Traduction libre d’un extrait d’un discours prononcé par le Rabbi le 15 Chevat 5739 (12 février 1979).

... De nombreux Juifs sont déprimés, épuisés par la difficulté de l’exil. Et leur mécontentement est justifié – ad mataï (combien de temps devons-nous attendre) ?! ….

Il existe une analogie bien connue que les hassidim répètent au nom du Maguid, Rabbi Dov Ber de Mézeritch, qui compare l’exil à un père qui se cache de son fils. Il est certain que le père désire être avec son fils ; le but de la dissimulation est seulement d’éveiller chez le fils le désir et l’envie de retrouver son père. Après tout, lorsque le fils est constamment en présence de son père, son désir d’être avec son père n’est pas révélé, car « un plaisir continu n’est pas un plaisir ».

Il arrive cependant une situation où le fils cesse de chercher le Père ... Il affirme que « les signes [de notre rédemption], nous ne les avons pas vus... et il n’y a personne parmi nous qui sache combien de temps [l’exil durera] ».1 Il en conclut donc que D.ieu doit l’avoir abandonné ; il perd espoir et cesse de chercher D.ieu.

Quand le Père voit que le fils ne le cherche plus ... alors l’exil commence vraiment

Quand le Père voit que le fils ne le cherche plus ... alors l’exil commence vraiment. Car tant que le fils cherche le Père, tant que la quête de la rédemption occupe le fils, cela constitue une préparation, un début et une étincelle de la rédemption. Mais lorsque le fils cesse de chercher, alors nous avons l’accomplissement du verset2 : « Je cacherai, en effet Je cacherai Mon visage en ce jour-là ». Le Baal Chem Tov explique que le verset implique ainsi que la dissimulation elle-même est dissimulée, car le fils n’est pas conscient que le Père se cache.

En pratique : Le fils ne pense pas à D.ieu, il pense aux affaires matérielles. Il est vrai qu’il fait tout de manière casher, comme le dicte le Code de Loi juive ; il étudie même la Torah correctement. Mais il a cessé de penser au Donneur de la Torah ou à la conduite honnête des affaires, car il a oublié que D.ieu seul est Celui qui « te donne la force d’amasser des richesses ».

Et3 lorsqu’il est critiqué, le fils répond : « Pourquoi te plains-tu à moi ? ... C’est à D.ieu qu’il faut se plaindre... Combien de temps pouvons-nous rester en exil ?... »

Certes, le père doit se cacher de son fils afin d’éveiller en lui un désir ardent pour son père... Mais que doit faire le fils lorsque le père le place dans une obscurité incroyable ? ... Et surtout si le fils se trouve à un niveau si bas, comme il est dit : « Si nos ancêtres étaient comme des anges, nous sommes comme des humains ; et si nos ancêtres étaient comme des humains, alors nous sommes comme des ânes, et pas même comme l’âne de Rabbi Pin’has ben Yaïr ».4 Dimanche, nous devons chercher... Le lundi, nous devons chercher...

Et lorsque nous cherchons une explication dans les livres saints, nous découvrons que le Talmud dit explicitement : « Tous les temps prévus [pour l’arrivée de Machia’h] sont déjà passés, et désormais [son arrivée] ne dépend que de la techouva (repentir) ».5 Et c’est une halakha claire que par une seule pensée de techouva, on devient un tsadik (un juste) – et il n’y a pas de Juif qui n’ait pas eu de pensées de repentir, pas une fois, mais de nombreuses fois !

Alors, comment peut-on se plaindre d’un mortel de chair et de sang qui est fini et limité – c’est ainsi qu’il a été créé par D.ieu, ce n’est pas de sa faute ! –, comment peut-on lui reprocher de ne pas penser constamment à la rédemption… ce n’est pas possible… D.ieu lui-même dit : « Je ne demande que ce qui est à la mesure des capacités de chacun », mais Il ne nous a pas donné la force...

C’est pourquoi nous devons augmenter la lumière – et pas n’importe quelle lumière, mais spécifiquement la lumière de la sim’ha (la joie). Puisque la sim’ha « brise toutes les frontières et toutes les limites », elle brise les limites de la personne, les limites de ce monde et les limites imposées par ces terribles ténèbres...

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