Rabbi ‘Haïm Vital (« Vital », du latin vita, « vie », a le même sens que l’hébreu ‘haïm) est né à Safed, en Terre sainte. Son père, Rabbi Joseph, était un homme érudit qui fabriquait des téfiline ; ses téfiline étaient célèbres et recherchés. Rabbi Joseph vint à Safed de la province de Calabre, en Italie. (La Calabre est connue pour ses étroguim qui représentent la souche authentique du fruit prescrit par la Torah, et dont on trouve encore des plantations préservées de tout croisement avec d’autres agrumes.) Rabbi Joseph était donc appelé « Calabrese » et son fils, Rabbi ‘Haïm, né à Safed, était également connu sous le nom de Rabbi ‘Haïm Vital Calabrese.

Rabbi ‘Haïm Vital tenait un journal dans lequel il racontait ce qui lui était arrivé depuis sa naissance et même avant, selon ce qui lui avait été dit. Il y raconte qu’avant que son père arrive en Terre Sainte, il reçut la visite d’un saint homme du nom de Rabbi ‘Haïm Ashkenazi (« Ashkenazi » signifiant « l’Allemand », car il venait d’Allemagne). Ce saint homme dit à son père qu’il s’installerait en Terre sainte et serait béni d’avoir un fils qui deviendrait un grand homme. Deux ans après son installation en Terre sainte, Rabbi Joseph eut effectivement un fils, à qui il donna le nom de ‘Haïm, en l’honneur de ce saint homme.

La ville de Safed était un centre d’étude de la Torah à cette époque. Rabbi Joseph Karo, l’auteur du Choul’hane Aroukh, le grand savant et prédicateur Rabbi Moché Alshikh, le célèbre Rabbi Chlomo Alkabetz, l’auteur de l’hymne de Chabbat « Lekha Dodi », et enfin, le grand et saint kabbaliste Rabbi Moché Cordovero. Ces grands hommes étaient les éminents savants talmudiques de leur époque, les principaux kabbalistes, qui avaient étudié le Zohar et diffusé les enseignements des secrets de la Torah. Le jeune Rabbi ‘Haïm a donc grandi dans une sainte atmosphère d’étude et de prière. Il était un disciple de Rabbi Moché Alshikh.

Comme Rabbi ‘Haïm l’écrit, un diseur de bonne aventure lut dans les lignes de sa main quand il avait douze ans, et lui prédit qu’à l’âge de 24 ans, il se trouverait à la croisée des chemins : s’il choisissait le mauvais chemin, il deviendrait l’homme le plus méchant sur terre. Mais s’il choisissait la bonne direction, et continuait sur le chemin de la Torah et de la Kabbale, il deviendrait le plus grand homme de sa génération. D’autres devins, qui avaient le pouvoir de prédire les événements à venir, lui dire également qu’il était quelqu’un d’exceptionnel et lui conseillèrent de prendre grand soin de lui-même.

Rabbi ‘Haïm consacrait ses journées et ses nuits à ses études saintes. À l’âge de vingt-trois ans, très tard pour cette époque, il épousa ‘Hannah, la fille de Rabbi Moché Saadiah, et il poursuivit ses études.

Quelques années plus tard, en l’an 5330 (1570), un grand homme venu d’Égypte, nommé Rabbi Isaac Louria Ashkenazi, arriva à Safed. Même s’il était encore jeune (Rabbi Isaac Louria n’avait que 36 ans à l’époque), il était le plus grand kabbaliste de son temps et aucun ne fut plus grand après lui. Rabbi ‘Haïm devint son disciple dévoué. Pendant près de deux ans, jusqu’à son dernier jour, Rabbi Isaac Louria enseigna à Rabbi ‘Haïm la grande sagesse de la Kabbalah et lui révéla de nombreux secrets.

Après le décès de Rabbi Isaac Louria au jeune âge de trente-huit ans, Rabbi ‘Haïm devint le chef des kabbalistes et continua à enseigner ce qu’il avait appris de son éminent maître. Rabbi Isaac Louria ne laissa aucun écrit, mais Rabbi ‘Haïm avait conservé des notes de tout ce qu’il avait appris de lui. Des hommes fortunés lui offrirent d’importantes sommes d’argent pour avoir l’autorisation de copier et de publier ces notes, mais Rabbi ‘Haïm refusa toute proposition. Cependant, lorsque Rabbi ‘Haïm tomba gravement malade et que le besoin d’argent se fit cruellement ressentir, son frère Moché fit des copies d’une bonne partie de ses notes qu’il vendit à un riche kabbaliste.

En dépit de l’impression que l’on peut obtenir de son journal, qui contient beaucoup de choses merveilleuses sur lui-même que lui avaient dites son père et d’autres, Rabbi ‘Haïm était un homme très modeste. Il ne considérait pas ses écrits et ses notes suffisamment dignes pour être publiés et il laissa pour instruction de les enterrer après sa mort. Sa dernière volonté fut accomplie, mais son fils Samuel et ses disciples étaient très désireux de les déterrer et de les faire connaître. Ils jeûnèrent et prièrent dans l’espoir de recevoir une révélation qui leur permette de le faire. Finalement, dans un rêve, Rabbi ‘Haïm donna la permission de récupérer ses écrits et de les publier. C’est ainsi que plusieurs de ses ouvrages furent publiés. Le plus important de ses livres est intitulé Chmoné Perakim (« Huit Chapitres ») édité par son fils, et Ets ‘Haïm (« L’Arbre de vie »). Certains de ses autres livres sont : Otsroth ‘Haïm (« Les Trésors de la Vie »), Sefer haGuilgoulim (« Le Livre des Errances »), Sefer ha‘Hizyonoth (« Le Livre des Visions »), ce dernier étant le « journal » que nous avons mentionné. Rabbi ‘Haïm Vital est également l’auteur de Chaarei Kedoucha (« Les Portes de la sainteté ») et d’autres ouvrages.

Les livres de Rabbi ‘Haïm Vital sont la source principale de l’école lourianique de la Kabbalah, c’est-à-dire les enseignements de Rabbi Isaac Louria. Le Ets ‘Haïm est l’un des livres classiques de cette école de la kabbale, et à ce jour, il est une source inépuisable de connaissances et de sagesse des secrets de la Torah, d’une meilleure compréhension de l’âme, du but de la vie sur cette Terre, de la Providence Divine, etc. Le livre contient également de nombreuses explications et de nombreux commentaires sur le Zohar.

Les enseignements de Rabbi Isaac Louria, pour lesquels nous devons remercier Rabbi ‘Haïm Vital, constituèrent la base des enseignements du grand Baal Chem Tov, le fondateur du ‘Hassidisme, qui apporta une grande renaissance spirituelle dans la vie juive qui se poursuit jusqu’à ce jour.