le peuple juif subit une chute spirituelle comme matérielle. Pourtant, ce fut bien une des quarante-deux étapes du voyage du peuple juif allant de l’Égypte à la terre d’Israël.14 Chacune d’elles – enseigne le Baal Chem Tov – est un pas d’un parcours spirituel ; et ces pas, ensemble, constituent le tremplin que chaque Juif doit gravir lors de son passage des contraintes de la matière au sommet de la sainteté. Dans ce contexte, le nom « tombes de l’Envie » signifie que c’est l’étape du service divin où le désir impropre est vaincu et enterré à jamais. Ce degré de spiritualité est d’une telle intensité que la possibilité d’envies et de désirs matériels n’est plus.15

12:1 Miriam et Aharon médirent. Un mois plus tôt, lorsque Dieu avait accordé le don de prophétie aux soixante-dix anciens, Miriam se tenait à côté de Tsipora et de Moïse lorsque Guerchom courut vers ce dernier et dit : « Eldad et Meidad prophétisent dans le camp ! » Entendant cela, Tsipora s’était exclamée : « Malheur à leurs femmes s’ils sont devenus des prophètes, car désormais ils se sépareront d’elles, comme Moïse l’a fait de moi ! » Miriam supposa que Moïse avait agi ainsi parce qu’il était de l’avis qu’un prophète ne devait pas se rendre impur en ayant des relations conjugales,16 tout comme Dieu avait ordonné au peuple entier de s’abstenir de ces relations pour se préparer à la révélation qui aurait lieu lors du don de la Torah.17 Cependant, elle savait de même qu’elle et son frère Aharon avaient également reçu des révélations prophétiques sans être tenus pour autant de se séparer de leurs conjoints, de sorte qu’elle en vint à penser que l’idée de se séparer était issue de Moïse lui-même, et elle la considéra comme injuste envers Tsipora. Pour aggraver les choses, Moïse avait à l’époque divorcé de Tsipora.18 Mais, au lieu d’affronter Moïse en privé à ce sujet, comme il convient,19 Miriam en parla à Aharon.

3 Moïse était extrêmement humble. L’humilité n’est pas le résultat d’une sous-estimation de notre vraie valeur. Moïse avait pleine conscience d’être un individu extraordinaire, qui avait été choisi par Dieu pour guider le peuple juif hors d’Égypte et recevoir la Torah en son nom. Cependant, Moïse était également de l’avis que, si Dieu avait accordé à quelqu’un d’autre les qualités éminentes dont il avait été doté, cette personne aurait pu atteindre un niveau encore plus élevé que le sien.

L’humilité est souvent comprise à tort comme un simple manque d’orgueil : ainsi, nous serions « humbles » si nous nous sentons supérieurs aux autres à condition de ne pas nous en vanter ! Or la vraie humilité est celle qu’on apprend de Moïse. Il nous faut être pleinement conscients de tout trait de grandeur que nous possédons, mais l’attribuer à Dieu plutôt qu’à nous-mêmes. Cela nous permet de respecter les autres et de les voir sous un jour positif, par cela même que Dieu les a bénis avec leurs propres qualités uniques.20

15 Jusqu’à ce que Miriam fût réintégrée. Ce verset contient un message portant sur l’histoire entière du peuple juif. Sans « Miriam », sans la femme juive, le peuple juif ne saurait avancer vers son destin. Tous les Moïse et les Aharon du monde ne peuvent remplacer Miriam. Aussi, les femmes doivent jouer un rôle actif dans tous les aspects de la vie juive, et notamment dans l’éducation de la prochaine génération, car c’est la voie par laquelle le peuple juif progresse vers son but ultime.21