Certaines personnes sont surprises de l’accent mis sur les notions du Machia’h et de la Délivrance. Elles trouvent cela exagéré. Bien sûr, ces personnes croient en D.ieu, en la Torah et également en la venue du Machia’h. Ce qu’elles ne comprennent pas, c’est pourquoi il est tellement nécessaire de réfléchir, de parler et d’agir autour de ce sujet. À leurs yeux, le Machia’h et la Délivrance sont une promesse lointaine qui, aussi agréable soit-elle à envisager et à contempler, est totalement déconnectée de ce qui fait notre quotidien.
Cependant, et malgré leur bonne volonté, il manque l’essentiel à leur philosophie de la vie. Les thèmes du Machia’h et de la délivrance messianique ne peuvent être considérés comme un sujet secondaire dans le Judaïsme. Il s’agit en réalité de l’essence même de notre vie, de la finalité de toutes nos actions et de la création tout entière. C’est la destinée vers laquelle convergent tous les évènements qui jalonnent l’Histoire de notre monde, passée et présente, ainsi que la mission du peuple juif dans son service de D.ieu. Un Juif qui étudie la Torah et pratique le judaïsme sans être conscient de l’importance de la délivrance est comparable à un aviateur qui ne se concentrerait que sur le maniement des instruments de vol sans se soucier de sa destination.
Faire une « demeure » pour D.ieu
L’Admour Hazakène (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi 1745 - 1812) écrit au chapitre 36 du Tanya :
« On sait que l’ère messianique [...] est la finalité et l’aboutissement de la création du monde, celui-ci ayant été créé dès l’origine dans ce but. »
Le Midrache enseigne en effet que le monde fut créé car « D.ieu désira une demeure dans le monde inférieur ». La création a donc pour objet de satisfaire ce « désir » de D.ieu que notre monde matériel devienne pour Lui une « demeure » où Il « résidera » et se révèlera avec la plus grande intensité.
D.ieu a ainsi créé notre monde dans lequel règne l’obscurité spirituelle et où domine le mal, afin que l’homme fasse triompher le Bien sur le Mal et transforme l’obscurité en lumière. Grâce à la Torah et aux commandements divins, l’homme a la capacité de faire pénétrer la lumière divine dans le monde et d’éclairer dans l’obscurité. Chaque Mitsva accomplie, chaque enseignement de la Torah étudié, sont autant de faisceaux de lumière supplémentaires qui contribuent à rendre le monde apte à être une « demeure » pour D.ieu.
Telle est donc la finalité de notre existence et de toutes nos bonnes actions : par le fait que des Juifs étudient la Torah et pratiquent le Judaïsme aux quatre coins du monde, et ce, depuis des générations et souvent au prix d’un lourd tribut, ce monde est devenu un endroit lumineux, empreint des notions de justice et de paix, se rapprochant sans cesse du jour où se réalisera le « désir » du Créateur et qui verra Sa révélation ici-bas dans toute Sa gloire.
Penser à l’aboutissement
Si l’ère messianique est encore à venir, la tâche qui permet de l’atteindre est cependant accomplie aujourd’hui. C’est en effet en temps d’exil que s’opère le raffinement du monde (« Cette plénitude [...] dépend de nos actions et de notre service de D.ieu pendant la durée de l’exil. » Tanya, chap. 37). Cependant, si chacune de nos actions dans le cadre du Judaïsme contribue à la dissipation des ténèbres spirituelles de l’exil, nos yeux de chair ne sont pas aujourd’hui capables de percevoir directement les bouleversements que cela induit dans le monde et la lumière divine qui s’y propage. C’est lorsque tout ce travail atteindra son apogée et que le monde sera digne d’être une « résidence » pour l’Éternel que le Machia’h viendra et que tout se dévoilera, comme il est écrit : « La gloire de D.ieu se révélera et toutes les créatures, ensemble, seront témoins que c’est la bouche de D.ieu qui a parlé » (Isaïe 40, 5).
En conclusion, la venue du Machia’h ne saurait être considérée uniquement comme une récompense ou une rétribution pour ceux qui y ont prêté foi. Il s’agit d’un des treize « principes de la foi juive », auquel se rattache chacune de nos actions. C’est le but de la création du monde et l’aboutissement de notre vie de Torah et de Mitsvot. Occulter la notion de délivrance messianique reviendrait donc à dénier à la création et à nos vies toute finalité.
Ainsi, intégrer cette notion nous porte à vivre dans l’expectative de la venue du Machia’h qui marquera l’aboutissement de notre mission et l’entrée dans une nouvelle ère de dévoilement divin. Et lorsque l’on vit avec cela, il est naturel de penser au Machia’h, de prier pour son dévoilement rapide et d’agir jour après jour pour rapprocher son avènement.
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