Chère Tzippora,

Je voudrais que mon mari m’aide plus avec les enfants. Le problème c’est que lorsque je m’efforce de lui expliquer comment il faut faire les choses, il se vexe et dit « alors tu n’as qu’à le faire toi-même ». Il dit que si c’est lui qui doit s’en occuper, qu’il s’agisse de les mettre au lit, de leur donner le bain ou n’importe quoi d’autre, il doit le faire à sa manière. Qu’en pensez-vous ? Suis-je trop dirigiste ? N’est-ce pas déstabilisant pour les enfants s’il fait les choses différemment ?

Une Maman perplexe


Chère Maman perplexe,

J’aime votre question parce qu’elle exprime une problématique familiale classique. Maman passe beaucoup plus de temps avec les enfants et en vient doucement à se considérer comme une experte. Malheureusement, elle se sent aussi surmenée et débordée. Mais lorsqu’elle essaye d’appeler Papa en renfort, il n’est pas intéressé par ses conseils émanant de sa sagesse supérieure et préfère faire les choses à sa manière.

 Cette situation soulève une question intéressante : Papa n’est-il que le remplaçant de Maman ? Ou bien est-il un parent à part entière, qui développera son propre style de prise en charge qui sera l’expression et le ferment de sa relation avec ses enfants ?

La réponse tient dans le fait que les familles marchent mieux lorsque les parents fonctionnent à pleine capacité, et cela signifie qu’il faut faire confiance à Papa et le laisser faire. En interagissant avec leurs deux parents, les enfants apprennent qu’il existe différents styles de relations, et ils s’adaptent vite. Ils apprennent aussi ce qu’ils peuvent attendre de chaque parent. Le coucher avec Papa voudra dire plus de chatouilles, le coucher avec Maman voudra dire plus d’histoires.

La Torah elle-même fait allusion aux différentes relations que les mères et les pères ont typiquement avec leurs enfants dans la manière dont elle énonce les deux mitsvot concernant le respect des parents. Lorsqu’elle nous commande la mitsva de kiboud (honorer ses parents en les servant), les pères sont mentionnés avant les mères. Lorsqu’elle nous commande la mitsva de yirah (les respecter en exprimant leur autorité sur nous), les mères sont mentionnées avant les pères.

Nos Sages enseignent que ces différences de phrasé ont pour but de contrebalancer nos tendances naturelles : bien que les enfants aient tendance à se sentir plus à l’aise avec leur mère et seront plus prompts à lui amener une boisson etc, ceci revêt la même importance vis-à-vis du père. Bien que les enfants craignent généralement plus leur père, et seront donc plus attentifs à ne pas s’asseoir à sa place ou à ne pas lui couper la parole, ceci revêt la même importance vis-à-vis de leur mère.

Ce qui est déstabilisant, c’est quand Maman ou Papa contredit la décision de l’autre parent. Cela diminue le parent contredit aux yeux de l’enfant. Ce qui signifie que lorsque Maman énonce une règle, Papa doit l’appuyer et vice-versa. La clé réside dans le respect mutuel et le partage de l’autorité, non dans un style uniforme.

Sur les questions importantes, lorsque Maman et Papa doivent présenter un front unique, prenez le temps de discuter de cela en privé. N’hésitez pas à dire à votre enfant, « Papa et moi allons en discuter et je te ferais savoir ce que nous aurons décidé. »

Cependant, lorsque Papa donne le bain et qu’il laisse les enfants verser eux-mêmes le shampoing bien qu’ils vident la moitié de la bouteille, c’est le moment de laisser faire et de ne pas vous demander comment vous auriez fait les choses. Parce que pour le prix de ce petit supplément de shampoing, vous leur donnez quelque chose qui n’a pas de prix : un vrai père, réellement impliqué.

Merci pour votre lettre.