Le 19 du mois hébraïque de Kislev est célébré comme « Roch Hachana du ‘Hassidisme ». C’est à cette date, en 1798, que le fondateur de ‘Habad, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi (1745-1812) fut libéré de son emprisonnement en Russie tsariste. Plus qu’une libération personnelle, ce fut un événement décisif dans l’histoire du ‘hassidisme, annonçant une nouvelle ère dans la révélation de « l’âme intérieure » de la Torah.
La diffusion publique des enseignements du ‘hassidisme avait de fait commencé deux générations auparavant. Le fondateur du mouvement ‘hassidique, Rabbi Israël Baal Chem Tov (1698-1760), révéla à ses disciples des éléments de l’âme mystique de la Torah qui étaient auparavant l’apanage de seuls quelques kabbalistes dans chaque génération. Ce travail fut poursuivi par le disciple du Baal Chem Tov, Rabbi DovBer, le « Maguid de Mézeritch » – qui est également profondément lié à la date du « 19 Kislev » : à cette même date en 1772, 26 ans avant la libération de prison de Rabbi Chnéour Zalman, le Maguid rendit son âme à son Créateur. Avant son décès, il dit à son disciple, Rabbi Chnéour Zalman : « Ce jour est notre yom tov (fête). »
Rabbi Chnéour Zalman alla beaucoup plus loin que ses prédécesseurs, en transmettant ces enseignements à des segments plus larges de la population juive d’Europe de l’Est. Plus important encore, Rabbi Chnéour Zalman fonda l’approche « ‘Habad », une philosophie et un système d’étude, de méditation et d’affinement du caractère qui rendirent ces concepts abstraits rationnellement compréhensibles et applicables dans la vie quotidienne.
Au cours de ses années de formation, le mouvement ‘hassidique fut l’objet d’une forte opposition, souvent malveillante, de la part de rabbins et de laïcs appartenant à l’establishment. Même au sein de la communauté ‘hassidique, un certain nombre de contemporains et de collègues de Rabbi Chnéour Zalman estimèrent qu’il était « allé trop loin » dans la popularisation de l’âme jusque-là cachée de la Torah.
À l’automne de 1798, Rabbi Chnéour Zalman fut arrêté, accusé d’avoir menacé l’autorité impériale du tsar de par ses enseignements et ses activités. Il fut emprisonné dans une forteresse située sur une île de la Neva, à Petersburg. Au cours de ses interrogatoires, il fut obligé de présenter aux ministres du tsar les principes de base du judaïsme et d’expliquer divers aspects de la philosophie et de la pratique ‘hassidiques. Au bout de 53 jours, il fut disculpé de toutes les accusations et libéré.
Rabbi Chnéour Zalman vit dans ces événements un reflet de ce qui se passait En-Haut. Il considérait que son arrestation n’était que l’écho terrestre d’un acte d’accusation divin contre la révélation par lui des secrets les plus intimes de la Torah. Et il vit sa libération comme signifiant sa victoire devant le tribunal céleste. À la suite de sa libération le 19 Kislev, il redoubla d’efforts et diffusa ses enseignements sur une échelle beaucoup plus large et avec des explications encore plus détaillées et plus « terre-à-terre » qu’auparavant.
Le dix-neuvième jour de Kislev marque ainsi la « naissance » du ‘hassidisme : le moment où il lui fut permis de sortir de la matrice du « mysticisme » à la lumière du jour, pour croître et se développer en tant que partie intégrante de la Torah et de la vie juive.
Commencez une discussion