Nous sommes en Europe de l’Est, à la fin du 18ème siècle. Un jeune surdoué à peine bar-mitsva du nom de Chnéour Zalman est assis dans un Beth Hamidrache, une « maison d’étude », et il étudie la Torah. Dans quelques années, tous le connaîtront comme étant l’auteur du Tanya et du Choul’hane Aroukh, et le fondateur du ‘hassidisme ‘Habad. Mais aujourd’hui il n’a que treize ans.

Dans la salle d’étude est assis un autre Juif, qui étudie, lui aussi. Mais il semble pressé : il feuillette à grande vitesse les livres anciens, passant frénétiquement d’un volume à l’autre.

– Pourquoi te dépêches-tu tellement ?, lui demande le jeûne garçon.

– C’est ma nature, je suis rapide, s’excuse l’homme.

Mais le jeune prodige ne se satisfait pas de cette réponse. « Tu dois changer ta nature ! » dit-il à l’homme.

– Mais comment puis-je la changer, si c’est comme ça que je suis né ?

Rabbi Chnéour Zalman lui expose alors ce qui allait devenir la base de sa philosophie :

« Chaque Juif est doté d’une âme, et celle-ci lui confère des forces qui lui permettent de changer sa nature. Cela se fait à travers la kabbalat ol, c’est-à-dire en prenant sur soi le joug de la royauté divine : il faut faire ce qui est correct même si l’on n’en ressent pas l’envie.

« D’abord, tu dois t’habituer à faire la bonne chose. Avec le temps, cette habitude deviendra une seconde nature. Plus encore : cette habitude peut même surmonter la nature avec laquelle tu es né ! La soumission à D.ieu est le plus important fondement de l’étude de la Torah et de la pratique juive.

« C’est également le sens du verset que nous disons dans le Chéma Israël : « Et vous disparaîtriez rapidement du bon pays... » Ce verset peut être lu ainsi : « Vous ferez disparaître le “rapidement” – la hâte et la précipitation. » Il faut étudier calmement, de sorte que l’âme puisse se délecter de la sainteté de la Torah. »