Le 9 Av : la distance qui rapproche
Ce dimanche (18 juillet) sera Ticha BeAv, le jour où le Temple de Jérusalem fut détruit il y a près de 2000 ans.
Les enseignements ‘hassidiques offrent une métaphore du paradoxe de l’exil :
Un enseignant est en train d’exposer une idée à son élève préféré. Soudain, il a un éclair d’inspiration : une idée infiniment plus profonde vient de jaillir dans son esprit, un concept qui, selon lui, sera d’une grande valeur pour son disciple. Il arrête de parler. Il ferme les yeux. L’élève, confus, l’interroge, mais ses questions sont repoussées sans ménagement.
Toute l’énergie mentale de l’enseignant est engagée dans le développement complet de cette idée dont il n’a d’abord perçu qu’une étincelle.
Le disciple est anéanti. Il ne comprend pas pourquoi son maître s’est détourné de lui.
L’enseignant sent la détresse de l’élève. Mais le fait de détourner son attention de sa nouvelle idée pour rassurer son élève bien-aimé, ne serait-ce que par un mot ou deux, pourrait lui faire perdre certaines nuances, voire l’intégralité de cette idée fragile.
C’est parce que le maître se soucie de son élève qu’il n’interrompt pas ses pensées, même un instant, pour le rassurer.
Le « rejet » de l’élève préféré par le maître est, en fait, un acte d’amour. Bien qu’il ne corresponde pas à la nature ordinaire de leur relation, ce « rejet » sert en fait à renforcer le lien.
Cette métaphore explique aussi pourquoi l’exil devient plus « sombre » à mesure que l’on avance vers la lumière de la Rédemption. En effet, si l’exil n’était qu’une punition pour nos péchés, il devrait s’éclaircir à mesure que nous expions ces péchés. Mais c’est le contraire qui est vrai. Plus nous sommes proches de la Rédemption, plus notre relation avec D.ieu est cachée. Malgré le fait que nous nous approchons de la Rédemption, nous constatons un déclin de la sensibilité à ce qui est saint.
Mais ce schéma est semblable au « rejet » de l’élève par le maître : plus l’étincelle de l’idée se développe, plus il doit s’éloigner de son élève. Pourtant, ce retrait signifie un plus grand amour pour son élève et un plus grand engagement dans son rôle d’enseignant.
Puissions-nous mériter la « Nouvelle Torah » de Machia’h qui s’est développée tout au long de ce long exil, sans plus attendre !
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org