Lorsque Moïse prescrivit aux Juifs de préparer la matsa pour le repas du soir de Pessa’h (qui aurait lieu la veille de leur départ d’Égypte), il les enjoignit de « garder les matsot » (Exode 12,17). De ce verset découle une loi intéressante : il ne suffit pas de manger la matsa la nuit du Séder, c’est également une mitsva de « garder » la pâte de la matsa au cours de sa préparation pour la cuisson de sorte qu’elle ne lève pas.

La loi juive statue qu’il existe deux sortes très différentes de matsa.

La première est la matsa que nous mangeons pendant la plus grande partie de Pessa’h. Cette matsa est considérée « facultative ». Nous n’avons pas le devoir de manger de la matsa chaque jour ; nous pouvons consommer d’autres aliments qui ne sont pas ‘hamets (levés), tels que produits laitiers, poisson, viande, fruits et légumes. Du moment que nous ne mangeons pas de ‘hamets, nous sommes en accord avec les règles de la fête. Si, toutefois, nous choisissons de manger du pain, ce devra être de la matsa.

Ce n’est pas seulement le résultat qui compte, c’est aussi l’effort que nous y mettonsLa situation est toutefois très différente s’agissant des deux premiers soirs de Pessa’h. Les deux soirs de Seder, il nous est fait obligation de manger de la matsa, pour que nous nous rappelions le pain azyme que nos ancêtres consommèrent lorsqu’ils quittèrent l’Égypte. La matsa du Seder est appelée matsat mitsva (« matsa obligatoire ») et sa fabrication et régie par des règles particulières.

Un exemple de cette idée se trouve dans les règles d’une mezouza cachère. La mitsva de mezouza commence avant même que nous la fixions au montant de notre porte ; elle commence par la manière dont la mezouza est calligraphiée par un scribe qualifié (appelé un sofer) qui écrit les paroles du Chéma sur un parchemin. Le scribe doit être un adulte juif, qui est donc lui-même soumis à la mitsva de mezouza. Une impression laser peut bien être nette et précise, mais elle ne constitue pas une mezouza cachère, car elle est incapable de faire une mitsva « juive ».

De manière très similaire, la cuisson de la matsa du Seder est le début de la mitsva. Mélanger la pâte, rouler et façonner la matsa et mettre la pâte à cuire dans le four sont toutes des activités devant être effectuées par des juifs adultes. C’est pourquoi la matsa faite à la machine n’est pas le meilleur choix pour le Seder. La matsa faite à la main devient de plus en plus populaire et beaucoup de gens en mangent pendant tout Pessa’h. S'agissant du Seder, il est clair que la matsa faite main est préférable.

Il est facile de reconnaître les matsot faites à la main, car elles sont rondes, contrairement aux matsot faites à la machine qui sont carrées.1 Fait intéressant, la Torah décrit la matsa que les Juifs mangèrent en quittant l’Égypte comme des « ougot », un terme hébraïque signifiant aussi « de forme ronde ».

Il est une leçon importante que nous pouvons apprendre de la matsa : ce n’est pas seulement le résultat qui compte, c’est aussi l’effort que nous y mettons. Dans le monde d’aujourd’hui où tout est automatisé, nous oublions parfois la beauté et la valeur de la participation personnelle. Une mitsva exige un effort humain (et il y a peu de mitsvot qui demandent autant d’efforts que les préparatifs de Pessa’h...).

Une machine peut produire une matsa soignée et savoureuse, mais c’est l’effort et le travail humain qui font de la matsa une vraie mitsva. Seul l’effort soutenu peut conférer une vraie valeur.