Il existe quatre niveaux dans le domaine matériel : le minéral, le végétal, l’animal et l’humain.

Le minéral comprend des solides, des gaz et des liquides. Ils sont tous inanimés. Ils sont sans mouvement visible, ni interne (croissance) ni externe (emplacement). C’est-à-dire qu’ils restent à leur place (à moins qu’ils ne soient déplacés ou que leur mouvement soit suscité par une force extérieure), et ils ne modifient pas leur apparence (sauf sous l’effet de forces extérieures).

Le végétal a un mouvement interne : il grandit, change de couleur, etc. Mais il ne montre aucun mouvement extérieur. Les plantes et les arbres ne se déplacent pas seuls.

L’animal a un mouvement interne ainsi qu’un mouvement extérieur. Il se développe et change, tout en étant mobile.

L’humain a, en plus de tout cela, une intelligence transmissible.


L’humain peut descendre, avec difficulté, dans l’existence animale, en agissant uniquement par instinct animal brut. En n’utilisant pas correctement ses capacités intellectuelles, il peut devenir partie du monde animal.

Il peut descendre (avec beaucoup plus de difficulté, et seulement épisodiquement) dans l’existence végétale. Par la maladie ou le sommeil profond, un humain peut atteindre un état où ses seuls signaux de vie sont ceux de son mouvement interne.

À la mort, le corps descend au niveau de l’existence minérale.

L’animal peut également descendre à l’existence végétale ou minérale.

Le végétal peut descendre à l’existence minérale quand il meurt. (Une table en bois est une existence minérale.)

Chaque niveau d’existence comprend toutes les propriétés du niveau inférieur, plus une.

Les membres de chaque niveau peuvent descendre à un niveau inférieur, jusqu’au minéral.

Il n’y a pas, dans notre existence, de niveau plus bas que celui du minéral.


Les membres d’un même niveau d’existence physique peuvent également monter à un niveau supérieur.

L’eau qui a été absorbée dans une plante, à travers ses racines, fait partie de la plante. La terre qui soutient trop de cultures peut finir par perdre ses nutriments. Les minerais auront été absorbés par les existences végétales. Les plantes recourent également à des gaz dans leur processus de croissance.

L’herbe qui est mangée par les vaches les nourrit et ajoute à leur corps des kilos de viande.

Le bœuf, lorsqu’il est consommé par des humains, devient une partie de leur corps.


Il y avait deux vaches qui partageaient un même enclos dans leur ferme.

C’était une charmante petite ferme située au pied d’une grande chaîne de montagnes. Un ruisseau bouillonnant serpentait au pied des montagnes. Des arbres jalonnaient la campagne, et une longue rangée de haies bordait la route menant à la ferme.

Et l’air était frais.

Le fermier était un homme laborieux. Il était constamment à prendre soin de ses animaux, à labourer et à semer, à désherber et à fertiliser, à arroser et à récolter.

Et un jour, le fermier vendit les vaches. À un grossiste de viande.

À l’abattoir, elles furent séparées.

La première vache fut conduite à l’abattoir.

La seconde vache fut mise de côté pour l’instant.

Le cho’het (abatteur rituel) préparait encore son couteau. Il ne doit pas y avoir de bosses sur la lame, pas la plus petite aspérité. Le couteau doit être parfaitement aiguisé, parfaitement préparé.

La seconde vache fut mise à mort. Par le cho’het. Elle fut ouverte. Les poumons et les autres organes vitaux furent contrôlés. Tout était sain et en ordre.

C’était kasher.

En moins de deux jours, les deux vaches atteignirent leur destination finale – sous forme de viande.

La première vache fut achetée par un grand hôtel international.

La seconde, par le boucher kasher local.

De nombreuses personnes venues de nombreux pays louèrent la tendresse de la viande et la compétence du chef, à la destination de la première vache.

De nombreuses familles préparèrent de nombreux repas de Chabbat : la destination de la deuxième vache.

Tant de touristes furent pleins d’énergie. La première vache.

Tant de prières et de séances d’étude de la Torah furent pleines d’énergie. La deuxième vache.


C’est là Le Développement.

L’eau du ruisseau.

L’engrais dans le sol.

Deviennent partie de l’herbe.

L’herbe dans le pré.

Le foin de la meule.

L’eau du ruisseau.

L’air frais des montagnes.

Deviennent partie des vaches.

Et les vaches :

Les vaches deviennent partie des humains.

Énergie pour faire du tourisme.

Énergie pour étudier la Torah.

Quelque chose de neutre et d’inoffensif. Le tourisme.

Quelque chose qui a un sens. Qui accomplit Le Sens. Le Développement. Étudier le concept divin tel qu’Il l’a communiqué à l’homme. Une mitsva. L’étude de la Torah.

Si nous devions choisir, quelle vache choisirions-nous ?


Et puis il y a la neige.

Haut dans les montagnes sur une piste de ski.

Beaucoup de gens viennent pour des vacances de ski.

Ils piétinent, ils glissent, ils se heurtent et ils skient.

Pour sûr, la neige est en contact avec les humains.

Mais la développent-ils ? S’agit-il d’un contact humain avec Le Sens ?

Quand elle fond, au printemps, elle coule le long de la montagne. Dans un ruisseau. À travers une ferme.

Celui-ci arrose un pré vert. Ou désaltère une vache assoiffée.

La neige fondue aide la seconde vache à grandir...


Et les Téfilines. (Une boîte portée sur la tête, au-dessus du front, alignée entre les yeux. La seconde sur le bras gauche, au-dessus du coude, à côté du cœur.)

Leur construction, leur production et leur fabrication sont spécifiées.

Les boîtes sont en cuir. Des bandes de parchemin, faites de peau d’animal, sur lesquelles sont écrits certains paragraphes de la Torah, sont enroulées, attachées avec des poils d’animaux et placées dans les boîtes. Celles-ci sont cousues fermement avec un tendon d’animal. Des sangles de cuir sont montées à travers les boîtes afin que celles-ci puissent être liées à la tête et au bras.

Des boîtes en cuir. Issues de la seconde vache.

Des bandes de parchemin. Issues de la seconde vache.

Liées par des poils d’animaux. Issus de la seconde vache.

Cousues avec des tendons. Issus de la seconde vache.

Des lanières de cuir. Issues de la seconde vache.

Des Téfilines. Issus de la seconde vache.

Une mitsva. Issue de la seconde vache.

Ceci est le développement.


À l’usine de chaussures :

Ils ont acheté du cuir.

De la première vache.

Ils font des chaussures.

De la première vache.

Ils font des bottes.

De la première vache.

Pour l’armée.

De la première vache.

L’armée livre une bataille féroce.

Personne ne sait pourquoi.

Les soldats ont besoin de bottes.

De la première vache.

Pour marcher, déferler et piétiner.


Et un voyageur international, qui mange du steak et qui fait du tourisme. Peut-il développer ce qu’il a mangé (de la viande non-kasher), la première vache ? Et s’il fait une mitsva avec l’énergie que lui fournit de la viande non-kasher ?


Il y a une petite vieille dans un petit village qui a une vieille tasse et une vieille soucoupe placées sur une étagère spéciale. Elle ne manque jamais de les montrer aux gens qui entrent dans sa maison.

« C’était par une nuit sombre, raconte-t-elle, il y a de très nombreuses années, quand j’étais jeune. Notre pays était en danger d’être envahi. Le roi revenait d’inspecter l’armée quand il a traversé notre village.

« Nous savions que le roi, bien que courageux, n’était pas en très bonne santé. Et, lorsqu’il traversa notre village, il eut besoin de boire quelque chose de chaud.

« Il était tard dans la nuit. La lumière était allumée dans notre maison, alors ses gardes sont venus. J’étais ravie de pouvoir lui servir une tasse de thé chaude, dans cette même tasse, sur cette même soucoupe. »

Cette tasse sera toujours différente de ses autres tasses. Elle avait déjà entendu parler du roi, mais ne l’avait jamais vu. Voilà qu’il était entré dans sa maison et avait demandé une tasse de thé. Et elle la lui avait servie. Dans cette tasse.

Grâce à cette tasse, elle a établi une relation avec le roi.


Par une mitsva, nous établissons une relation avec D.ieu.

L’objet avec lequel nous effectuons la mitsva devient différent de tous les autres objets.

Il a accompli le souhait de D.ieu.

Mais nous ne pouvons pas satisfaire le désir de D.ieu à travers un objet qui ne se prête pas à un tel accomplissement.

La viande non-kasher est en soi contraire au souhait de D.ieu.

Alors, comment pouvons-nous essayer de développer de la viande dont la consommation est directement en opposition avec le souhait de D.ieu ?

Même si un touriste international devait visiter les malades (une mitsva) avec l’énergie dérivée de la viande de la première vache, il ne prête pas au développement de cette viande.

L’action est une bonne action. Une mitsva. Mais la viande n’est pas développée.

Nous développons toutefois des aliments non-kasher (dans un sens), en ne les mangeant pas.


Le développement est l’accomplissement du souhait de D.ieu avec des « parties » de notre existence créée.

Tout comme le roi est lié à cette femme d’une manière spéciale, à travers la tasse, D.ieu est lié à notre existence créée, de manière spéciale, à travers les « parties » développées du monde.

D.ieu, cependant, n’a pas une existence limitée dans le temps et l’espace. Sa relation à travers les parties développées est continue.


Un petit groupe d’enfants a fait une randonnée avec leur professeur.

Ils se sont arrêtés sur une route, près d’une ferme, au pied d’une grande chaîne de montagnes. Un ruisseau bouillonnant serpentait au pied des montagnes.

Les enfants burent de l’eau. Mais d’abord ils dirent une berakha (bénédiction).

Ils lavèrent (rituellement) leurs mains avant leur déjeuner, et dirent à nouveau une berakha. Ils s’assirent sous un arbre. Ils prirent leurs déjeuners, puis dire le Birkat Hamazone (Actions de grâce après le repas). Ils étudièrent ensuite la Torah sous l’arbre.

L’eau qu’ils burent.

L’herbe sur laquelle ils s’assirent.

L’eau qui lava.

L’ombre de l’arbre.

Le développement.

Depuis plus de cinq mille ans, cette petite ferme attendait son développement.

Les enfants vinrent.

Et ils partirent.

En partant, ils virent deux vaches.