Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi
Cantiques des Cantiques 6,3
Dans toute relation, il y a des moments où le partenaire « masculin » ou « donneur » prend l’initiative, et d’autres où la partenaire « féminine » ou « réceptrice » est la première à exprimer ses sentiments et à éveiller ainsi les sentiments de son partenaire.
La question de savoir qui prend l’initiative a un effet profond sur la nature de la relation. Car bien que le résultat final soit que les deux expriment leur amour l’un pour l’autre, le partenaire initiateur détermine la nature de la réponse de l’autre. Lorsqu’elle est initiée par le partenaire donneur, la réponse suscitée chez le receveur sera également une réponse « masculine » ; quand elle est initiée par le destinataire, la réponse du donneur sera également de nature « féminine », car elle sera influencée et façonnée par la source de sa motivation.
Dans le Cantiques des Cantiques, qui traite de la relation entre D.ieu et Israël à travers la métaphore de l’amour entre deux jeunes mariés, nous trouvons tant des expressions d’amour initié de manière masculine que d’amour initié de manière féminine. Dans un verset, la narratrice proclame : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui » (Cantique des Cantiques 2, 16). Dans un autre, elle dit : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi » (ibid. 6, 3).
Il y a des moments où le Tout-Puissant nous submerge d’amour et de bonté, suscitant en nous une réponse concordante (« Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui »). Mais il y a aussi des moments où nous prenons l’initiative, exprimant notre amour et notre dévotion pour Lui malgré Son apparente distance, réveillant ainsi en Lui Son amour pour nous (« Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi »).
On pourrait faire valoir que l’amour initié par D.ieu produit un amour plus élevé que l’amour qui est initié par nous-mêmes. Quand l’éveil de l’amour vient de D.ieu, c’est une manifestation d’amour aussi infini et sublime que sa source, suscitant en nous des sentiments que nous n’aurions jamais pu produire de nous-mêmes. Néanmoins, on ne pourrait pas dire d’un tel amour qu’il est vraiment le nôtre. Nous avons été submergés par quelque chose qui est infiniment plus grand que nous, et notre réponse est également démesurée par rapport à qui nous sommes et à ce que nous sommes dans notre état naturel.
D’un autre côté, l’amour que nous produisons est certes moins magnifique et moins glorieux, mais c’est un amour plus profond et plus vrai. C’est un amour intégral – un amour qui provient de l’intérieur et exprime nos aspirations les plus profondes. Et quand nous éveillons un tel amour en nous, D.ieu nous rend la pareille en manifestant envers nous un amour intégral et intime, un amour qui nous accepte tels que nous sommes, plutôt que de nous transporter vers des sommets de spiritualité et de transcendance certes sublimes, mais qui nous sont étrangers.
L’acronyme
Le mois d’Eloul est une période de rapprochement entre le divin Marié et Son épouse Israël. Ceci est exprimé en allusion dans le fait qu’en hébreu, les premières lettres des mots de la phrase « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » (ani ledodi vedodi li) forment le mot Eloul.
Il est significatif que l’acronyme d’Eloul provienne du verset qui décrit un amour initié par la mariée, plutôt que le verset dans lequel la première manifestation d’amour émane du marié. Car bien qu’il soit marqué par un rapprochement particulier entre D.ieu et l’homme, Eloul demeure un mois tout à fait « ordinaire », dépourvu de fêtes et de jours saints. En d’autres termes, Eloul n’est pas un moment où nous sommes « élevés » de notre routine quotidienne à l’état plus spirituel d’un jour de fête. C’est un temps où nous restons dans notre environnement naturel en tant qu’êtres matériels habitant une vie matérielle.
Car le mois d’Eloul, dont le signe astral est la bétoula (« vierge »), est le mois de la mariée. Eloul est un moment où l’initiative vient de notre côté de la relation, et la réponse divine à notre amour est celle qui se rapporte à nous en tant qu’êtres finis et matériels et qui englobe notre existence et notre personnalité naturelles.
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