Nos Sages disent : “tous les septièmes sont chéris” et non : “tous les chéris sont septièmes”. Il en résulte que la qualité essentielle est, en l’occurrence, le fait d’être le septième, justifiant que l’on soit chéri, ce qui veut dire qu’une telle personne n’est pas chérie à cause d’un élément livré à son libre choix, à sa volonté et à son effort, mais uniquement par le simple fait d’être la septième, caractère qui lui est acquis depuis sa naissance. Malgré cela, “tous les septièmes sont chéris”. C’est pour cela qu’il fut accordé à Moïse que le don de la Torah soit réalisé par son intermédiaire.
Dès son arrivée en Amérique1, mon beau-père, le Rabbi, souligna que l’amour porté au septième met en évidence la qualité du premier. En effet, c’est bien par rapport à lui qu’il est le septième. A cette occasion, il montra donc l’importance du premier, en l’occurrence de notre père Avraham, qui servit D.ieu en faisant don de sa propre personne. Mais, le Rabbi ne se contenta pas de cela et il fournit également une autre précision, bien que celle-ci, en apparence, ne concerne pas directement son analyse. Il souligna que Avraham ne se fixa pas pour objectif de donner sa vie pour D.ieu. C’est précisément ce qui le distingue de Rabbi Akiva. Ce dernier souhaitait mourir pour D.ieu et il déclara : “Quand l’occasion se présentera-t-elle à moi, afin que je puisse le faire ?”. A l’opposé, l’abnégation dont fit preuve Avraham avait uniquement un rôle accessoire.
Avraham savait que la finalité essentielle de son action était exprimée par le verset : “Il invoqua là-bas le Nom de l’Éternel, D.ieu du monde”, duquel nos Sages disent : “Ne lis pas ‘Il invoqua’, mais : ‘Il fit invoquer’. Avraham devait donc convaincre les autres et, s’il était nécessaire, pour y parvenir, de donner sa vie, il était résolu à le faire. Son service de D.ieu et son abnégation furent si grands que Moïse eut le mérite de voir la Torah donnée par son intermédiaire uniquement parce qu’il était le septième, par rapport à lui et que “tous les septièmes sont chéris”. Et, le Saint béni soit-il dit à Moïse : “Ne te tiens pas là où se trouvent les grands”, cette expression faisant référence à Avraham.
Le septième est donc particulièrement chéri et cela ne résulte pas de son choix, ni de son effort. Il obtient cette qualité de manière naturelle, du simple fait de sa naissance. Pour autant, il n’y a en cela aucune limite, qui pourrait rendre ce caractère inaccessible ou bien le réserver à une élite. Comme l’explique le Tana Deveï Elyahou, aux chapitres 9 et 25, qui sont cités par la ‘Hassidout, chaque Juif, y compris un esclave ou une servante2, peut recevoir l’inspiration divine et il est tenu de proclamer : “Quand mes actions égaleront-elles celles de mes ancêtres, Avraham, Its’hak et Yaakov ?”. Pour autant, on ne doit pas s’abuser soi-même et il faut savoir se dire : “Ne te tiens pas là où se trouvent les grands !”. L’importance du septième est uniquement appréciée en fonction de sa place par rapport au premier. Il peut donc assumer la mission qui lui est confiée par ce premier, “ne lis pas ‘Il invoqua’, mais : ‘Il fit invoquer’”. Et, c’est pour cela qu’il est chéri, pour cela qu’il révèle la Présence divine, bien plus qu’il établit Sa résidence essentielle, plus encore, que celle-ci se trouve parmi les créatures inférieures.
C’est donc là ce que l’on attend de chacun d’entre nous, qui appartenons à cette septième génération3, car “tous les septièmes sont chéris”. Nous ne sommes pas la septième génération parce que nous en avons fait le choix ou bien en rétribution de notre effort. De différents points de vue, on peut même dire qu’il en est ainsi contre notre gré. Malgré cela, “tous les septièmes sont chéris” et nous vivons dans la période du talon du Machia’h4, plus encore à la fin de cette période. Il nous revient donc d’achever la révélation de la Présence divine ici-bas, bien plus de bâtir Sa Résidence essentielle, précisément parmi les créatures inférieures.
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