Première lecture – Richone

De Souccot à Eitam

13:17 Comme il a été mentionné ci-dessus,1 il se trouvait des Hébreux qui hésitaient à quitter l’Égypte et braver le désert inconnu, pensant que les Égyptiens les traiteraient mieux à présent qu’ils avaient tant souffert à cause des plaies. Pharaon dut faire sortir ces gens d’Égypte par la force. Comme ils ne partirent pas de bon gré, mais que Pharaon dut renvoyer ce peuple, Dieu ne les dirigea pas de Souccot en passant par la Philistie du fait que l’endroit se trouvait proche, et dès lors il aurait été facile pour le peuple de retourner en Égypte. Car Dieu dit : « Le peuple pourrait se raviser à la vue des habitants de la terre d’Israël allant à la guerre contre eux et retourner en Égypte. »2

18 Aussi, Dieu mena à la place le peuple par la route du désert, vers l’autre côté de la mer des Joncs, c’est-à-dire vers le nord par rapport à Souccot,3 le long de la rive ouest de la mer, puis vers le sud, le long de la rive est de la mer, allant dans la direction d’Eitam, qui se trouve à la lisière du désert.4 Les enfants d’Israël portaient des armes, qu’ils avaient prises avec eux lorsqu’ils partirent d’Égypte.

19 Moïse prit avec lui les ossements de Joseph ainsi que ceux de ses frères, car Joseph avait fait prêter serment aux fils d’Israël (soit Jacob) de lier par un serment leurs descendants, en disant : « Dieu Se souviendra certainement de vous et de vos descendants, et, lorsqu’Il le fera, vous devrez leur faire emporter mes ossements d’ici en même temps que les vôtres. »5

20 Ainsi, le 16 Nissan ils partirent de Souccot et campèrent à Eitam, au bord du désert.

21 Dès Souccot, l’Éternel allait au-devant d’eux ; de jour, sous la forme d’un ange dans une colonne de nuée,6 de sorte qu’il les guidait le long du chemin ; et la nuit, dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils puissent voyager de jour et de nuit.

22 Dieu ne retira pas la colonne de nuée durant le jour, ni la colonne de feu durant la nuit, de devant le peuple. Aucun des piliers ne disparaissait jusqu’à ce que l’autre vînt prendre sa place.

De Eitam à Pi Ha’hirot : le leurre des Égyptiens

14:1 Le jour suivant, le 17 Nissan, l’Éternel parla à Moïse, disant :

2 « Bien que les Égyptiens aient souffert à cause des plaies, seuls leurs premiers-nés sont morts. Le reste d’entre eux n’a pas encore reçu la punition qu’ils méritent pour avoir asservi les Juifs.7 En outre, tant que l’armée égyptienne subsistera, les Juifs ne se sentiront jamais entièrement délivrés de leur menace. Aussi, parle aux enfants d’Israël et dis-leur de retourner à Souccot – voyageant d’abord vers le nord, le long de la rive orientale de la mer des Joncs, et après vers le sud, le long de sa rive occidentale. Puis campez dans la vallée devant les deux pics de la formation rocheuse qui sera désormais connue sous le nom de Pi Ha’hirot [“la Bouche de la Liberté”], car c’est là que Je balaierai le reste des Égyptiens, délivrant ainsi complètement les Hébreux. Ordonne au peuple de camper entre Migdol et la mer, s’arrêtant devant le monument consacré à Baal Tséfon, la seule idole égyptienne que J’ai laissée intacte afin de leurrer les Égyptiens en leur faisant croire qu’ils peuvent encore garder quelque espoir de vous vaincre. Vous camperez face à elle, près de la mer.

3 Au moment où il apprendra qu’ils sont en train de battre en retraite, Pharaon dira à propos des enfants d’Israël : “Ils sont piégés dans le pays ; le désert s’est refermé sur eux et ils ne savent pas du tout comment s’en sortir.”

4 Je rendrai Pharaon obstiné et il les poursuivra. Ainsi, Je serai glorifié aux yeux du monde par Pharaon et toute son armée en raison de la fin qu’ils subiront, et les Égyptiens – ceux qui mourront là-bas ainsi que ceux qui sont restés en Égypte – reconnaîtront enfin que Je suis l’Éternel. Étant donné que Pharaon fut l’initiateur de votre asservissement, lui-même sera le premier à trouver la fin. » Bien qu’il ait semblé qu’en reculant les Hébreux se dirigeaient vers le cœur du danger, ils firent cela en disant : « Nous avons confiance en Moïse. » Ils gagnèrent Souccot ce jour même et attendirent.8

Pharaon poursuit les Hébreux

5 Le jour suivant, le 18 Nissan, les officiers envoyés par Pharaon avec le peuple virent que, bien que le peuple se soit dirigé vers l’Égypte, il n’était pas retourné à Gochen. Aussi, ils allèrent en informer Pharaon. Lorsque l’on rapporta au roi d’Égypte que le peuple s’était enfui, le cœur de Pharaon et de ses courtisans fut transformé à l’égard du peuple. Leur venant à l’esprit tous les biens qu’ils leur avaient « prêtés », ils dirent : « Qu’avons-nous fait là, de renvoyer Israël de notre service ? »

6 Le 19 Nissan, Pharaon attela son char lui-même et convainquit son peuple d’aller avec lui. Il leur rappela les grandes souffrances qu’ils avaient endurées à cause des Juifs et comment ces derniers leur avaient sournoisement dérobé leurs possessions. En outre, il promit de les mener personnellement au combat et de partager avec eux le butin à parts égales.

7 Il prit six cents chars d’élite ainsi que le reste des chars d’Égypte, et des officiers commandaient le tout.

8 Avant de partir, Pharaon eut un moment d’hésitation, mais l’Éternel rendit Pharaon, le roi d’Égypte, obstiné, et il se lança à la poursuite des enfants d’Israël. Cela lui prit deux jours – le 19 et le 20 Nissan – pour les rejoindre. À la différence de l’hésitation de Pharaon, les enfants d’Israël étaient partis triomphalement, confiants en la capacité assurée de Dieu de vaincre les Égyptiens.

Deuxième lecture – Cheni

Les Hébreux paniquent

9 Les Égyptiens – tous les attelages de Pharaon, ses cavaliers et son armée – les poursuivirent et les atteignirent vers le crépuscule du 20 Nissan, pendant qu’ils campaient sur la rive de la mer des Joncs, près de Pi Ha’hirot, devant Baal Tséfon.

10 Pharaon se rapprocha des premiers rangs, comme il l’avait promis.9 Les enfants d’Israël levèrent les yeux et aperçurent les Égyptiens s’avançant à leur arrière-garde dans une formation militaire exemplaire, faisant ainsi la preuve qu’ils partageaient tous la même haine féroce des Hébreux.10 Ils levèrent leurs yeux et aperçurent aussi l’ange gardien de l’Égypte venant à l’aide des Égyptiens. Au moment où ils virent et l’armée et l’ange, ils furent pris d’effroi. Bien qu’ils savaient qu’ils n’avaient rien à craindre, puisque Dieu leur avait promis de les conduire sains et saufs sur la terre d’Israël, les enfants d’Israël firent ce que leurs ancêtres avaient toujours fait, même en l’absence d’un danger réel : ils crièrent vers l’Éternel.11

11 Mais la proximité du danger les conduisit bientôt à tenir des propos insolents en dépit de leur confiance en Dieu. Ils dirent à Moïse : « Est-ce faute de tombes en Égypte que tu nous as emmenés pour mourir dans le désert ? Que nous as-tu fait en nous faisant sortir d’Égypte ?

12 N’est-ce pas là ce que nous t’avons dit en Égypte, lorsque Datan et Aviram dirent : “Ne vous occupez pas de nous et laissez-nous servir les Égyptiens” ?12 Car mieux vaut servir les Égyptiens que de mourir dans le désert ! » D’un autre point de vue, les gens exprimèrent ces plaintes lorsqu’ils virent que les Égyptiens continuaient à s’approcher, même après leurs prières ; ou bien, seuls certains d’entre eux croyaient encore en la promesse de Dieu, tandis que d’autres devinrent la proie de doutes.13 En tout cas, ce fut la première fois que le peuple mit en cause la capacité de Dieu de venir à leur secours.14

13 Mais Moïse dit au peuple : « Ne craignez rien. Tenez-vous fermes et vous serez témoins de la délivrance que l’Éternel accomplira pour vous en ce jour, car les Égyptiens que vous avez vus aujourd’hui, vous ne les reverrez plus jamais.

14 L’Éternel combattra pour vous ; et vous, gardez le silence ! »

Troisième lecture – Chelichi

Dieu donne Ses instructions à Moïse

15 Puis Moïse entama une longue prière à Dieu. Mais l’Éternel dit à Moïse : « Que m’implores-tu ? Les Égyptiens sont presque sur vous. Ce n’est pas le moment de longues prières. Et de toute façon, le résultat de cette situation ne dépend pas de toi, mais de Moi. En ce qui concerne ce qu’il faut faire : parle aux enfants d’Israël, qu’ils reprennent leur marche ! Par le mérite de leurs ancêtres, ajouté à la foi en Moi dont ils firent preuve lorsqu’ils partirent d’Égypte,15 la mer des Joncs s’ouvrira devant eux !

16 Toi, prends ton bâton, lève ton bras sur la mer des Joncs et divise-la, et les enfants d’Israël entreront au milieu de la mer sur la terre sèche.

17 Pour Ma part, Je vais rendre les Égyptiens entêtés afin qu’ils y entrent après eux. Je serai ainsi glorifié aux yeux du monde à travers ce qui arrivera à Pharaon et à toute son armée, à ses chars et à ses cavaliers lorsque Je les noierai dans la mer.

18 Les Égyptiens, aussi bien ceux qui se trouvent ici que ceux qui sont demeurés en Égypte, apprendront enfin que Je suis l’Éternel quand Je serai ainsi glorifié par Pharaon, ses chars et ses cavaliers. »

Dieu protège les Hébreux

19 Au crépuscule, comme les Égyptiens approchaient, l’ange de l’Éternel, qui marchait dans la colonne de nuée et qui s’était placé en avant du camp d’Israël, se mit à l’arrière d’eux pour empêcher les Égyptiens d’y pénétrer, ainsi que pour absorber les flèches qu’ils pourraient décocher sur eux et les pierres qu’ils leur lanceraient.16 C’est ainsi que la colonne de nuée, au lieu de disparaître comme elle faisait d’habitude, se déplaça elle aussi de devant les Hébreux et se tint à leur arrière. Dès lors que le danger devint palpable pour les Hébreux et tout au long de la nuit qui s’ensuivit, la cour céleste délibéra : fallait-il permettre aux Hébreux de fuir ou bien les laisser se noyer dans la mer avec les Égyptiens ?17

20 Elle vint et se fixa entre le camp égyptien et le camp d’Israël. Ainsi, il y avait nuée et ténèbres pour les Égyptiens, car la colonne de nuée occultait la lumière jaillissant de la colonne de feu. Il faisait si sombre pour les Égyptiens qu’ils ne pouvaient rien voir du camp hébreu. Puisqu’ils ne pouvaient déjà plus attaquer les Juifs, l’ange de Dieu n’avait plus de raison d’y rester et se retira.18 Mais les Égyptiens continuèrent à décocher des flèches et à lancer des projectiles, que la colonne de nuée absorbait.19 Or, tandis que pour les Égyptiens il faisait nuit noire, la colonne de feu éclairait la nuit pour les Hébreux. Comme la colonne de nuée bloquait la vue des Égyptiens, un camp ne s’approcha pas de l’autre tout au long des deux premiers tiers20 de la nuit.

La mer se divise

21 Moïse leva le bras au-dessus de la mer. L’Éternel fit reculer la mer toute la nuit au moyen d’un puissant vent d’est – celui dont Il Se sert pour punir les méchants –21 et transforma la mer en terre sèche, et en outre, les eaux du monde entier furent divisées afin que le monde entier apprenne ce miracle. La mer se divisa en douze voies, une pour chaque tribu.22 Les âmes des patriarches « vinrent » à la mer et Dieu leur montra comment Il sauvait leur descendance.23

22 Les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer, sur la terre sèche, et les eaux dressèrent une muraille pour chaque tribu à sa droite et à sa gauche.

23 La colonne de nuée ayant suivi les Hébreux dans la mer, les Égyptiens retrouvèrent la possibilité de voir. Les Égyptiens – tous les chevaux, les chars et les cavaliers de Pharaon – vinrent à la poursuite des Hébreux au milieu de la mer.

Dieu frappe les Égyptiens

24 Bien que les Égyptiens aient été très nombreux, Dieu les mit en échec facilement, comme suit : la nuit est divisée en trois parties, au cours desquelles une « garde » d’anges différente chante, chacune à son tour, les louanges de Dieu. Pendant la troisième veille de la nuit, qui est déjà le début de la matinée, l’Éternel contempla le camp des Égyptiens et les dérouta avec la colonne de feu et la colonne de nuée : la colonne de nuée transforma en boue le fond de la mer que foulaient les Égyptiens, et la colonne de feu fit bouillir cette boue, de sorte que les sabots des chevaux se désagrégèrent. Dieu fit alors tomber toutes les enseignes adossées aux chars, provoquant un bruit de tonnerre. Tout cela jeta la confusion dans le camp des Égyptiens.

25 La boue bouillante brûla les roues des chars, qui s’affaissèrent. Puis Dieu enleva les roues de leurs chars, et ainsi les chevaux les tirèrent sur le lit de la mer. Et Il traita lourdement les Égyptiens, secouant les cavaliers et disloquant leurs jointures. Les Égyptiens s’écrièrent : « Fuyons Israël, car l’Éternel combat pour eux contre l’Égypte ! » En même temps qu’Il frappait les Égyptiens à la mer des Joncs, Dieu frappait aussi ceux qui étaient en Égypte. Lorsque la mer se fendit, les cieux se fendirent aussi, et, comme les Hébreux sortaient de la mer, même les plus humbles d’entre eux eurent une vision prophétique supérieure à celle qu’aucun autre prophète biblique après Moïse ne connaîtrait jamais.24

Quatrième lecture – Revii

26 L’Éternel dit à Moïse : « Étends ton bras sur la mer afin que les eaux qui étaient restées dressées pour permettre aux Hébreux et aux Égyptiens de traverser la mer, retombent et reviennent à leur état habituel, couvrant les Égyptiens, leurs chars et leurs cavaliers avant qu’ils ne quittent la mer. »

27 Moïse étendit son bras au-dessus de la mer et, à l’approche du matin du 21 Nissan, la mer revint à son état normal pendant que les Égyptiens fuyaient vers elle. En effet, la confusion était telle chez les Égyptiens qu’ils fuyaient en allant tout droit vers la mer, plongeant dans les eaux houleuses. Et l’Éternel précipita alors les Égyptiens au sein de la mer : ils tombaient et se relevaient,25 eux et leurs chars,26 leurs corps écartelés par le tiraillement, alors que Dieu les maintenait en vie jusqu’au bout pour qu’ils éprouvent la douleur. Ils s’enfoncèrent dans la boue en rétribution du fait qu’ils avaient forcé les Hébreux à faire des briques de boue,27 et ensuite ils furent jetés contre les eaux qui s’étaient solidifiées dans les profondeurs.28

28 Les eaux refluèrent et couvrirent les chars et les cavaliers de toute l’armée de Pharaon, qui était entrée dans la mer derrière les Hébreux ; pas un d’entre eux ne survécut.

29 Les enfants d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer, les eaux se dressant comme un mur pour eux à leur droite et à leur gauche.

30 Ainsi, en ce jour l’Éternel sauva Israël de l’Égypte. Les sentiers parcourant la mer faisaient des demi-cercles, de sorte que le peuple sortait de l’eau du même côté de la mer par où il était entré, plus au nord, le long du rivage.29 Le peuple ne vit pas les Égyptiens se noyer : les Hébreux craignirent donc qu’eux aussi soient sortis de la mer quelque part le long du rivage. Aussi, ils doutèrent pour la seconde fois de la capacité de Dieu à les sauver.30 Afin de dissiper cette peur, Dieu fit que la mer rende les cadavres des Égyptiens, et Israël vit alors les Égyptiens gisant morts sur le bord de la mer. Une fois que les Hébreux les virent, la terre les engloutit. Par le mérite de Pharaon, qui s’était auparavant soumis à Dieu,31 Dieu leur accorda un ensevelissement approprié.32

31 Lorsque Israël vit le bras puissant que l’Éternel avait exercé contre les Égyptiens, le peuple craignit l’Éternel ; ils eurent foi en l’Éternel et en Moïse, Son serviteur.

Le chant de la mer

15:1 Puis, lorsqu’ils virent que Dieu les avait sauvés miraculeusement et définitivement des Égyptiens,33 Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à l’Éternel. Immergé qu’il était dans une expérience prophétique sublime, Moïse était capable de citer les mots de Pharaon (qu’il n’avait pas entendus) et de prédire les évènements.34 Ils dirent ainsi : « Je chanterai à l’Éternel, car Il est souverainement grand, au-delà de tout autre être souverainement grand ; Lui seul est suprême dans l’absolu. Il est surhumain, car un humain peut à peine faire tomber un cavalier de son cheval, mais Il lance, Lui, à la fois le cheval et le cavalier dans la mer. En outre, je chanterai à l’Éternel même s’Il est souverainement grand, au-delà de mon don d’expression ; ceci, contrairement aux dirigeants humains, loués par le peuple bien au-delà de leur vrai mérite. Cheval et cavalier, Il les a projetés ensemble dans la mer, maintenant miraculeusement les cavaliers en selle tandis que les eaux les bousculaient de haut en bas, les plongeant et les ramenant à la surface, puis les replongeant et ainsi de suite à plusieurs reprises.

2 La puissance et la rétribution de Dieu ont été mon salut. Quand la mer s’est fendue, les cieux se sont ouverts et j’ai eu une vision de Dieu.35 Je l’ai montrée du doigt et j’ai dit : “Voici mon Dieu ! Je Lui bâtirai une Demeure, le Temple. Je proclamerai Sa gloire à toutes les nations de la terre. Je ne serai pas le premier à le faire : Il est le Dieu de mon père – autrement dit, le même Dieu qu’il révérait – et je L’exalterai.”

3 L’Éternel est le maître de la guerre ; l’Éternel livre Ses guerres non par des armes, comme le fait un roi mortel, mais par Son Nom. Et même lorsque l’Éternel S’engage dans la guerre, l’Éternel montre en même temps Son Nom de miséricorde [Havayah] en donnant leur subsistance à toutes Ses créatures.

4 Les chars de Pharaon et son armée, Il les a précipités dans la mer ; l’élite de ses officiers a sombré dans la boue qu’était devenu le lit de la mer des Joncs.

5 Une fois qu’ils ont sombré, ils ont été couverts par les eaux profondes ; ils ont sombré dans les profondeurs comme une pierre.

La puissance de Dieu

6 Ta droite, Éternel, qui est parée de puissance ; Ta même main droite, Éternel, révèle son pouvoir en écrasant l’ennemi. En outre, Ta main droite, Éternel, est parée du pouvoir de faire le bien ; et Ta main gauche, de celui d’infliger des châtiments. Cependant, lorsque Ton peuple obéit à Ta volonté, il détourne le châtiment et fait que Ta main gauche agisse comme Ta main droite, Éternel, afin qu’elle anéantisse l’ennemi au lieu de punir Ton peuple. En outre, Tu écrases l’esprit de l’ennemi uniquement avec Ta main droite, l’Éternel, qui est parée de pouvoir ;

7 lorsque Tu lèves cette main dans Ta majesté suprême, Tu détruis toujours ceux qui se lèvent contre Toi, y compris36 tous ceux qui se soulèvent contre le peuple juif. Tu envoies toujours Ta fureur contre eux ; elle les consume, comme elle a consumé les plus pervers des Égyptiens en les précipitant dans l’eau, où ils sombrèrent non pas rapidement comme des pierres, mais comme de la paille, se balançant doucement dans les profondeurs.37

8 Au souffle de Tes narines enflammées, pour ainsi dire, les eaux se dessèchent, s’immobilisent et s’amoncellent ; les cours d’eau se dressent raides comme un mur ; les eaux profondes se figent au fond de la mer, de telle sorte que les Égyptiens s’y heurtent violemment.

9 Pharaon, l’ennemi, avait dit à son peuple pour le convaincre de le rejoindre :Je partirai à leur chasse ; je les rattraperai. Je partagerai le butin avec vous en parts égales ;38 mon désir sera assouvi avec eux ; je dégainerai mon épée ; ma main les dépouillera.”

10 Mais Tu as soufflé de Ton vent ; la mer les a enveloppés ; bien que les meilleurs d’entre eux aient sombré comme le plomb dans les eaux puissantes – soit plus rapidement que des roches,39 ce pour quoi leur souffrance fut plus brève – ils se sont noyés tout de même.

Dieu est incomparable

11 Qui est comme Toi parmi les forts, Éternel ? Qui est, comme Toi, resplendissant de sainteté, craint par ceux qui t’offrent des louanges, conscients qu’ils ne sauraient Te louer assez, accomplissant de merveilles !

12 Tout est dans Ta main, pour ainsi dire ; aussi, Tu as incliné Ta droite et Tes ennemis se sont affaissés : la terre les a engloutis.40

13 Quand nous arriverons sur la terre d’Israël, nous verrons comment, par Ta bienveillance, Tu auras guidé le peuple que Tu as délivré ; comment, par Ta force, Tu l’auras conduit hors d’Égypte vers Ta demeure de sainteté, la terre d’Israël.

La réaction des nations

14 Bientôt les peuples auront entendu que la mer s’est ouverte et s’en irriteront, car ils ne supportent pas de voir notre gloire.41 La terreur aura saisi ceux qui habitent en Philistie, parce qu’ils craindront notre châtiment du fait qu’ils ont massacré les membres de la tribu d’Ephraïm qui étaient partis d’Égypte avant l’heure convenue.42

15 Tous les peuples s’irriteront alors de notre gloire, mais ce sera notamment les chefs d’Edom qui se trouveront troublés ; et saisis de frissons, les hommes forts de Moab. Contrairement à Edom et Moab, tous les habitants de Canaan – dont la terre nous a été promise – auront fondu, autrement dit leur esprit sera ravagé par la crainte.

16 Quand ils entendront parler de l’ouverture des eaux, l’épouvante et l’effroi s’abattront sur eux. La crainte et l’épouvante seront si intenses43 qu’ils resteront immobiles comme la pierre dans l’angoisse de la majesté de Ton bras jusqu’à ce que Ton peuple, les Hébreux, ait passé d’abord le fleuve Arnon, Éternel, et par la suite, jusqu’à ce que ce peuple, le peuple hébreu, que Tu as acquis par de grandes actions et qui donc T’est cher, soit passé au-dessus du Jourdain.44

La Délivrance

17 Tu les amèneras (en disant “eux” au lieu de “nous”, Moïse prophétisa ici à son insu45 qu’il n’entrerait pas avec eux sur la terre d’Israël) et les implanteras sur leur territoire, les alentours de la montagne de Ton héritage, le mont Moria, le site du Temple permanent qui succédera au Tabernacle. Cette montagne est Ton héritage, car, au sens figuré, elle se place précisément “au-dessous” de l’endroit que Toi, Éternel, as préparé pour qu’il devienne Ta demeure, le sanctuaire céleste »46. Cela signifie que la terre d’Israël en général et le site du Temple en particulier sont les sites les plus réceptifs à la conscience spirituelle des mondes supérieurs. « Que l’ère messianique commence promptement après la construction de ce Temple et, ainsi,47 que Tes mains, Dieu, établissent ce Sanctuaire comme le Temple final et éternel, qui fonctionnera lorsque

18 toute l’humanité Te reconnaîtra comme Roi, et Toi, Éternel, régneras à tout jamais. » Néanmoins, l’avènement de l’ère messianique fut ajourné, et ce n’est que dans l’avenir que le Temple atteindra cette portée universelle. Il est dit du Temple messianique qu’il sera construit par les mains de Dieu, au pluriel, pour indiquer que Dieu aime le Temple davantage que le monde lui-même, qui aurait été créé avec une seule de Ses mains.48

19 Moïse invita les hommes à entonner ce cantique en y répondant : lui chantait chaque couplet, et eux de répéter après lui. En outre, après que les femmes virent comment les chevaux de Pharaon avec ses chars et ses cavaliers s’avançaient dans la mer, et comment l’Éternel fit refluer les eaux de la mer sur eux tandis que les enfants d’Israël marchaient sur la terre sèche au milieu de la mer, elles aussi se sentirent inspirées à chanter.49

Les femmes chantent

20 Miriam s’était révélée comme prophétesse avant la naissance de Moïse, lorsqu’elle n’était encore que la sœur d’Aharon.50 Elle est appelée « la sœur d’Aharon » également à cette occasion parce que plus tard Aharon risquera sa vie pour elle.51 De son autorité prophétique – c’est-à-dire sans avoir à attendre la permission de Moïse –,52 elle prit en main son tambourin et toutes les femmes la suivirent avec des tambourins et des danses.53

21 Miriam les guida dans un chant qui commençait ainsi : « Chantez à l’Éternel, car Il est souverainement grand ; cheval et cavalier, Il les a lancés dans la mer », poursuivant le reste du chant tel que les hommes l’avaient fait.54 À l’avenir, lorsqu’ils ressusciteront, Moïse et les Juifs qui quittèrent l’Égypte chanteront à nouveau ce cantique à Dieu.55

22 Les Hébreux ramassèrent les parures d’or et d’argent et les pierres précieuses dont les Égyptiens avaient orné leurs chevaux.56 Les ornements précieux étaient si nombreux que tout ce qu’ils prirent là dépassa largement la valeur des objets qu’ils avaient emportés d’Égypte. Le lendemain, le 22 Nissan, ils étaient encore occupés à ramasser ces ornements, de sorte que Moïse dut faire partir les enfants d’Israël de la mer des Joncs. Ils retournèrent à Eitam et s’avancèrent dans le désert de Chour. Ils marchèrent dans le désert trois jours durant sans trouver d’eau.

23 Le 25 Nissan ils arrivèrent à la source de Mara, mais ne purent boire de l’eau du fleuve Mara, car l’eau était amère ; c’est pourquoi elle fut appelée par le nom de Mara [« amère »].

24 Or, plutôt que de demander respectueusement à Moïse de prier pour qu’ils aient de l’eau, le peuple se plaignit insolemment contre Moïse, disant : « Que boirons-nous ? »

25 Moïse implora et pria l’Éternel, et l’Éternel lui indiqua un arbre ; il en jeta une branche dans l’eau et l’eau devint douce. C’est là, au bord de la source Mara, Dieu donna au peuple certaines parties de la Torah à étudier : un décret – un commandement dont la logique dépasse la compréhension humaine – et un statut – un commandement qui apparaît comme rationnel. Là, au bord de la source Mara, Il les mit également à l’épreuve en les conduisant à un endroit où les eaux étaient amères afin de voir comment ils réagiraient. Comme il fut constaté, ils échouèrent à l’épreuve. Pour la troisième fois, le peuple contesta la capacité de Dieu de venir à leur secours.57

26 Dieu dit alors, se référant à Lui-même à la troisième personne : « Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, en acceptant de faire ce qu’Il dit ; si tu ne t’y engages pas seulement, mais concrètement tu fais ce qui est juste à Ses yeux – écoutant attentivement les détails de tous Ses commandements et les accomplissant minutieusement, et observant même tous Ses décrets, à savoir, les commandements dont la signification se situe au-delà de la compréhension humaine –, alors (Dieu reprit à la première personne) Moi, Dieu, ne porterai sur toi aucune des maladies que J’ai portées sur l’Égypte au cours des plaies58. Et, même si, pour une quelconque raison, Je décidais de t’infliger l’une de ces maladies, cela aurait peu de conséquences, car Je suis l’Éternel qui te guéris ; tu peux être assuré que Je t’en guérirai. Mais de manière générale, le fait que tu acceptes Mon autorité et suives Mes commandements t’épargnera a priori toute maladie. » Le peuple campa au bord du ruisseau Mara pendant six jours.59

Cinquième lecture – ‘Hamichi

27 Puis, le 1er Iyar, ils voyagèrent et arrivèrent à Eilim, où se trouvaient douze sources d’eau, correspondant aux douze tribus, et soixante-dix palmiers dattiers, correspondant aux soixante-dix anciens. Ils campèrent près de l’eau pendant dix jours.

16:1 Le 11 Iyar, ils se déplacèrent d’Eilim et campèrent sur la rive orientale de la mer des Joncs.60 Le 12 Iyar, ils voyagèrent depuis cette étape et campèrent quelque part dans le désert de Sin.61 Le 13 Iyar, ils voyagèrent en partant de cette étape et campèrent à Dofka, un autre endroit situé dans le désert de Sin.62 Ils y demeurèrent deux jours. Toute l’assemblée d’Israël vint à Alouch,63 un autre endroit dans le désert de Sin qui est entre Eilim et le mont Sinaï, le jour du Chabbat,64 le quinzième jour d’Iyar, le deuxième mois après leur départ d’Égypte.

Le peuple se plaint

2 Ce matin-là, ils achevèrent le pain qu’ils avaient pris d’Égypte avec eux. Ayant consommé deux repas par jour, ce fut le 61e repas qu’ils firent avec ces provisions. Alors même qu’ils ne ressentaient pas la faim et qu’il était encore très tôt pour que Dieu ait à leur fournir de quoi manger, toute la communauté des enfants d’Israël se plaignit contre Moïse et Aharon parce qu’ils étaient dans le désert sans aucune provision.

Dieu répond

3 Les enfants d’Israël leur dirent : « Si encore nous étions morts de la main de l’Éternel en Égypte, assis près des marmites de viande et nous rassasiant de pain ! Mais vous nous avez emmenés dans ce désert, pour faire mourir de faim toute la communauté ! » C’était la quatrième fois que le peuple contestait la capacité de Dieu de venir à leur secours.65

4 L’Éternel dit à Moïse : « Le peuple a demandé de la viande et du pain. En ce jour, en fin d’après-midi, Je vais leur envoyer des cailles à manger, et demain Je vais faire pleuvoir pour vous du pain du ciel. Le peuple sortira ramasser la portion quotidienne en ce jour. Ils ne doivent pas en garder d’un jour pour l’autre. C’est ainsi que Je le mettrai à l’épreuve pour savoir s’il suivra Mon enseignement ou non en ce qui concerne le pain, c’est-à-dire qu’il n’en laisse ni n’en ramasse le jour de Chabbat, comme Je leur indiquerai bientôt.

5 Le sixième jour de la semaine, ils prépareront ce qu’ils auront apporté et, même s’ils auront recueilli la même quantité que les jours précédents, ce sera miraculeusement le double de leur récolte de chaque jour. Aussi, ils n’auront pas à le ramasser le jour de Chabbat. »

Moïse et Aharon transmettent Sa réponse

6 En ce qui concerne la façon de répondre au peuple, Dieu aborda en premier lieu la question du ton insolent de leur plainte. Il chargea Moïse et Aharon de s’en occuper tous deux, dans la mesure où tous les deux étaient chargés d’enseigner au peuple la foi et la confiance en Dieu. Ainsi, Moïse et Aharon dirent à tous les enfants d’Israël au nom de Dieu : « Vous avez dit que nous vous avions fait sortir d’Égypte,66 et puisque nous ne pouvons pas vous entretenir dans le désert, vous prétendez que vous allez mourir. Vous devez raffermir votre foi en Dieu. En outre, demander de la viande est un fait aussi futile qu’indécent – vous pouvez parfaitement vous en passer, et en tout cas, vous possédez une grande quantité de bétail.67 Aussi, la nuit vous reconnaîtrez que c’est l’Éternel et non pas nous Qui vous a fait sortir d’Égypte, car vous verrez qu’Il vous fournira miraculeusement la viande que vous désirez tant. Mais Il exprimera Son mécontentement du fait de votre insolence en vous donnant de la viande à la tombée du jour, lorsqu’il est difficile de la ramasser et de la préparer.

Le pain et la viande

7 D’un autre côté, votre plainte au sujet de notre incapacité à assurer votre subsistance révèle implicitement votre conscience que Dieu peut certainement y pourvoir, ce qui est digne de louanges. En outre, c’est bien cette foi en Dieu qui vous incite à demander du pain – ce qui est justifié, puisque vous ne sauriez subsister sans pain. Donc, demain au matin vous serez témoins de la gloire de l’Éternel, c’est-à-dire de Sa bonne volonté et de Son amour, lorsqu’Il vous fournira du pain. Il exprimera Son approbation de votre foi en Lui en vous donnant du pain le matin afin que vous ayez amplement le temps de le ramasser et le préparer, et en vous le présentant recouvert par des couches de rosée au-dessus et au-dessous. (C’est pourquoi Il ne vous fournira du pain que demain matin, et non pas à l’instant.) Il subviendra ainsi à vos besoins, ayant entendu vos plaintes, qui, bien qu’exprimées contre nous, ne sont pas vraiment contre nous mais contre l’Éternel. Car nous, que sommes-nous pour que, par votre exemple, vous incitiez vos familles et la multitude diverse à se plaindre contre nous ? Aucun de nos pouvoirs ne nous appartient. »

8 Puis Dieu aborda la question du contenu de la plainte du peuple. Puisque Moïse, et non Aharon, était le seul responsable chargé de pourvoir aux besoins du peuple, Dieu s’adressa à lui uniquement. Ainsi, Moïse dit : « Vous réaliserez que vous avez demandé de la viande sans pudeur, et du pain comme il le faut, quand vous verrez l’Éternel vous donner de la viande à manger le soir, et du pain à satiété le matin. (Il vous donnera du pain et de la viande en abondance ; cependant,68 vous ne devriez vous rassasier que de pain, car c’est de la gloutonnerie que de se rassasier de viande.) Il vous donnera du pain avec miséricorde parce que l’Éternel entend vos plaintes. Mais Il vous donnera de la viande sur un ton de reproche parce que, bien que vous dirigiez vos plaintes vers nous, par votre exemple vous incitez les autres à se plaindre contre Lui, non pas contre nous. Car nous, que sommes-nous ? Vos plaintes ne sont pas contre nous, mais contre l’Éternel ! »69

9 Indiquant un site hors du camp, Moïse dit à Aharon : « Dis à toute l’assemblée des enfants d’Israël : “Approchez-vous de ce lieu et tenez-vous là devant l’Éternel, car Il a entendu vos plaintes.” »

10 Et, comme Aharon parlait à toute l’assemblée des enfants d’Israël et qu’ils se tournaient vers ce lieu dans le désert, ils aperçurent la gloire de l’Éternel dans un nuage.

Sixième lecture – Chichi

11 L’Éternel dit alors à Moïse depuis le nuage :

12 « J’ai entendu les plaintes des enfants d’Israël. Parle-leur et dis : “Vers le soir vous mangerez de la viande, et le matin vous vous rassasierez de pain, et alors vous reconnaîtrez que Je suis l’Éternel, votre Dieu.” » Puis tous se dispersèrent.

13 Ce soir-là, c’est-à-dire la fin de l’après-midi de Chabbat, le 15 Iyar,70 des cailles arrivèrent et couvrirent le camp. Dans la matinée du lendemain, dimanche 16 Iyar, les gens virent qu’une couche de rosée s’étendait autour du camp.

La manne

14 Quand le soleil se leva et que la couche de rosée s’évapora, on vit à la surface du désert une mince substance qui avait été emballée d’une couche de rosée par-dessus et d’une autre couche de rosée en dessous71 exposée, comme si la couche supérieure de rosée avait été arrachée. Ainsi, cette substance avait été protégée contre la saleté et les insectes par les couches de rosée la recouvrant par-dessus et par-dessous.72 À l’ordinaire, la rosée se condense dans l’atmosphère pour se poser ensuite sur la terre, mais en ce cas la rosée se leva miraculeusement depuis l’humidité du sol. La substance avait une fine croûte sur sa surface et était aussi fine que le givre sur le sol.

15 Les enfants d’Israël virent la substance exposée et se dirent les uns aux autres : « C’est une nourriture [manne] », car ils ne savaient pas exactement ce que c’était, et ne pouvaient donc pas l’appeler par son nom. Moïse leur dit : « C’est le pain que l’Éternel vous donne pour nourriture.

16 Voici ce que l’Éternel a ordonné : “Ramassez-en chacun selon ses besoins en nourriture : vous prendrez un omer [environ 2,5 l] par tête selon le nombre de personnes que chaque homme compte dans sa tente.” » Cependant, il ne leur fit pas savoir que la portion de vendredi serait double afin qu’ils n’aient pas à en récolter pendant le Chabbat.

17 Les enfants d’Israël firent ce que Moïse leur dit. Ils en ramassèrent, mais certains prirent davantage que ce qu’ils auraient dû, et d’autres, moins.

18 Or, lorsqu’il la mesurèrent à l’omer ils s’aperçurent que, miraculeusement, celui qui en avait recueilli beaucoup n’en avait pas de trop, et celui qui en avait recueilli peu n’en manquait pas ; chaque homme avait ramassé autant qu’il lui en fallait à manger.

19 Moïse leur dit : « Que personne n’en laisse jusqu’au matin. »

20 Mais ils n’écoutèrent pas Moïse, et quelques-uns – en fait, Datan et Aviram – en laissèrent jusqu’au matin, et il grouilla de vers après avoir pourri. Moïse s’irrita contre eux, car, en gardant de la manne pour le lendemain, ils avaient remis en question la capacité de Dieu à venir à leur secours, pour la cinquième fois à présent.73

21 Ils en ramassaient chaque matin, chacun selon ce qu’il lui fallait pour aliment, et, lorsque le soleil chauffait, ce qui restait sur terre une fois que tous avaient recueilli leur part fondait et coulait dans les ruisseaux. Les cerfs buvaient de ce liquide ; et lorsque d’autres peuples chassaient et mangeaient ces cerfs, on sentait le goût de la manne, réalisant ainsi davantage encore combien Dieu prodiguait Ses faveurs aux Juifs.

Le Chabbat

22 Le sixième jour de la semaine, ils recueillirent la quantité habituelle, mais, lorsqu’ils la ramenèrent à leurs tentes et qu’ils la mesurèrent, voici que c’était une double portion de pain, deux omer pour chacun, et que son goût était plus agréable encore que d’habitude. Tous les dirigeants de la communauté vinrent en faire part à Moïse. En effet, ils avaient étudié les lois de Chabbat de manière théorique et étaient conscients que ces lois ne deviendraient pas obligatoires avant le moment du don de la Torah ; aussi, ils ne comprenaient pas pourquoi cela était en train de se passer à ce moment.74

23 Il leur dit : « C’est ce que l’Éternel a dit et que je ne vous ai pas encore transmis : demain entreront en vigueur certaines lois de Chabbat – notamment, l’interdiction de cuisiner. Ce sera un jour de repos, un Chabbat saint, consacré à porter notre attention sur l’Éternel et non à gagner sa subsistance. Ce que vous voulez cuire, cuisez-le aujourd’hui pour aujourd’hui et pour le lendemain, et ce que vous souhaitez faire bouillir, faites-le bouillir aujourd’hui pour aujourd’hui et pour le lendemain. Mettez de côté pour vous tout ce qui reste de ce que vous aurez mangé en ce jour en réserve jusqu’au matin. »

24 Ils le mirent de côté jusqu’au matin, comme Moïse l’avait ordonné, et il ne pourrit pas et ne s’infesta pas de vermine.

25 Néanmoins, ils demandèrent à Moïse s’ils devaient sortir en ramasser en ce jour ainsi qu’ils l’avaient fait les jours précédents. Après tout, l’interdiction de transporter des objets dans l’espace public le jour de Chabbat n’était pas encore en vigueur.75 Moïse dit : « Non, mangez le reste de ce que vous avez préparé hier en ce jour. » L’après-midi, ils demandèrent une fois de plus à sortir en ramasser. Moïse répondit : « Non, car aujourd’hui est un Chabbat pour l’Éternel. » Remarquant qu’ils craignaient que la manne cesse de tomber, il reprit : « Alors même qu’aujourd’hui vous n’en trouveriez pas dans le champ, demain elle tombera à nouveau, et cette fois vous la trouverez là, vous attendant.

26 Six jours durant, vous en ramasserez, mais le septième jour, c’est le Chabbat. Et non seulement le Chabbat, mais lors des autres jours de repos durant lesquels Dieu vous ordonnera de ne pas travailler, il n’y en aura pas non plus. La veille de chacun de ces jours chômés il en descendra une double portion. »

Certains désobéissent

27 Quoi qu’il en fût, le septième jour quelques-uns du peuple sortirent en ramasser, mais ils ne trouvèrent rien. Ce fut sixième fois que le peuple contesta la capacité de Dieu à venir à leur secours.76

28 L’Éternel dit à Moïse : « Certains parmi le peuple ne croyaient pas que la manne ne tomberait pas durant Chabbat, et en fait, tu avais toi-même négligé de les informer à propos de Chabbat jusqu’à ce qu’ils soient venus te poser des questions sur la double portion de manne. Certes, à proprement parler tu n’étais pas tenu de transmettre Mon message avant qu’il ne devienne d’actualité, mais tu aurais dû quand même agir avec davantage d’empressement.77 Jusque quand vous refuserez-vous tous à observer Mes commandements et Mes enseignements, c’est-à-dire à croire en Moi ? Sans doute, ce n’est qu’à certains d’entre vous que la foi semble faire défaut, mais la communauté porte un certain degré de responsabilité collective pour n’avoir pas mis en œuvre ses outils sociaux afin de raffermir la foi de tous ses membres.

29 Regardez : une double portion de manne est tombée miraculeusement le vendredi ! Il est clair que c’est l’Éternel Qui vous a donné le Chabbat, et c’est pourquoi le sixième jour Il vous donne de la nourriture pour deux jours. Que chacun demeure donc là où il se trouve ; que personne ne quitte sa place le septième jour pour aller ramasser de la manne. »

30 Aussi, le peuple se reposa le septième jour.

31 La manne étant tombée sept jours durant, les Juifs s’aperçurent que par son entremise Dieu se donnait la peine de rendre leur vie plus agréable et aisée, et leur permettait notamment de se reposer complètement le Chabbat de leur quête de subsistance ; ils furent alors à même de lui attribuer un nom. La maison d’Israël appela la nourriture manne. Ils ne lui donnèrent pas un nom descriptif ; ils gardèrent le nom qu’ils avaient employé pour la décrire : « une nourriture ».78 Il n’aurait pas été opportun de lui attribuer une dénomination descriptive, car elle était ronde comme la graine de coriandre mais blanche,79 et sa saveur originale était celle d’un beignet à la pâte pétrie à l’huile et frit dans du miel ; or, si l’on voulait que sa saveur soit complètement autre (à l’exception des parfums des légumes nuisibles aux nourrissons), il en était ainsi.80 De ce fait, en l’appelant « manne » tout simplement ils évoquaient le repos, le délassement et le plaisir qu’elle leur rapportait.81

32 Moïse dit : « Voici ce que l’Éternel a commandé : “Un omer de cette manne sera conservé en dépôt pour vos générations de sorte que, lorsque cela sera nécessaire, elles verront le pain dont Je vous ai nourris dans le désert lorsque Je vous ai tirés d’Égypte. Dans le futur, Je pourrais estimer nécessaire à un moment donné que le peuple se consacre entièrement à l’étude de la Torah et néglige temporairement de procurer sa subsistance. Ils me demanderont alors comment ils feraient pour survivre, et Je serai en mesure de leur montrer par Mon prophète la manne et leur rappeler que, lorsqu’il le faut, Je peux effectivement assurer leur subsistance, tout comme Je l’ai fait pour cette génération.” »82

La manne comme rappel

33 Dix mois et demi plus tard, lorsque le Tabernacle était déjà érigé, Moïse dit à Aharon : « Prends une urne en terre cuite et déposes-y un omer de manne, et place-la devant l’Éternel en dépôt pour toutes tes générations. »

34 Comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse, Aharon la plaça en dépôt devant l’Arche du Témoignage.

35 Les enfants d’Israël mangèrent de la manne pendant quarante ans : en fait, le pain que les gens avaient pris avec eux lorsqu’ils quittèrent l’Égypte (le 15 Nissan 2448) avait déjà un goût de manne ;83 c’était alors comme s’ils avaient commencé à en manger depuis lors. La manne cessa de tomber le jour du décès de Moïse, le 7 Adar 2488, mais la réserve qu’ils accumulèrent ce jour-là suffit jusqu’au 15 Nissan 2488, jour où ils traversèrent le Jourdain, arrivèrent sur une terre habitée et se mirent à consommer des produits du pays.84 Ils mangèrent la manne, depuis le jour où elle tomba, seulement jusqu’à ce qu’ils arrivèrent dans les plaines de Moab, aux confins de Canaan, là où Moïse mourut. De même, les cailles continuèrent à descendre chaque soir jusqu’à ce que le peuple entre sur la terre d’Israël.85

36 Quant à l’omer, c’est la dixième partie de l’epha [25 dm3 env.].

Septième lecture – Chevii

L’eau du rocher

17:1 Le 23 Iyar, toute l’assemblée des enfants d’Israël se déplaça d’Alouch, dans le désert de Sin, suivant leur parcours d’après la parole de l’Éternel. Ils campèrent ce jour-là à Refidim, et il n’y avait pas d’eau à boire pour le peuple.

2 Le peuple – à l’exception de la tribu de Lévi –86 se querella encore une fois avec Moïse et dit : « Donnez-nous de l’eau, que nous buvions ! » Moïse leur répondit : « Pourquoi me cherchez-vous querelle ? Pourquoi mettez-vous insolemment l’Éternel à l’épreuve pour voir s’Il peut vous fournir de l’eau dans le désert ? » Ce fut la septième fois que le peuple contesta la capacité de Dieu à venir à leur secours.87

3 Le peuple avait soif d’eau, et le peuple se plaignit contre Moïse, disant : « Pourquoi nous as-tu fait sortir d’Égypte pour nous faire mourir de soif, nous, nos enfants et notre bétail ? »

4 Moïse cria vers l’Éternel en disant : « Que ferai-je pour ce peuple ? Peu s’en faut qu’ils ne me lapident ! »

5 L’Éternel dit alors à Moïse : « Tu exagères. Passe devant le peuple et tu verras bien s’ils te lapideront. Ne calomnie pas Mes enfants. Quant à l’eau, prends avec toi quelques-uns des anciens d’Israël – afin qu’ils puissent témoigner que Je produis de l’eau pour vous miraculeusement et non pas depuis une source naturelle et préexistante – et prends en main ton bâton, celui avec lequel tu as frappé le Nil et déclenché d’autres plaies, et dont le peuple pense qu’il ne sert qu’à punir, et va au mont Horeb.

6 Je serai là devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Frappe le rocher, fends-le avec ton bâton de saphir, et il en jaillira de l’eau et le peuple boira. Je pourrais tout aussi bien te fournir de l’eau d’un rocher situé à Refidim, là où le peuple se trouve à présent, mais Je souhaite leur manifester Mon affection en leur donnant de l’eau d’un endroit unique et saint, car c’est l’endroit où ils recevront bientôt la Torah. »88 Moïse fit cela aux yeux des anciens d’Israël qui l’avaient accompagné.

7 Et il donna à Refidim, le lieu où les gens s’étaient plaints, le nom additionnel de Massa et Meriva [« épreuve et querelle »] à cause de l’esprit querelleur du peuple et parce qu’ils avaient mis l’Éternel à l’épreuve en disant : « L’Éternel est-Il présent parmi nous ou non ? »

8 Amalek survint et se battit contre Israël à Refidim.

La bataille contre Amalek

9 Moïse dit à Josué, son disciple et serviteur prééminent : « Choisis des hommes vaillants et pieux, des hommes dont le mérite les protégera et qui sauront contrecarrer la sorcellerie, car les Amalécites ont l’habitude de l’utiliser. Choisis ces hommes pour nous – pour toi et moi, qui sommes les responsables du peuple – et sors demain hors des nuées livrer bataille contre Amalek. Demain, tandis que le peuple jeûnera, je me tiendrai au sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »

10 Josué fit ce que Moïse lui avait dit afin de combattre Amalek, pendant que Moïse, Aharon et leur neveu Hour89 montèrent au sommet de la colline et se mirent en prière, car, à l’occasion d’un jeûne public, au moins trois personnes doivent conduire la prière.

11 Alors, tant que Moïse levait le bras et que le peuple aspirait à se soumettre à Dieu, Dieu leur venait en aide et Israël prenait le dessus. Or, lorsqu’il l’abaissait et qu’ils ne ressentaient pas cet élan, Amalek l’emportait.

12 Mais, comme il avait désigné Josué avec négligence pour assumer la responsabilité de protéger le peuple, les mains de Moïse se firent lourdes, plus que ce qu’elles auraient dû. Dieu lui montra ainsi que ne rien faire d’autre que prier pour le peuple n’avait pas été le bon choix. Il aurait dû négliger le fait d’avoir dépassé l’âge de la conscription et faire tout son possible pour défendre le peuple. Une courte prière récitée sur le champ de bataille aurait suffi.90 Alors Aharon et Hour prirent une pierre et la placèrent sous lui et il s’assit dessus. Moïse avait refusé de s’asseoir sur quelque chose de plus confortable qu’une pierre parce que cela aurait été inapproprié tant que le peuple souffrait. Aharon et Hour soutinrent alors ses mains, un de chaque côté de Moïse, et ses mains restèrent levées en une prière confiante. Utilisant l’astrologie, les Amalécites avaient calculé le moment précis où ils auraient le dessus. Or Moïse retarda le coucher du soleil, les perturbant jusqu’au moment où les Hébreux l’emportèrent, et ce n’est qu’après qu’il laissa le soleil se coucher.

13 Dieu ordonna à Moïse de tuer uniquement les Amalécites les plus forts,91 et ainsi Josué affaiblit seulement Amalek et son peuple par l’épée, les rendant incapables d’attaquer mais sans les anéantir pour autant.

MAFTIR

14 L’Éternel dit à Moïse : « Écris le fait qu’Amalek vous a attaqués avant tout autre peuple – frayant ainsi la voie aux autres pour vous attaquer – en souvenir dans le Livre de la Torah. Explique clairement à Josué et inspire-le d’enseigner au peuple que, lorsqu’ils entreront sur la terre d’Israël, il devra anéantir Amalek. Qu’il ne le fasse pas seulement par obéissance, mais avec entrain et vigueur. »92 (Dieu indiqua ainsi à Moïse par allusion que lui-même n’accompagnerait pas le peuple sur la terre d’Israël.) « Car Je veux effacer complètement le souvenir d’Amalek de dessous les cieux. Quand bien même auriez-vous gagné cette bataille, et qu’il semblerait donc que les dégâts causés par l’attaque d’Amalek ont été réparés et que les peuples du monde vous craignent de nouveau, tant qu’Amalek existera votre invincibilité pourra être remise en question. »

15 Moïse transcrivit l’épisode avec Amalek, comme Dieu le lui avait ordonné. Il bâtit ensuite un autel et lui donna un nom qui amena le peuple à proclamer : « Dieu a fait un miracle pour nous ici » et dire ensuite, en signe de reconnaissance : « L’Éternel est mon Miracle ».93

16 Suivant l’instruction donnée par Dieu d’inspirer Josué à perpétuer la lutte contre Amalek, il reprit : « La main de Dieu est levée en serment sur le trône de Dieu pour jurer par elle : l’Éternel restera en guerre contre Amalek, et lui restera hostile de génération en génération. Ni Son Nom ni Son trône ne seront complets tant qu’Amalek ne sera pas anéanti. »94