Chère Rachel,
J’habite sur le même palier qu’une femme dont les enfants ont le même âge que les miens. Cela aurait dû être une chance pour nous d’avoir des compagnons de jeu pour nos enfants aussi proches, mais malheureusement ses enfants sont terriblement mal élevés et ont une très mauvaise influence sur les miens. Lorsqu’ils ont joué ensemble par le passé, mes enfants sont rentrés à la maison en disant des choses et en ayant des attitudes que je ne tolérerai pas. Pire encore, les parents ne semblent pas s’en apercevoir ou s’en soucier. Lorsque je leur ai parlé au sujet de certaines choses que leurs enfants avaient faites, ils n’en ont absolument pas fait cas. Il est clair que je ne veux pas que mes enfants jouent avec eux, mais, du fait que ces enfants sont dehors tous les jours, à chaque fois que mes enfants les voient, ils leur demandent de rester jouer avec eux. Combien de fois puis-je dire à mes enfants « Non, pas aujourd’hui » ? S’il vous plaît, aidez-moi.
S. C.
Jérusalem, Israël
Chère S. C.,
Lorsqu’il s’agit d’enfants, que ce soit les vôtres ou ceux des voisins, la situation est toujours complexe. Cependant, d’après ce que vous me décrivez, il y a ici une combinaison malsaine. Il y a en fait deux problèmes : l’un est le problème comportemental qui concerne la façon dont les enfants jouent (et pouvons-nous y changer quelque chose ?), l’autre est ce que vous devriez dire à vos enfants entre-temps.
Concernant le comportement, il ne fait aucun doute que si vous déterminez qu’une situation n’est pas positive pour vos enfants, vous ne pouvez pas leur permettre de s’y associer. Nos enfants sont des éponges et s’imprègnent de tout ce qui les entoure, et le mauvais comportement est quelque chose qu’ils captent particulièrement bien.
Dans la mesure où les parents de ces enfants semblent ne pas s’en rendre compte ou ne pas s’en soucier, il est possible que leurs enfants agissent ainsi pour attirer leur attention. Lorsque les enfants se sentent ignorés, ils se livrent souvent à des attitudes extrêmes, et souvent du mauvais côté, afin de se faire remarquer.
Ainsi, peut-être qu’au lieu d’interdire à vos enfants de jouer, il vaudrait mieux essayer une autre approche qui pourrait s’avérer bénéfique pour toutes les parties en présence. Avez-vous essayé d’inviter ces enfants à venir jouer chez vous, là où vous êtes en mesure de surveiller ce qui se passe ? Essayez peut-être de les inviter pour de très brèves séances de jeu, dans une situation où vous serez complètement disponible au moment où ils jouent. Si vous dites à vos enfants qu’ils peuvent inviter les voisins pour une heure de temps, puis leur proposez un jeu de société ou un autre genre de jeu « supervisable », cela procurera non seulement à vos enfants un précieux moment de jeu, mais vous permettra de vous rendre compte par vous-même de ce qui se passe entre eux.
Il y a deux résultats possibles à cette expérience : soit ces enfants se comporteront correctement chez vous, auquel cas vous aurez donné à vos enfants une occasion de s’amuser et aurez procuré à ceux des voisins un environnement sain, affectueux et attentif pour y jouer. Autre possibilité : ils se comportent de façon terrible.
Si vous voyez ces enfants mal se comporter, vous pouvez leur énoncer fermement les règles de votre maison et comment ils doivent se tenir. Parfois, certains enfants se comportent mal simplement parce que personne ne leur a dit que certaines choses ne se font pas. S’ils peuvent faire ce qui leur plaît chez eux et que personne ne les remet sur les rails, comment pourraient-ils se douter que leur comportement est problématique ?
Lorsque vous leur expliquez comment il faut faire (« Dans cette maison, on dit “s’il vous plaît” lorsque l’on veut quelque chose »... « Dans cette maison on ne claque pas les portes »... « Dans cette maison, on remet un jouet à sa place quand on a fini de jouer », etc), vous devriez tenir cette conversation en présence de tous les enfants concernés. Il est toujours bénéfique pour vos propres enfants de se voir rappeler la façon dont on attend d’eux qu’ils se comportent, et il est important pour eux de voir que vous avez donné cette explication à leurs camarades aussi.
Dans l’idéal, ces enfants obéiront à vos règles et modifieront leur attitude, tout du mois lorsqu’il seront chez vous. S’ils peuvent apprendre à bien se tenir en votre présence, peut-être accepterez-vous que vos enfants jouent avec eux. Il est vrai que cela va exiger de vous un certain investissement, mais il est important que vos enfants voient qu’avant d’interdire quelque chose vous avez considéré toutes les options. En outre – et bien que ce ne soit pas votre responsabilité –, c’est une grande Mitsva que vous faites envers ces autres enfants. Leur inculquer une structure et des règles et leur apprendre à être bien élevés est quelque chose dont ils ont clairement besoin et qu’ils ne reçoivent pas chez eux, et il y a là une réelle opportunité de les influencer.
Si, cependant, vous fixez des règles et que ces enfants ne vous écoutent pas, alors vous devez faire clairement comprendre à ces enfants et aux vôtres qu’ils n’ont absolument pas le droit de jouer ensemble.
Ceci fait, ne pensez pas que vos enfants vous étiquetteront forcément comme « la méchante Maman qui a dit non », car, sans même recevoir d’explication, ils pourront parfaitement comprendre pourquoi il en est ainsi. Après tout, ils vous auront entendu dire clairement ce que vous attendiez, et, dès lors que ces enfants ont refusé de vous obéir, la conséquence évidente est qu’il ne leur sera plus permis de venir jouer chez vous.
Ce sera aussi une occasion pour expliquer à vos enfants qu’il est important de toujours obéir à son père et à sa mère. Plus encore, expliquez-leur que le concept de kiboud av vaem, honorer ses parents, est une Mitsva de la Torah. Si leurs amis ne vous obéissent pas et se montrent irrespectueux, alors ils ne peuvent pas venir jouer chez vous et vous ne pouvez pas non plus permettre à vos enfants d’aller jouer chez eux, là où vous ne pouvez pas les surveiller. Il y a de fortes chances qu’ils auront très bien compris la chose d’eux-mêmes et n’auront pas besoin d’explication.
Vous pouvez leur dire aussi que c’est parce que vous les aimez que vous voulez ce qui est bon pour eux, et que, dans ce cas, cela implique de dire « non » quand ils veulent jouer avec ces enfants. Pour qu’ils ne se sentent pas floués, vous pouvez organiser des séances de jeu avec d’autres camarades. Ou bien amenez-les au parc si c’est possible, ou dans un square, lorsque les enfants des voisins « occupent » la rue devant chez vous.
En résumé, bien que cela exige de votre part certains efforts, faites l’essai et regardez comment cela se passe si vous invitez ces enfants chez vous. Quel qu’en soit le résultat, il en sortira une leçon éminemment positive pour vos enfants (et pour ceux des voisins) et constituera une expérience éducative pour tous. Bonne chance !
Rachel
Extrait du service de conseil de notre site féminin www.thejewishwoman.org.
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