Vous êtes piégé dans votre mariage. Vous avez prononcé certaines paroles, elle aussi, toutes plutôt impardonnables, mais maintenant, et maintenant vous voilà incarcéré dans ce cube de silence tendu que vous appeliez autrefois « votre maison », et vous ne pouvez désormais qu’aller plus bas... Il existe bien une issue : hier, justement, il y a bien eu un moment, une fugace opportunité de se réconcilier... Mais vous étiez trop gros pour vous y glisser !
Vous êtes piégé dans vos dettes. Il y avait tout d’abord les travaux de rénovation de la maison qu’il vous fallait entreprendre, puis la voiture qu’il vous fallait absolument, les vacances qui vous faisaient envie (vous méritez bien quelque chose pour vous-même, vous aussi). Les factures s’amoncellent et vous ne pouvez désormais qu’aller plus bas. Oui, bien sûr, il y a cette minuscule embrasure par laquelle une petite voix au fond de vous vous dit parfois « Tu n’en as pas vraiment besoin ». Mais vous êtes devenu trop gros pour vous y glisser !
Vous êtes piégé dans votre vie. Vous avez beau vous tourner de tous les côtés, vous ne faites que vous heurter à des murs : des habitudes inébranlables, des collègues hostiles, des désirs insatiables. La seule direction qui vous semble ouverte est celle qui vous fera tomber encore plus bas, celle qui vous enfoncera encore plus dans le bourbier.
Parfois, le temps s’éclaircit suffisamment pour que vous puissiez entrevoir la trappe d’évacuation, tout en haut du mur – la porte vers la liberté. Mais elle paraît tellement petite ! En fait, le problème n’est pas tant sa taille que le fait qu’il vous faille vous faire petit, vous aplatir carrément, pour pouvoir la franchir. Il vous faut suffisamment dégonfler votre propre ego pour parvenir à vous dire : « Une minute ! Je fais fausse route ! L’enjeu ce n’est pas moi, c’est Nous. La question n’est pas ce que je peux devenir ou posséder, mais plutôt ce que je peux faire et accomplir. »
Nous célébrons la fête de Pessa’h en éliminant de nos foyers toute trace de ‘hamets (nourriture contenant du levain), que nous échangeons par de la Matsa, du pain qui n’a pas levé. Les maîtres ‘hassidiques expliquent que pour revivre la libération d’Egypte – le moment de l’histoire qui vit la libération de nos âmes de toutes les formes d’esclavage – il nous faut éradiquer le ‘hamets de notre âme, et le remplacer par la Matsa.
Le ‘hamets – toute graine qui a fermenté et enflé – représente ce gonflement de l’ego qui asservit l’âme plus que nulle autre prison physique ne saurait le faire. Tandis que la Matsa, plate et sans prétention, symbolise l’humilité, l’effacement et la soumission, qui sont finalement, les véritables clés pour libérer l’esprit humain.
Le Rabbi de Loubavitch mentionne par ailleurs que les qualités libératrices propres à la Matsa se retrouvent à travers les lettres hébraïques composant les mots « ’hamets » et « Matsa ». En effet, ces deux termes s’épellent de façon presque similaire (tout comme la miette de pain et le morceau de Matsa sont fabriqués d’après les mêmes ingrédients de base) : ‘Hamets s’épelle ‘hèth, mèm, tsadik ; Matsa s’épelle mèm, tsadik, hé. La seule distinction réside donc entre le ‘hèth et le hé. Or, ces deux lettres se ressemblent beaucoup, puisque les deux sont formées de trois côtés, et sont ouvertes en bas. Pourtant, la lettre hé possède une petite « trappe d’évacuation », dans le coin en haut à gauche.
Et ça fait toute la différence !
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