C’était pourtant si simple : Deux êtres presque parfaits dans un environnement presque parfait devaient bien se comporter pendant quelques heures afin d’accéder à la perfection ultime. Et tout a échoué.
Nous ne venons pas de décrire la trame d’un roman de science-fiction mais le début de la Genèse. En effet, Adam et Ève étaient, selon l’expression de nos Sages, « créés par la main de D.ieu », ce qui leur conférait une quasi-perfection. D.ieu les plaça dans le Gan Éden, le Paradis Terrestre, où le mal n’avait pas sa place à l’exception du serpent et de l’Arbre de la Connaissance. Et le premier couple de l’humanité, créé le vendredi à midi, devait s’abstenir de goûter du fruit de cet arbre jusqu’au crépuscule, à l’entrée du Chabbat. Par cela, ils auraient amené le monde tout entier aux temps messianique, au Chabbat éternel.
Mais Ève a failli et a entraîné son époux dans une chute vertigineuse.
Il a fallu attendre plusieurs générations pour retrouver un être exceptionnel capable de devenir la souche du peuple élu : Abraham, chéri par D.ieu, ancêtre du peuple juif dont la mission serait de réparer la faute du premier homme. Cette mission passe par la descente en Égypte, qui permet, tel un creuset, de fonder le peuple juif qui, sous la conduite de Moïse, le berger fidèle va à la rencontre de D.ieu au Mont Sinaï.
Nous revoici à un point culminant de notre histoire : le peuple élu bénéficie d’une révélation quasi-messianique. Il faut peu de choses pour accéder enfin à cette vie éternelle. Moïse monte sur le Mont Sinaï recevoir les Tables de la Loi, expression concrète de l’alliance de D.ieu avec Son peuple.
Pendant ce temps, poussé par les prosélytes que Moïse avait acceptés, le peuple de D.ieu confectionne le veau d’or et entraîne l’humanité tout entière dans une deuxième chute prodigieuse.
Il faut attendre cinq siècles pour qu’après être entrés en Terre Sainte, après s’y être installés, après avoir nommé un roi, le peuple d’Israël, avec le roi Salomon à sa tête, construise la résidence de D.ieu, le Temple de Jérusalem. Cet événement est une nouvelle apogée de l’histoire, marquée par des festivités qui durèrent tout un mois. Pourtant, dès la disparition du roi Salomon, la situation politique et morale dégénère, le schisme est consommé et l’idolâtrie s’installent dans les royaumes de Juda et d’Israël.
Ainsi, quatre cent dix ans après sa construction, le Premier Temple est détruit.
L’exil de Babylonie ne dura que soixante-dix ans, au bout desquels les Juifs, revenus à Jérusalem avec la permission du roi Cyrus de Perse et sous la conduite d’Ezra et Néhémie, bâtirent le Second Temple. L’honneur de ce celui-ci devait être, selon le prophète, plus grand que celui du premier. Certes, le Second Temple d’Hérode était plus grand que le premier et il dura dix ans de plus.
Mais les luttes intestines, la haine gratuite conduisit à sa destruction en 68 de l’ère vulgaire, suivie par notre exil qui se prolonge depuis près de deux millénaires.
L’histoire du peuple juif, semée d’élévations inexorablement suivies de chutes, semblerait être un mythe de Sysiphe, Pourtant, dans la perspective 'hassidique, chaque remontée amène à un niveau supérieur à celui de la remontée précédente. En fait, chaque descente est faite pour s’élever car plus la descente est grande, plus la lutte avec le mal est rude et plus les forces les plus intérieures des serviteurs de D.ieu peuvent se révéler.
C’est pourquoi ce dernier exil, qui est si long, conduira très bientôt aux temps messianiques et au Troisième Temple éternel.
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