Lois relatives à l'étude de la Torah : Chapitre Quatre

1. On n’enseigne la Torah qu’à un disciple convenable, de comportement élégant, ou à une personne dont on ignore [la conduite]. Toutefois, [un élève] qui marche dans un mauvais chemin, on le ramène [tout d’abord] vers le bien, et on le conduit dans le droit chemin. On enquête à son sujet [pour vérifier qu’il a effectivement regagné le droit chemin], puis, on le fait entrer dans la maison d’étude, pour lui enseigner [la Torah]. Les sages ont dit : « Celui qui enseigne à un disciple indigne est considéré comme s’il jetait une pierre à Mercure, comme il est dit : « Autant fixer une pierre dans la fronde que de décerner des honneurs au sot » ; il n’est d’autre honneur que la Torah, comme il est dit : « L’honneur sera le lot des sages ». Et de même, un maître qui ne marche pas dans le droit chemin, bien qu’il soit un grand sage, et que tout le peuple ait besoin de lui, on ne doit pas apprendre de lui jusqu’à ce qu’il revienne vers le bien, comme il est dit : « C’est que les lèvres du cohen doivent conserver la connaissance ; c’est de sa bouche qu’on réclame la Torah, car il est un messager de l’Eternel ». Les sages ont dit : « Si le maître ressemble à un messager de D.ieu, on doit rechercher la Torah chez lui. Dans le cas contraire, on ne doit pas rechercher la Torah chez lui ».

2. Comment enseigne-t-on [aux disciples] ? Le maître s’assoit à la tête, et les disciples sont [assis] autour de lui, de sorte qu’ils puissent tous voir le maître et écouter ses paroles. Le maître ne doit pas siéger sur un siège alors que ses élèves sont assis sur le sol. Plutôt, tous sont assis sur le sol, ou tous sont [assis] sur des sièges. Autrefois, le maître était assis et les élèves debout, mais avant la destruction du second Temple, tous ont pris l’habitude d’enseigner à leurs disciples assis.

3. Il [le maître] peut enseigner personnellement à ses élèves. S’il enseigne au moyen d’un interprète, l’interprète se tient entre lui et les disciples ; le maître parle à l’interprète, et l’interprète fait entendre [ce que dit le maître] à tous les disciples. Lorsqu’ils [les disciples] posent des questions à l’interprète, celui-ci interroge le maître. Le maître répond alors à l’interprète, et ce dernier, à celui qui a posé la question. Le maître ne doit pas élever la voix plus que l’interprète, et l’interprète, lorsqu’il interroge le maître, ne doit pas élever la voix plus que le maître. L’interprète n’a le droit ni de diminuer ni d’ajouter, ni de modifier [les paroles du maître], à moins que l’interprète soit son père ou son maître. Si le maître dit à l’interprète : « Voici ce que m’a dit mon maître » ou « Voici ce que m’a dit mon père et maître », lorsque l’interprète transmet les paroles aux élèves, il parle au nom du sage, et mentionne le nom du père ou maître du maître, et dit : « Voici ce qu’a dit maître untel », bien que le maître n’ait pas mentionné le nom du sage, car il est défendu de se référer à son maître ou à son père par son nom.

4. Lorsque le maître prodigue son enseignement [à ses élèves], il ne doit pas se mettre en colère contre eux ; plutôt, il recommence et répète [l’enseignement] même plusieurs fois, jusqu’à ce qu’ils comprennent la profondeur de la loi. De même, l’élève ne doit pas dire : « J’ai compris » alors qu’il n’a pas compris, mais il doit poser des questions même plusieurs fois. Si le maître se met en colère contre lui, il doit lui dire : « Maître, c’est la Torah, j’ai besoin d’étudier, et mon esprit est étroit ».

5. L’élève ne doit pas avoir honte du fait que ses amis qui ont compris la première ou la seconde fois alors que lui n’a compris qu’au bout de plusieurs fois. Car s’il en conçoit de la honte, il entrera et sortira de la maison d’étude sans n’avoir rien appris. C’est pourquoi, les sages d’antan ont dit : « Le timide n’apprend pas et l’irascible n’enseigne pas ». Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Si les disciples ne comprennent pas [le sujet] du fait de sa profondeur ou du fait de leur esprit étroit. Mais si le maître remarque que leur lacune est due à de la paresse et un relâchement dans leur étude, il se doit de se mettre en colère contre eux et de les humilier par des paroles, afin d’éveiller [leur concentration]. C’est à ce sujet que les sages ont dit : « Inspire la crainte aux disciples ». C’est pourquoi, il ne convient pas au maître de se conduire avec légèreté devant les disciples, ni de plaisanter en leur présence, ni de manger et boire avec eux, afin qu’ils le craignent, et apprennent rapidement de lui.

6. On n’interroge pas le maître qui entre dans la maison d’étude avant qu’il soit disposé. Un disciple ne doit pas interroger [son maître] quand il entre [dans la maison d’étude] avant de s’être assis et d’avoir repris son calme. Deux personnes ne doivent pas poser une question en même temps. Une question sur un autre thème que le thème étudié ne doit pas lui être soumise, afin qu’il n’ait pas honte [s’il n’a pas la réponse]. Un maître peut tromper ses disciples par ses questions ou par les actes qu’il fait en leur présence afin d’aiguiser [leur esprit] et pour savoir s’ils se souviennent ou non de ce qu’il leur a appris. Inutile de mentionner qu’il a le droit de leur poser une question sur un autre sujet que le sujet étudié afin d’éveiller leur attention.

7. On ne doit pas poser une question debout, ni répondre à une question debout, ni en hauteur, ni de loin, ni de derrière les anciens. On ne doit interroger le maître que sur le sujet étudié [et non sur un autre sujet dans le même thème], dans la crainte, et pas plus de trois lois par sujet.

8. Si deux [disciples] posent [chacun] une question, l’un [pose une question] pertinente et l’autre non, on prend en prête attention [à la question] pertinente. [Si l’un pose une question] pratique et [l’autre une question] théorique, on s’intéresse [tout d’abord à la question] pratique. [Si l’un pose une question sur] une loi [transmise à Moïse sur le Sinaï et l’autre une question sur] un Midrach, on s’intéresse [en premier lieu sur la question de] la loi [transmise à Moïse sur le Sinaï]. [Si l’un pose une question sur] un Midrach [et l’autre une question sur] une Agada , on se tourne [en premier lieu vers la question qui concerne] le Midrach. [Si l’un pose une question sur] une Agada [et l’autre une question sur le raisonnement par] « a fortiori » [l’une des treize règles d’herméneutique], on se tourne [vers la question qui traite du raisonnement par] « a fortiori ». [Si l’un pose une question sur un raisonnement par] « a fortiori » [et l’autre une question sur un raisonnement par] analogie [de termes, une autre règle d’herméneutique, on prête attention à la question qui traite du raisonnement par] « a fortiori ». Si deux personnes – l’un un sage et l’autre un disciple – posent une question, on répond au sage [en priorité]. Si un disciple et un ignorant [posent tous deux une question], on répond au disciple [en premier lieu]. Si tous deux sont des sages, tous deux des disciples, ou tous deux des ignorants, ou si tous deux posent des questions liées à deux lois [enseignées à Moïse sur le Sinaï], tous deux proposent de répondre [au sujet traité], ou tous deux posent des questions pratiques, l’interprète a le droit [de donner priorité à celui qu’il désire].

9. On ne dort pas dans la maison d’étude. Qui somnole dans la maison d’étude, sa sagesse se déchire en morceaux. De même, Salomon dit dans sa sagesse : « Le goût du sommeil réduit à se couvrir de haillons ». On ne tient dans la maison d’étude que des paroles de Torah. Même quand quelqu’un éternue, on ne lui dit pas : « À ta] guérison ! » et inutile de mentionner [qu’on ne dit] pas d’autres choses. La sainteté de la maison d’étude est supérieure à celle de la synagogue.