Contrairement aux autres parachas de la Torah qui sont parfois lues ensemble, Nitsavim et Vayelekh sont essentiellement unies. Aussi Rav Saadia Gaon écrit-il que “lorsque cela est nécessaire, l’une des sections de la Torah est lue lors de deux Chabbats, c’est la portion de Nitsavim qui est divisée à Vayelekh Moché”.

Un nom, en hébreu, traduit le contenu d’une entité. On comprend aisément que cela s’applique également à Nitsavim et Vayelekh. Et pourtant les mots eux-mêmes de Nitsavim et Vayelekh évoquent deux concepts diamétralement opposés :

Nitsavim signifie “se tenir fermement en place”. Vayelekh, en ravanche, signifie “aller de lieu en lieu”.

Comment donc devons-nous comprendre que Nitsavim et Vayelekh forment essentiellement une même section ?

Le service divin s’appuie sur l’idée qu’il doit y avoir deux sortes de services distincts : l’un ferme et stable, Nitsavim, et l’autre, une constante évolution de niveau en niveau, Vayelekh.

C’est le cas de ce qui concerne tous les aspects du service spirituel : la Torah, la prière et les mitsvot.

La Torah se divise en Torah écrite et Torah orale. La Torah écrite fut donnée d’une manière strictement délimitée, avec un nombre spécifique de mots et de lettres et n’est sujette à aucun changement.

La Torah orale, en revanche, nous fut révélée par l’intermédiaire des Sages, de la manière dont ils l’expliquèrent à partir de la Torah écrite, selon les règles d'interprétation reçues au Sinaï. Dans leurs analyses, un mot ou même une lettre de la Torah écrite peut servir de base à un long exposé. Avec ses délibérations et ses explications constantes, la Torah Orale s’est développée de génération en génération.

Il en va de même pour la prière. Dans un sens général, la prière est un commandement quotidien qui incombe à chaque individu. Mais par ailleurs, la prière est aussi un “service du cœur” et chaque cœur est différent. Même les sentiments au sein du cœur de la même personne varient d’un jour à l’autre.

Il en est de même pour les mitsvot. Il existe précisément 613 commandements éternels ; nous ne pouvons en ôter ni en ajouter aucun. Mais nous devons aussi embellir et glorifier les mitsvot de niveau en niveau.

Puisque la Torah et les mitsvot furent données par D.ieu au peuple juif, elles incluent également ces deux aspects. Elles sont la Torah et les mitsvot de D.ieu, mais elles constituent aussi le service du peuple juif.

Ces deux aspects trouvent leur expression dans les concepts d’immuabilité et de changement. L'aspect inaltérable de la Torah et des mitsvot met l'accent sur Celui qui donna la Torah et ordonna les mitsvot, D.ieu, qui n’est pas sujet au changement.

Mais la Torah et les mitsvot constituent le service du peuple juif. En tant qu’êtres créés, nous sommes intrinsèquement sujets au changement et il est attendu de nous, comme une part de notre service divin, que nous nous élevions constamment de niveau en niveau. C’est pourquoi la Torah, la prière et les mitsvot contiennent chacune des éléments de changement et d’évolution.

C’est pourquoi Nitsavim et Vayelekh forment véritablement une seule paracha, malgré le sens apparemment opposé de leurs noms, car le service de D.ieu requiert ces deux traits : l’immuabilité exprimée par Nitsavim, résultant de Celui qui donna la Torah et les mitsvot, et le mouvement exprimé par Vayelekh, comme partie de l’homme, celui qui les reçut.

Nitsavim et Vayelekh forment donc bien une seule partie de la Torah, car le service de Vayelekh, le mouvement et changement, doit nécessairement être fondé sur Nitsavim, une reconnaissance que la Torah et les Mitsvot furent données par D.ieu qui, Lui, est au-delà de ces notions.

Basé sur Likoutei Si’hot, vol 29 pp. 173-178