La Paracha de cette semaine relate l’épisode tragique de l’acte vengeur de Pin’has. C’est avec zèle qu’il rétablit le calme dans le camp d’Israël en éliminant Zimri et la Midianite. Nos sages affirment que, pour l’aider à accomplir cet acte héroïque, D.ieu produisit de nombreux miracles : six ou douze selon les avis.
C’est dans cet esprit qu’il est enseigné dans le Talmud :
« Celui qui voit le personnage de Pin’has dans son rêve doit s’attendre à la réalisation d’une merveille. »
Il est intéressant de remarquer que nos sages utilisent le terme de « merveille » et non celui – plus courant – de « miracle ». Pourtant, ces deux mots ne paraissent pas être des synonymes :
Un miracle implique que les lois de la nature soient brisées et dépassées. La structure habituelle du monde est alors changée pour que le miracle se produise. Cependant, le fait qu’il faille – pour procéder du miracle – briser quelque peu la nature signifie que celle-ci a son importance et qu’elle existe et persiste du fait de sa stabilité.
Une merveille traduit, quant à elle, une démarche où l’on se place totalement au-dessus des limites naturelles. À ce stade, la nature n’est pas brisée ; elle est simplement ignorée.
En effet, c’est bien ce qui se produisit pour Pin’has : les miracles qui s’enchaînèrent ne constituent pas seulement une succession d’événements surnaturels qui – pour chacun d’eux – devaient surmonter les contraintes physiques ; ce que Pin’has a vécu doit plutôt être considéré comme un seul et unique moment où la nature n’avait pas sa place.
Or, si D.ieu procède de cette manière avec Pin’has c’est précisément parce que cet homme avait ce type de démarche dans le service de D.ieu. Le « miracle » et la « merveille » existent en effet dans la dimension du service de D.ieu. Les deux représentent un engagement de sacrifice personnel et d’abnégation. Néanmoins, ils constituent deux niveaux distincts de cette démarche :
- Celui qui vit encore dans l’esprit inférieur – celui du miracle – gère son engagement de manière tout à fait naturelle. Ce n’est qu’au moment où, exceptionnellement, il rencontrera des difficultés qu’il fera appel à la dimension du miracle et fera abstraction du monde physique.
- Dans la démarche suprême – la merveille – la personne est totalement au-delà des contraintes et des limites de ce monde. Son engagement transcende complètement, et en permanence, l’existence.
Pin’has incarnait ce degré supérieur. Toute son existence n’était que l’expression d’un engagement absolu et c’est ce qui le mena à mettre sa vie en danger pour le bien de la communauté même si ce sacrifice n’était pas requis par la loi. Il ne douta pas et il agit avec zèle.
Ceci constitue une leçon éternelle pour chacun de nous : Chaque Juif doit s’efforcer d’atteindre ce degré d’engagement. Nous devons persévérer dans l’application des Mitsvot et la propagation de la Torah dans un esprit d’engagement désintéressé, et ignorer tous les obstacles pour nous consacrer à D.ieu de tout notre cœur. Alors, D.ieu – à Son tour – nous aidera à mettre en œuvre nos projets dans un contexte merveilleux jusqu’à réaliser notre vœu le plus cher : la Guéoulah, la délivrance messianique.
Adapté de Likoutei Si’hot vol. 33
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