Passer notre service de D.ieu en revue
Eloul est un mois de bilan, lors duquel nous examinons tous les aspects de notre service divin de l’année écoulée. Le Rabbi Rayats a un jour comparé1 cela à un commerçant qui fait de manière régulière l’inventaire de son magasin.
Eloul est aussi un mois de préparation pour l’année à venir. En revoyant notre conduite et en compensant les déficiences qui ont pu être les nôtres dans le service de D.ieu de l’année précédente, nous assurons que l’année prochaine connaîtra un bilan plus cohérent.
Dans le cadre de ce double processus de bilan et de préparation, Eloul est marqué par une attention accrue aux trois éléments du service divin – l’étude de la Torah, la avoda (la prière) et les actes de bonté – qui sont « les piliers sur lesquels repose le monde ».2 La connexion entre Eloul et ces trois modes de service divin se reflète dans le nom du mois3 : « Eloul » est en effet l’acronyme de plusieurs phrases de quatre mots issues du Tanakh associées respectivement à chacun de ces trois modes.
Nos Sages4 relient la phrase5 ina leyado ve-samti lekha (qui fait référence aux villes de refuge établies pour le meurtrier involontaire) à l’étude de la Torah, car « les paroles de la Torah sont un refuge ».6 Ils relient la phrase7 ani ledodi vedodi li (« Je suis à mon Bien-Aimé et mon Bien-Aimé est à moi ») à la prière, car c’est dans la prière que notre relation avec D.ieu trouve son expression. Et en référence aux actes de bonté, les Sages citent la phrase8 ich leré’éhou oumatanot laévyonim (« [Envoyer des portions] chaque homme à son ami et des cadeaux aux pauvres »).
Illuminer notre service divin par la lumière de la téchouva
Inévitablement, en faisant le bilan de nos efforts accomplis tout au long de l’année, nous découvrons des lacunes, établissant ainsi un lien entre le mois d’Eloul et la téchouva, un processus qui nécessite « du regret pour le passé et des résolutions positives pour l’avenir ».9 Nos rabbins soulignent le lien entre Eloul et la volonté de téchouva en citant une quatrième phrase biblique10 dont « Eloul » est l’acronyme : oumal hachem elokekha eth levavekha véeth levav zarékha (« [Le Seigneur ton D.ieu circoncira] ton cœur et le cœur de tes descendants »).
La téchouva ne se résume pas à remédier aux déficiences de notre service divin. Elle est aussi, en soi, une impulsion spirituelle positive qui renforce notre relation avec D.ieu.11 Nos Sages font allusion à cela lorsqu’ils déclarèrent12 : Une heure de téchouva et de bonnes actions dans ce monde est supérieure à toute la vie du Monde à Venir ». Si la seule fonction de la téchouva était de compenser les fautes passées, l’ordre des mots dans la michna aurait été inversé, « bonnes actions » précédant « téchouva ».
Cela suggérerait que l’objectif principal de la vie est d’accomplir de bonnes actions, la téchouva n’entrant en jeu que lorsque le besoin de compenser des fautes apparaît. En plaçant la téchouva en premier, la michna indique que le service de D.ieu par la téchouva est prioritaire. Car c’est le préalable de la téchouva qui « rend nos actes “bons” et les rends lumineux »13 ; elle leur confère un niveau de « bien » supérieur à celui qu’ils possédaient en soi. Et de la même manière, le désir intense de connexion avec D.ieu qui caractérise la volonté de téchouva vivifie chaque aspect de notre observance de la Torah.
Un lien d’unité immuable
Le fait que la téchouva soit caractérisée par un désir de s’attacher à D.ieu montre qu’elle se rapporte à un état de divinité – et à un état de l’âme – dans lequel la possibilité de séparation existe. La téchouva est donc la réponse de l’âme à sa descente dans notre monde où la Présence de D.ieu est occultée et où nos efforts spirituels sont confrontés à des difficultés.
Ce cadre de séparation n’affecte pas l’essence de D.ieu, comme le dit la Torah14 : « Il n’y a rien d’autre ». Il est la totalité de l’existence ; il n’y a rien en dehors de Lui.15
Et parce que l’âme de l’homme est « vraiment une partie de D.ieu »,16 rien n’est hors de sa portée, et lui aussi peut atteindre le niveau où il n’y a pas besoin de téchouva. Le Baal Chem Tov enseigne17 : « Lorsque l’on saisit une partie de l’essence d’une entité, on la saisit dans son intégralité ». Puisque « Israël et le Saint béni soit-Il sont un »,18 l’essence de D.ieu dans son intégralité se reflète dans chaque âme juive.
Le niveau auquel la téchouva n’est pas nécessaire trouve son expression dans un dévouement à D.ieu constant et inébranlable. À ce niveau, une personne n’a pas besoin de s’élever au-dessus des défis de notre existence terrestre. Au contraire, sa vie est définie par une connexion absolue qui ne permet aucune séparation.
Servir D.ieu de façon innée
L’un des principes fondamentaux de la Torah est que D.ieu dote l’homme du libre arbitre19 : « Vois, J’ai placé devant toi la vie et le bien, la mort et le mal... Choisis la vie ! »20
Le libre arbitre est un don divin unique qui élève l’homme au-dessus de toutes les autres créatures.21 Pourtant, le fait même qu’une personne ait à choisir entre des possibilités indique logiquement qu’elle opère dans un cadre qui est séparé de D.ieu. Mais lorsque quelqu’un reconnaît l’essence de son existence, et s’identifie donc elle-même comme « une partie de D.ieu », elle n’a qu’un seul désir, celui d’accomplir la volonté de D.ieu. Rien d’autre ne peut même lui venir à l’esprit.
Il ne passe pas par un processus de bilan intellectuel qui aboutit à la décision de faire le bien ; il ne pense pas du tout à la question. Au lieu de cela, dans le langage de nos Sages,22 « il s’incline de lui-même », de manière spontanée. Sa volonté et son identité individuelles ont subi une métamorphose complète : elles sont désormais totalement unifiées avec D.ieu. Il n’a aucune pensée ou désir de faire quoi que ce soit qui ne soit pas conforme à la volonté de D.ieu.
L’humanité connaîtra ce niveau de connexion à l’époque de la Rédemption, lorsque « Je retirerai l’esprit d’impureté du monde ».23 À ce moment-là, la divinité qui imprègne le monde sera révélée : « Le monde sera rempli de la connaissance de D.ieu comme les eaux recouvrent le lit de l’océan ».24 Dans ce cadre de divinité manifeste, le désir naturel et spontané de l’homme sera d’obéir à la volonté de D.ieu.
Bien que cette expérience de connexion au Divin n’atteindra sa pleine réalisation qu’à l’Ère de la Rédemption, elle peut aussi trouver une expression, en microcosme, à notre époque. Chacun possède déjà le potentiel de vivre une rédemption personnelle des obstacles qui inhibent l’expression manifeste de son essence divine.
Eloul et la Rédemption
La possibilité d’une telle connexion avec D.ieu se reflète dans le nom Eloul, qui est aussi l’acronyme d’une cinquième phrase biblique25 : [Az yachir Moché ouvenei israël eth hachira hazoth] laHachem vayomrou lémor Achira – « [Alors Moïse et les Enfants d’Israël chantèrent ce chant] à D.ieu et ils parlèrent, disant, “Je chanterai...” » (Dans ce passage, les lettres du mot « Eloul » apparaissent dans l’ordre inverse.) Nos Sages expliquent26 que ce verset emploie en réalité le futur, en allusion à la révélation ultime de l’Ère de la Rédemption au moment de la Résurrection des Morts, lorsque l’essence de D.ieu sera révélée dans le monde entier.
La connexion à D.ieu qui caractérise la rédemption – elle-même un moyen de servir D.ieu – n’est pas distincte des quatre autres modes de service divin qui sont soulignés pendant Eloul. Par la Torah, la prière, les actes de bonté et particulièrement par la téchouva, nous nous connectons à notre source essentielle, le niveau auquel « Israël et le Saint béni soit-Il sont un ». Ces quatre modes de service divin conjugués permettent de se connecter à D.ieu dans l’approche d’unité absolue caractéristique de la rédemption.
Un catalyseur pour la Rédemption
Le service de D.ieu sincère et entier est récompensé le plus complètement par l’opportunité de continuer à servir D.ieu de cette manière. La Michna exprime ce concept dans l’affirmation27 : « La récompense pour une mitsva est une mitsva » ; la récompense pour l’accomplissement d’une mitsva est l’opportunité d’en accomplir une autre. Dans une vie dédiée à un seul but, la connexion avec D.ieu, il ne peut y avoir rien de plus gratifiant que l’accomplissement d’une mitsva, un acte qui renforce cette connexion.
La Rédemption ultime sera le résultat d’un engagement total envers la Torah et les mitsvot à notre époque. Dans cette ère, cet engagement atteindra sa pleine expression et, de plus, continuera à progresser. Car « les justes n’ont pas de repos, ni dans ce monde, ni dans le Monde à Venir ; comme il est écrit28 : “Ils iront de force en force, et paraîtront devant D.ieu à Sion.” »29
Adapté de la Si’ha de Chabbat Parachat Réeh 5749 [1989]
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