Cet article, tiré de « Séfère Toldot Admour HaRayats », a été écrit sous forme de lettre par un 'Hassid. Il exprime l'autorité courageuse de Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn (le sixième Rabbi de Loubavitch) face à l'intense défi contre la foi juive. Il démontra l'ultime exemple de la lutte pour préserver la Torah et le Judaïsme.
Le Pourim de 1927 à Léningrad, chez le Rabbi Yossef Its’hak, devenu à son tour Rabbi de Loubavitch suite au décès de son père, fut vraiment unique, totalement différent de ceux des années précédentes. Rabbi Yossef Its’hak parlait ouvertement, durement et avec intensité. Il pleurait, son visage rougi par l'émotion, et il parlait avec une colère jusque là inconnue. Nous avons vu véritablement « une âme à nu ».
Au milieu de la nuit, au cours du Repas de Pourim, il se leva brusquement, enleva son vêtement pour découvrir son cœur et frappa fort de ses poings sur la peau nue.
Une provocation ouverte
Il m'appela et me dit de me rapprocher, ce que je m'empressais de faire. Puis il dit : « L'an passé, je vous ai dis d'écrire durement, mais vous n'avez pas écouté ; c'est pourquoi cette année il y a eu tant de souffrances. Maintenant, je vous dis d'écrire à toutes les villes et tous les villages ce qui suit : “Nous avions un Rabbi et il nous a laissé son fils pour nous guider ; ce fils nous a demandé d'écrire en son nom que quiconque envoie son fils à une école de la Yevsektsya sera puni sévèrement par le Ciel”. Ecrirez-vous cela ? Souvenez-vous bien ce que je vous dis ! »
Il répéta ces mots plusieurs fois, se frappant le cœur. Puis il m'appela encore et avec un air radieux, en souriant courageusement, il déclara « N'ayez pas de pitié lorsque vous voyez le corps se consumer. Souciez-vous seulement de protéger la tête ». Les 'Hassidim étaient très effrayés de la provocation ouverte du Rabbi envers la Yevsektsya. Un des vieux 'Hassidim, incapable de se contrôler, s'écria « Rabbi, nous ne pouvons supporter de vous entendre dire de telles paroles. Nous avons besoin d'un Rabbi en chair et en os ! » Le Rabbi répondit, « J'ai demandé à mon père : “à la manière de Nicolas ?” et il m'a répondu : “Oui, à la manière de Nicolas.” ». Nous étions déconcertés par ces paroles, ne sachant comment expliquer cette phrase étrange. Le Rabbi vit notre confusion et expliqua : « Nicolas 1er fut envoyé par son père, le roi Paul, pour diriger les manœuvres afin de mettre à l'épreuve ses capacités de soldat. Nicolas avait reçu un entraînement militaire dès son adolescence et il se distingua par ses talents supérieurs au cours de ces exercices de guerre, dans tous les domaines de l'armement et de la stratégie.
Loué et puni
Après avoir terminé les manœuvres avec succès et enchanté de sa réussite, il scella de son anneau un décret qui accordait de luxueux présents aux officiers et aux soldats qui avaient participé avec lui à ces manœuvres. Il prit ce décret sans consulter son père ni le trésorier royal.
Lorsque le père apprit ce qui s'était passé, il fut ravi des talents militaires de son fils, et furieux à cause de la dépense de si lourdes sommes qui dépassaient et de loin les moyens financiers du trésor. Il convoqua Nicolas au palais et lui exprima sa satisfaction pour ses talents sur le champ de bataille au cours des manœuvres. Cependant pour le punir de son audace à dépenser des fonds sans avoir consulté son père, le prince fut banni de la capitale durant deux ans ». Le Rabbi conclut, « J'ai demandé à mon père : “à la manière de Nicolas ?” et il m'a répondu : “Oui, à la manière de Nicolas !” »
Lorsqu'il eut terminé, nous fûmes encore plus en prise avec l'appréhension et la peur. Premièrement, à cause des événements qu'il prévoyait, et ensuite parce que nous étions conscients de la présence d'espions parmi nous. Il leur fit face ouvertement, et en les défiant courageusement il s'écria : « Je sais qu'ils sont ici, je n'ai pas peur. » Nous regardions les intrus que nous connaissions ; leurs visages s'empourprèrent et nous fûmes encore plus inquiets pour le Rabbi.
Une scène bouleversante
Incapable de me contrôler, et craignant pour sa sécurité, je me précipitais chez la vieille Rebbetsen, la mère du Rabbi, pour lui demander de l'influencer. J'entrai dans sa chambre et lui racontai tout ce qui venait de se passer; elle se rendit en courant dans la grande salle. Les 'Hassidim furent soulagés de la voir, car ils comprirent la raison de sa venue et s'empressèrent de faire un passage afin qu'elle puisse s'approcher de son fils. Avant qu'elle ne puisse parler, le Rabbi se tourna vers elle et lui dit avec un profond respect : « Mère, s'il te plaît, retourne dans ta chambre réciter les Téhilim (les Psaumes) et prie D.ieu en pleurant pour qu'Il nous aide ». Et tandis qu'il parlait, les larmes coulèrent sur ses joues. En le voyant, la Rebbetsen se mit aussi à pleurer. Ils pleuraient ensemble, en silence, sans dire un mot. La scène bouleversa profondément les 'Hassidim et les larmes coulèrent de bien des yeux. Après ces instants pénibles, le Rabbi dit : « Je ne fais rien de mon propre gré... j'ai demandé à mon père ».
« Jette toi dans les flammes »
La provocation ouverte de l'histoire de Nicolas, et la confrontation directe avec les agents, nous causaient bien du souci, et nous étions complètement affligés. Nous envisagions le futur avec appréhension. Nous fûmes aussi frappés d'entendre le Rabbi dire à un 'Hassid ce qu'il fallait faire pour protéger les jeunes enfants contre les mensonges du système éducatif de la Yevsektsya :
« Zalman, dit-il, si tu devais faire un grand feu de bois et avoir le choix entre céder ton enfant à leurs écoles ou te jeter toi-même dans les flammes, sais-tu ce qu'il faudrait faire ? Jette-toi dans les flammes pour empêcher que ton enfant ne soit abandonné dans leurs écoles ! »
Le Rabbi parla dans ce sens toute la nuit jusqu'à s'évanouir. Nous attendîmes qu'il reprenne ses forces pour commencer le « Bentchen » - le Birkat Hamazone, l'action de grâces après le repas.
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