Roch Hachana est l'anniversaire de la création de l'homme, la dernière de toutes les créatures et la plus élevée dans l'ordre du développement. La supériorité de l'homme sur la bête réside dans son intelligence. On pourrait penser, par conséquent, que le service de Roch Hachana serait illuminé par des dissertations et discussions intellectuelles, au cours desquelles, l'homme pourrait démontrer sa supériorité sur toutes les autres formes de la création.

Cependant, le point culminant du service de Roch Hachana est la Tekiath Choffar, une simple cérémonie où l'on entonne le son de la corne de bélier. Même dans les temps anciens, l'histoire nous apprend qu'il existait de bons instruments de musique. Mais les flots délicats et raffinés de la musique de tous les instruments ne sont pas admis. Le commandement de Tekiath Choffar exige spécifiquement l'usage d'une simple corne, produisant de simples sons.

Il y a dans ceci une profonde leçon : Roch Hachana, début et assise de toute l'année, est inauguré par le son de la corne d'une bête, pour nous enseigner que bien que l'homme soit une créature pourvue d'intelligence et doive se servir de son intellect dans sa vie quotidienne, la base de sa vie intellectuelle doit être la soumission à D.ieu, avec la soumission absolue de la bête dépourvue d'intelligence.

Rabbi Israël Baal Chem Tov, fondateur du 'Hassidisme, racontait au sujet de la sonnerie du Choffar, la célèbre parabole suivante :

Un roi avait un fils unique qui était comme la prunelle de ses yeux. Le prince était bien élevé ; le roi décida qu'il devrait voyager vers d'autres pays pour poursuivre ses études et se familiariser avec d'autres coutumes et enseignements. Le roi lui assigna des serviteurs et ordonna aux nobles de l'accompagner afin que le prince puisse voyager luxueusement et visiter tous les pays et les îles lointaines. Et que, par ces voyages, le prince atteigne un degré élevé de sagesse et de connaissance.

Plusieurs années passèrent. Toute la richesse que le roi avait fournie à son fils pour le voyage avait été dépensée par le prince pour l'amour du luxe auquel il avait été habitué. En fait, au cours de ses périples, le prince avait acquis un goût encore plus grand du luxe et la fortune de son père fut dilapidée pour satisfaire ses nouveaux désirs à un point tel que le prince dut vendre absolument tout ce qu'il possédait.

En poursuivant son voyage, le prince arriva dans un pays si éloigné du sien que les habitants n'avaient jamais entendu parler de son père, le grand roi. Ils ne crurent pas qu'il était un prince, pas plus qu'ils n'avaient jamais entendu parler de son royal père.

L'amour paternel

Lorsque le prince se rendit compte finalement qu'il n'y avait plus aucun espoir pour lui, là-bas, ni de répit à son âme torturée, il décida du fond de sa détresse de retourner vers son pays natal, le pays de son royal père.

Au cours de ces nombreuses années d'errance, cependant, le prince avait oublié jusqu'au langage de son pays ! Lorsqu'il y retourna, il commença à s'exprimer par gestes pour tenter de faire comprendre aux gens qu'il était le fils de leur roi. Mais le peuple se moqua de lui : « Est-il possible que le fils de notre puissant monarque soit vêtu de haillons et de guenilles ? » Ils le malmenèrent si violemment qu'il fut blessé et meurtri de la tête aux pieds avant qu'il atteigne finalement la cour du palais royal de son père. Une fois encore, il essaya par des gestes d'indiquer aux gardes qu'il était le fils du roi, mais ils l'ignorèrent.

Désespéré, le prince commença à crier, gémir et se lamenter, dans l'espoir que son père, le roi, reconnaisse sa voix. Lorsque le roi entendit les cris, il s'exclama : « N'est-ce pas la voix de mon fils criant vers moi dans sa détresse ? » Le grand amour qu'il avait pour son fils jaillit de son être et il courut vers lui, l'étreignit et l'embrassa.

Le « roi » c'est le Tout-Puissant, le Suprême Roi des rois. Le « prince » c'est le peuple juif, le fils bien-aimé de l'Éternel. L'âme divine est envoyée « en voyage » ; elle pénètre le corps afin que grâce à l'accomplissement des mitsvot et des bonnes actions il se purifie et s'élève à un plus haut niveau. Cependant par l'amour de son propre corps, par les désirs matériels, le « prince » erre au loin, vers un endroit (un état d'esprit) où le nom de son Père (D.ieu) est complètement inconnu. Ainsi que l'a déclaré le Pharaon de l'ancienne Égypte : « Qui est ce D.ieu à qui je doive obéir ? Je ne connais pas D.ieu. »

Le résultat de toutes ces errances est que l'âme du Juif oublie et perd tout ce qu'elle avait auparavant (comme dans la parabole le prince gaspille toute la richesse de son père) et que finalement, le Juif oublie même le « langage » de son pays natal – la connaissance de l'âme et sa familiarité avec la piété. De désespoir, le Juif commence à retourner et, à Roch Hachana, il émet un cri incohérent, le son du Choffar, afin que son Père puisse reconnaître sa voix. L'appel du Choffar est en vérité le cri du plus profond de nos cœurs, exprimant à D.ieu notre remords profond pour notre passé et notre ferme résolution d'écouter Sa voix à l'avenir.

En entendant ce cri, le Suprême Roi des rois « s'éveille » et montre Son grand amour pour Son fils unique. Il pardonne à Son fils ses mauvaises actions passées, ainsi que cela se passe à Yom Kippour, le Jour de Pardon. Puis, tout blanchis, nous commençons une « nouvelle page » en célébrant la fête de Souccot et, comme dans la parabole, notre Père, le Tout-Puissant, nous étreint et nous enveloppe dans la Souccah.