En cette période de préparation à Roch Hachana, il est nécessaire avant tout de comprendre la signification de cette fête – puisse-t-elle apporter, à nous et à tout le peuple d’Israël, toutes sortes de bénédictions. Nous pouvons aussi beaucoup apprendre à son sujet par les pratiques et les coutumes qui doivent, selon les prescriptions de la Torah, précéder Roch Hachana et sont préliminaires à l’observance de cette fête, car la Torah est lumière (« Torah Or ») et ses commandements illuminent le mode de vie juif dans chacun de ses détails.

Parmi les prescriptions qui se rattachent directement à Roch Hachana et lui servent de préparation, nous avons la lecture de la paracha Nitsavim le Chabbat qui précède Roch Hachana. Chaque année, invariablement, cette paracha précède Roch Hachana et apporte un message opportun et important à chaque Juif pour l’année qui commence. La paracha s’ouvre par la déclaration :

« Vous vous tenez debout fermement en ce jour, tous ensemble devant l’Éternel votre D.ieu : vos chefs... jusqu’à celui qui puise votre eau, afin de vous faire entrer dans l’alliance avec l’Éternel votre D.ieu... ».

À première vue, cette déclaration semble contenir une contradiction. Elle commence en disant : « Vous vous tenez fermement... tous ensemble » (sans distinction) et ensuite, elle divise aussitôt cet ensemble en plusieurs catégories séparées et distinctes. En outre, à quoi sert-il d’énumérer les différentes classes de Juifs, du plus haut au plus bas, après qu’ils ont été tous inclus dans l’expression générale de « tous ensemble » ?

C’est justement ici qu’on peut trouver une règle de base, à savoir que les deux notions ne sont pas contradictoires et peuvent aller ensemble : a) « tous ensemble » signifiant tous comme un seul homme, et b) en même temps, cependant, chaque individu, homme ou femme, a sa tâche et sa mission spécifiques, chacun selon son propre statut, sa propre position dans la vie.

Toutefois, une question vient à l’esprit : puisqu’une telle division, voire une si extrême diversité, est nécessaire, comment peuvent-ils être unifiés au point de devenir « tous comme un seul homme » ?

Voici la réponse : « Vous vous tenez debout fermement (« nitsavim ») en ce jour, tous ensemble devant l’Éternel votre D.ieu ».

Le verbe hébraïque nitsavim est plus fort que « omdim » et signifie être debout fermement, avec la conscience profonde de se tenir en présence de l’Éternel qui est « votre D.ieu », votre force et toute votre essence. En cela tous les Juifs sont égaux, et c’est ce qui les fait tous comme un seul homme.

Unification totale et éternelle

Expliquons-nous au moyen d’une analogie : quand un groupe de personnes se réunissent pour créer une association, qu’elle soit financière, scientifique ou autre, les différents membres s’en trouvent unis pour la durée d’une certaine période et avec un objectif déterminé, ce qui les engage de fait à une contribution personnelle, que ce soit en argent, en énergie, en connaissances scientifiques ou autres. De tous les autres points de vue, chaque membre est « un monde à part ».

Toutefois, quand les Juifs sont unis comme le requiert la Torah, à savoir « devant l’Éternel, votre D.ieu » et dans le but « d’entrer dans l’alliance de l’Éternel votre D.ieu et Son serment qu’Il conclut avec vous en ce jour », un pacte qui embrasse la totalité de l’homme, avec toutes ses capacités (le « vous tous » au sein même de chaque individu), alors c’est une unification totale et éternelle de « tous comme un seul homme » (et de « vous... tous ensemble ») avec l’Éternel votre D.ieu.

Et la Torah poursuit son explication : « vous... tous ensemble » est divisé en « vos chefs... » jusqu’à « celui qui puise votre eau », et chacun avec sa capacité distincte (et ses efforts particuliers) entre dans l’alliance avec D.ieu. Chaque effort individuel – que celui qui l’accomplit appartienne à la catégorie de « vos chefs » et agisse en chef ou à la catégorie des « puiseurs d’eau » et agisse comme tel – est une expression de l’alliance totale qui vous lie tous à l’Éternel votre D.ieu. Chacun a sa tâche divine particulière selon son statut et sa position dans la vie. Et de cette manière, quand chacun s’acquitte de sa propre tâche, l’unité complète du Klal Yisraël (« tous comme un seul homme ») est accomplie.

Cela nous amène à un point que nous devons encore une fois souligner, car c’est un rappel opportun. Il concerne ceux qui sont dans la catégorie de « vos chefs [les chefs de] vos tribus », chefs spirituels de leurs communautés, hommes d’influence dans leurs milieux, et jusqu’à celui qui est le chef de sa famille.

Cela va de soi que la tâche première, la première obligation des chefs spirituels, particulièrement durant la période des « Jours Solennels », jours d’inspiration et d’introspection, est de renforcer tous les aspects de la Torah et des Mitsvot parmi ceux qui les écoutent et ce, par une pratique effective dans la vie quotidienne, ainsi que d’inspirer ceux qui, pour diverses raisons, sont coupés du judaïsme dans le sens de la Techouvah, du retour à leurs sources, afin qu’ils commencent à vivre comme des Juifs à part entière, dans un judaïsme entier, tout au long de l’année.

Il est regrettable que cette occasion si précieuse de l’année se perde parfois en discours, en conférences sur des problèmes mondiaux et des thèmes qui, si importants soient-ils, échappent par leur étendue même au contrôle de ceux qui en parlent ou de ceux qui les écoutent. En effet, que peuvent-ils faire pour les résoudre ? Il est attristant de voir qu’au lieu de tirer parti de ces moments hautement inspirants pour l’âme et de fortifier et d’encourager la conscience qu’ont les Juifs de cette alliance éternelle et totale avec D.ieu (qui a personnellement donné à chacun individuellement – depuis le « chef » jusqu’à « celui qui puise l’eau » – une mission dans la vie), de même que d’expliquer ce que sont les devoirs de chaque Juif dans la vie quotidienne ; au lieu de cela, disions-nous, le temps et l’attention sont dissipés sur des problèmes globaux, de politique gouvernementale ou autres, qui ne s’accordent ni au lieu, ni au temps où ils sont discutés.

La constatation d’un fait

D’aucuns pourraient objecter qu’à l’époque où nous vivons, et dans les conditions qui lui sont faites, il est difficile à un Juif d’adhérer sans compromis à un judaïsme total, tout au long de l’année et de tout son être.

La Torah déclare : « Vous vous tenez debout fermement en ce jour », etc. Ce n’est pas là un commandement ou une promesse pour l’avenir, c’est la constatation d’un fait. Les Juifs doivent savoir qu’ils se tiennent debout fermement devant D.ieu, qui est leur vie et leur force. Il est seulement nécessaire que chaque Juif, chaque Juive, découvre ce fait au-dedans de soi et le fasse apparaître au grand jour ; et, de potentiel, rende effectif ce qui est profondément enraciné dans son essence véritable.

Avec cette assurance de « Nitsavim », les Juifs – chacun individuellement et tous collectivement, depuis le chef jusqu’à celui qui puise l’eau, sans exception – s’assemblent pour le « couronnement » de l’Être Suprême les jours de Roch Hachana et acceptent volontiers Sa Royauté de tout leur cœur, de tout leur zèle, et proclament le D.ieu unique « Roi et Rédempteur d’Israël » et « Roi de tout l’Univers ».

D.ieu veuille accorder à chaque Juif – homme, femme et enfant – les jours qui viennent, d’être imprégné de l’esprit de Roch Hachana et de commencer la nouvelle année avec la fermeté et l’assurance de « Nitsavim » pour accomplir la mission divine que D.ieu lui a assignée, conformément à sa position dans la vie ; et l’accomplir les jours de Roch Hachana ainsi que les jours suivants, tout au long de l’année, chaque jour étant « ce jour ». De Son côté, D.ieu réalisera certainement Sa promesse, comme cela est déclaré immédiatement après : « qu’Il vous relèvera, ce jour, comme Son peuple » – ce jour et tous les jours.

Et « ce jour », aussi selon l’interprétation de nos Sages : de même que le jour commence dans l’obscurité, puis s’éclaire et brille, ainsi la vie de chaque Juif, et du Klal Yisraël, sera claire et brillante. Jusqu’à la réalisation de la prophétie : « D.ieu sera votre lumière éternelle », avec l’avènement de la véritable Guéoulah, par l’intermédiaire de notre juste Machia’h.

Et dans les paroles de prière de David, « le Chantre des Cantiques d’Israël » : « ô Eternel, pour me délivrer, pour me venir en aide, hâte-Toi, ô Eternel » ; puisse cela arriver rapidement en notre temps.

Ktivah va’hatimah tovah pour une bonne et heureuse Année.