Lois relatives à l'étude de la Torah : Chapitre Trois
1. Les juifs ont été couronnés par trois couronnes : la couronne de la Torah, la couronne de la prêtrise, et la couronne de la royauté. Aaron a acquis la couronne de la prêtrise, comme il est dit : « Lui et sa postérité après lui possèderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité ». David a acquis la couronne de la royauté, comme il est dit : « sa postérité durera éternellement, et son trône sera stable devant Moi à l’égal du soleil ». La couronne de la Torah est posée, là, à disposition de tout le peuple juif, comme il est dit : « La Torah que Moïse nous a ordonnée est l’héritage de la communauté de Jacob » ; qui désire peut venir la prendre. Peut-être penserais-tu que les [deux autres] couronnes sont plus grandes que la couronne de la Torah ? Il est dit : « Par moi règnent les rois, et les princes fondent des lois de justice », tu apprends donc que la couronne de la Torah est plus grande que les deux [autres].
2. Les sages ont dit : « Un mamzer érudit a priorité sur un grand prêtre ignorant », car il est dit : « elle est plus précieuse que les perles (pninim) » [texte qui, par un jeu de mots, peut être interprété de la façon suivante : elle est plus précieuse] que le grand prêtre qui entre dans [la pièce] la plus intérieure (lifnei velifnim) [le Saint des saints, le jour de Kippour].
3. Il n’est pas de mitsva qui équivaille à l’étude de la Torah ; l’étude de la Torah équivaut à tous les commandements, car l’étude conduit à l’action. C’est pourquoi, l’étude a toujours priorité sur l’action.
4. Si on a l’opportunité d’accomplir une mitsva ou d’étudier la Torah, [la règle suivante est appliquée :] si la mitsva peut être accomplie par d’autres, on ne doit pas interrompre son étude. Dans le cas contraire, on accomplit la mitsva et on retourne à son étude.
5. L’homme est tout d’abord jugé [dans l’au-delà] sur son étude, et ensuite, sur le reste de ses actions. C’est pourquoi, les sages ont dit : un homme doit toujours s’investir dans la Torah, pour elle-même [la Torah] ou [motivé] par d’autres [considérations personnelles], car [cette étude] motivée par une autre intention conduira à [l’étude] pour [la Torah] même.
6. Celui qui a cœur d’accomplir ce commandement comme il se doit et d’être couronné par la couronne de la Torah ne doit pas en détourner son esprit et [se méprendre en] pensant qu’il acquerra la Torah en même temps que la richesse et les honneurs. Tel est le chemin de la Torah : Mange du pain avec du sel, bois de l’eau avec une petite mesure, dors par terre, vis une vie difficile et peine dans la Torah. Il ne t’incombe pas d’achever la tâche, mais tu n’as pas non plus le droit de t’en dispenser. Si tu as appris beaucoup de Torah, tu as gagné une grande récompense, et la récompense est proportionnelle à la peine.
7. Peut-être pourrais-tu dire : « Une fois que j’aurai accumulé de l’argent, je retournerai à mon étude », « Une fois que j’aurai acquis ce dont j’ai besoin et que je serai libre de mes affaires, je reprendrai mon étude », si une telle pensée te monte à l’esprit, tu n’obtiendras jamais la couronne de la Torah. Plutôt, fais de la Torah ton occupation fixe, et de ton travail [une occupation] secondaire, et ne dis pas : « Quand j’aurais du temps, j’étudierai », car peut-être n’auras-tu jamais le temps.
8. Il est dit dans la Torah : « elle [la Torah] n’est pas dans le ciel, et elle n’est pas de l’autre côté de la mer ». « Elle n’est pas dans le ciel » signifie, elle n’est pas présente chez les arrogants, ni chez ceux [les marchands] qui voyagent par-delà la mer. C’est pourquoi, les sages ont dit : « Celui qui fait beaucoup d’affaires ne peut pas devenir un sage ». Les sages nous ont ainsi exhortés : « Réduis tes occupations professionnelles, et investis-toi dans la Torah ».
9. Les paroles de la Torah sont comparées à l’eau, comme il est dit : « Ah, vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau » ; cela nous enseigne que tout comme l’eau ne s’accumule pas sur une pente, mais s’écoule et s’accumule dans un creux, ainsi, les paroles de la Torah ne sont pas présentes chez les arrogants, ni dans le cœur des gens hautains, mais chez celui dont l’esprit est contrit et humble, qui s’assoit dans la poussière aux pieds des sages, et débarrasse son cœur de tous les désirs et plaisirs temporels, consacre peu de temps de sa journée à un travail pour assurer sa subsistance – s’il n’a pas [autrement] de quoi manger – et se dévoue le reste du jour et la nuit à la Torah.
10. Qui aspire à se consacrer à [l’étude de] la Torah sans travailler, pourvoyant [à ses besoins] de la charité, profane le nom [de D.ieu], rabaisse la Torah et éteint la lumière de la foi. Il se cause du mal à lui-même, et perd la vie du monde futur, car il est défendu de profiter des paroles de la Torah en ce monde. Les sages ont dit : « Qui tire profit des paroles de la Torah perd sa vie dans le monde ». Ils ont également ordonné : « N’en fais pas une couronne pour te glorifier, ni une hache pour couper ». Ils ont également ordonné : « Aime le travail, hais le pouvoir ». Toute [étude de la] Torah qui n’est pas accompagnée d’un travail finira par être anéantie et conduira au péché ». Une telle personne finira par voler les autres.
11. Grande est la qualité de celui qui subvient à ses besoins de l’œuvre de ses mains, c’est là le trait des pieux d’antan, par lequel il méritera tous les honneurs et bienfaits dans ce monde et dans le monde futur, comme il est dit : « Tu mangeras le produit de ton travail, tu seras heureux, et tu auras le bien ». « Tu seras heureux » en ce monde, « et tu auras le bien » dans le monde où tout ne sera que bien.
12. Les paroles de la Torah ne demeurent pas chez une personne qui [étudie] avec nonchalance, ni chez ceux qui étudient au milieu des plaisirs, de la nourriture et de la boisson, mais seulement chez celui qui s’y sacrifie, et exténue son corps continuellement, ne laisse pas de sommeil à ses yeux, et de repos à ses paupières. Les sages ont dit, allusivement [à propos du verset :] « Voici la Torah, un mort qui mourra dans une tente […] », la Torah ne demeure que chez celui qui se sacrifie dans les tentes de la sagesse. De même, [le roi] Salomon dit dans sa sagesse : « Tu faiblis au cours de la détresse : c’est que ta force est faible ». Il dit aussi : « En même temps, ma sagesse me restait », [verset qui peut être interprété de la manière suivante :] la sagesse que j’ai apprise par la colère [quand mon maître m’a réprimandé] m’est restée. Les sages ont dit : « Une alliance a été conclue, que quiconque tâche dans son étude à la synagogue n’oubliera pas rapidement [ce qu’il a appris] ». Celui qui peine discrètement dans son étude deviendra sage, comme il est dit : « la sagesse est avec les humbles ». Celui qui étudie à voix haute, son étude subsiste. Mais celui qui étudie à voix basse oublie rapidement.
13. Bien qu’il soit une mitsva d’étudier jour et nuit, l’homme acquiert la majeure partie de sa sagesse la nuit uniquement. C’est pourquoi, celui qui désire acquérir la couronne de la Torah doit prêter attention à toutes ses nuits, et ne pas en perdre une seule par le sommeil, la nourriture et la boisson, les conversations ou ce qui est semblable, mais [consacrer chacune à] l’étude de la Torah et aux paroles de sagesse. Les sages ont dit : « Le chant de la Torah n’est [entendu] que la nuit, comme il est dit : “Lève-toi, pousse des cris la nuit” ». Qui s’investit dans [l’étude de] la Torah la nuit, un fil de Grâce [divine] s’étend sur lui le jour, comme il est dit : « Puisse l’Eternel chaque jour mettre sa grâce en œuvre ! Que la nuit, un cantique en Son honneur soit sur mes lèvres, ma prière au D.ieu vivant ». Toute maison où les paroles de Torah ne raisonnent pas la nuit sera dévorée par le feu, comme il est dit : « Tous les noirs désastres menacent les trésors qu’il a amassés ; un feu que personne n’a attisé le consume ». « Car c’est la parole de l’Eternel qu’il a méprisé », cela fait référence à celui qui fait fi des paroles de la Torah. Et de même, celui qui a la possibilité d’étudier la Torah et ne le fait pas, ou étudie la Loi Écrite et la Loi Orale et se détourne vers les vanités, abandonnant son étude et y renonçant, fait partie de « ceux qui méprisent la parole de l’Eternel ». Les sages ont dit : « Qui délaisse l’étude de la Torah dans la richesse finira par la délaisser dans la pauvreté, et qui accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir dans la richesse ». Cette idée est explicitement exprimée dans la Torah : « Et parce que tu n’auras pas servi l’Eternel ton D.ieu, avec joie et contentement de cœur, au sein de l’abondance, tu serviras tes ennemis », et il est dit : « afin de t’affliger… pour te faire du bien à la fin ».
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