Le 19 Kislev célèbre la libération de Rabbi Chnéour Zalman, le Baal HaTanya, maître fondateur du ‘hassidisme ‘Habad, des prisons tsaristes dans lesquelles il était retenu prisonnier suite à une dénonciation calomnieuse. Les chefs d’accusation étaient graves et sa libération, au-delà du miracle qu’elle constitue, revêt pour la tradition 'hassidique une dimension spirituelle : l’approche de Rabbi Chnéour Zalman, par laquelle il diffusait les secrets les plus profonds de la Torah, non plus à la manière elliptique du Baal Chem Tov, mais avec force analyses et détails, faisait l’objet d’une accusation spirituelle au tribunal céleste dont l’impact dans le monde physique était cet emprisonnement. Sa libération marqua donc le début d’une ère nouvelle où le tribunal céleste permettait la diffusion des enseignements ésotériques du ‘hassidisme ‘Habad.

Le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Yits’hak Schneerson, rapporte à ce propos que le juge chargé de l’instruction du dossier était un homme doté d’une parfaite connaissance de la Bible et de tout ce qui a trait au judaïsme. Parmi les questions qu’il posa au Baal HaTanya, il lui demanda la signification du verset de la Genèse selon lequel D.ieu, constatant la faute originelle de l’homme, lui demanda « Où es-tu ? » D.ieu ne savait-il pas où se trouvait l’homme ? Le juge précisa qu’il connaissait déjà la réponse de Rachi à cette question, mais qu’il souhaitait connaître celle proposée par le Baal HaTanya.

D.ieu s’adresse à l’homme et lui demande : Où es-tu ?

Celui-ci lui répondit : « Lorsqu’un homme atteint tel âge – il cita alors l’âge précis du juge –, D.ieu s’adresse à lui et lui demande : Où es-tu ? Connais-tu la finalité de ton existence sur Terre, ce qui t’est demandé, et ce que tu en as réalisé ? » En d’autres termes, la question doit être comprise au sens de « où en es-tu ? », et D.ieu demanda au premier homme de s’interroger sur le niveau spirituel qui était le sien. Cette question revêt une dimension intemporelle que Rabbi Chnéour Zalman signifia au juge avec force.

Mais, au-delà de l’anecdote, le Rabbi voit dans cette réponse la clé de la libération spirituelle qui s’est alors jouée. En effet, l’accusation du tribunal céleste à l’encontre des enseignements du Baal HaTanya tenait au fait qu’une diffusion trop large des secrets de l’ésotérisme juif présentait un danger. Elle pouvait avoir pour conséquence une quête de spiritualité si intense qu’elle aboutirait à un refus du monde matériel, à une extase dans laquelle l’âme aspire à son créateur avec une telle intensité qu’elle aurait pour unique désir de quitter le corps.

À cela, Rabbi Chnéour Zalman répondit en citant cette éternelle question que D.ieu pose à l’homme : « Te rappelles-tu que tu as une mission sur Terre, dans un monde matériel, qui consiste à lui insuffler cette spiritualité à laquelle tu aspires tant ? » Car c’est bien dans cette perspective que l’enseignement du ‘hassidisme ‘Habad s’inscrit : présenter les concepts ésotériques les plus profonds de manière méthodique et détaillée de sorte qu’ils soient perceptibles à l’intellect humain et qu’ils puissent avoir, par cette voie, un impact dans la dimension matérielle du monde et de l’homme.