La Torah appelle Roch Hachana « le jour de la sonnerie [de choffar] ». Le son du choffar, la corne de bélier, occupe une place centrale.

Que pouvons-nous apprendre du choffar ?

À Roch Hachana, nous utilisons le choffar pour produire une séquence de trois sons. Cette séquence est répétée de nombreuses fois au cours des prières de la journée :

Le premier, long et ininterrompu, est la tekia. Le suivant – la teroua – est composé d’une série de sons courts et saccadés,1 tandis que le troisième, comme le premier, est continu : encore une tekia.

La teroua raconte l’histoire douloureuse de la lutte pour s’en sortir

Les premier et troisième sons représentent la perfection, car ils se poursuivent sans entrave, et gagnent même en puissance avec le temps. C’est le deuxième qui chante une chanson différente.

La chanson de l’imperfection, des obstacles, des épreuves et des incohérences.

De courtes poussées d’énergie parce que c’est tout ce qu’on peut rassembler.

Elle raconte l’histoire douloureuse de la lutte pour s’en sortir, des tentatives répétées, d’un nombre égal d’échecs, de l’essoufflement.

Elle parle de ressources limitées, de frustration, de pertes, de revers, de séparations, ainsi que de fins soudaines ; toutes choses qui déchirent le cœur comme le cri désespéré d’un enfant.

Mais il raconte aussi l’histoire d’une détermination inébranlable, de triomphes (petits mais nombreux), de la force d’aller de l’avant, et de commencements, toutes choses qui éveillent l’espoir et la foi dans le cœur de ceux qui écoutent attentivement, sans pouvoir s’empêcher d’être émus.

Selon les mystiques, le premier son, pur et inaltéré, reflète le début parfait du temps en Éden, avant le péché.

Le second son, la teroua, est la mélodie triste de l’exil, chantée par nous, les Juifs de la diaspora. Il se lamente d’un service de D.ieu interrompu et incohérent. De l’amour, de l’admiration et de la foi qui s’arrêtent aussi souvent qu’ils résonnent soudainement.

C’est le porte-voix de ceux qui ont trop souffert et qui n’ont plus d’énergie – ou pire, plus de volonté – pour continuer. Ils sont entravés par les épreuves de la vie, de l’extérieur et de l’intérieur.

Ils ont perdu leur souffle.

Au milieu de l’obscurité et des difficultés, que la teroua résonne !

Le monde parfait reflété dans le son de la tekia n’est pas perdu à jamais – Machia’h est en route. Le troisième son, qui prend de l’ampleur et se termine avec puissance, est encore plus parfait que le premier. Il prophétise les temps messianiques et le retour au Paradis.

« En ce jour [de la Rédemption], une tekia sera sonnée d’un grand choffar » – Isaïe 27,13.

La teroua expirera, pour ne plus jamais revenir.


Pourtant, le psalmiste dit : « Ashrei ha’am yode’ei teroua », ce qui se traduit par : « Heureuse est la nation qui sait sonner une teroua ».

Peut-être qu’une lecture plus profonde est : « Heureuse est la nation qui connaît – c’est-à-dire qui apprécie pleinement – le son unique de la teroua ! »

Au milieu de l’obscurité et des difficultés, que la teroua résonne !

Tirons le maximum de cette occasion unique dans l’histoire du monde.

En nous souhaitant à tous une année de tekia, avec l’arrivée de Machia’h.