Située à mi-chemin entre Loubavitch et Vilna, la ville de Dokshitz était semblable aux nombreux autres villages juifs parsemant la campagne biélorusse. Elle comptait sept synagogues, dont cinq suivaient la tradition ‘hassidique, et une population composée en majorité d’artisans et de petits commerçants.
Il y avait toutefois une chose qui distinguait ce shtetl (« bourgade » en yiddish), c’était la dévotion et la ferveur de ses habitants, dont beaucoup étaient des ‘hassidim ‘Habad.
Une figure marquante de la ville était Rav Yekoussiel Deitsch, mieux connu sous le nom de « Koushé Dokshitzer » (« Koushé » étant un diminutif familier de Yekoussiel). Koushé enseignait aux petits enfants et il était renommé pour son érudition en Torah, terminant chaque année l’étude de l’ensemble du Talmud. Comme la majeure partie de son temps était consacrée à l’étude de la Torah, il vivait dans la synagogue Loubavitch où sa fille lui apportait chaque jour de quoi manger.
Il arriva que la fille de Koushé souffrit de quelque infection aux yeux. Sans perdre de temps, le père inquiet se rendit à Loubavitch pour s’entretenir avec le Rabbi Rachab, Rabbi Chalom Dov Ber de Loubavitch.
Lorsqu’il entendit Koushé parler de l’état de sa fille, le Rabbi lui conseilla de rentrer chez lui et de se procurer une crème jaune pour les yeux auprès de Bérel Moché Shmotkin, qui était l’aptaiker (le « pharmacien ») de la ville.
(Pour être pharmacien, il fallait avoir une bonne connaissance du russe et même du latin. Pourtant, Bérel Moché avait entrepris cette carrière à la demande du Rabbi Maharach, Rabbi Chmouel de Loubavitch. Cela lui permit non seulement d’apporter la guérison à beaucoup de personnes de cette ville au demeurant assez inculte, mais cela allait lui apporter un jour des compétences cruciales qui lui permettraient de devenir un homme d’affaires prospère à Varsovie et en Terre d’Israël.)
Enchanté par le conseil du Rabbi, Koushé se précipita chez lui et acquit rapidement une crème pour les yeux chez Bérel Moché qu’il appliqua rapidement sur les yeux de sa fille. Le temps passa, mais rien ne changea.
Déçu, Koushé retourna chez Bérel Moché l’Aptaiker, insistant cette fois pour recevoir une crème jaune selon les instructions du Rabbi.
– Mais la seule crème pour les yeux que j’ai n’est pas jaune !, dit Bérel Moché.
– Alors, rends-la jaune, répondit Koushé.
Et c’est exactement ce qu’il fit. Koushé appliqua la crème fraîchement pigmentée sur les yeux de sa fille, et ceux-ci redevinrent parfaitement sains.
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