Pendant six jours, le travail sera fait... (35, 2)

La Torah s’exprime au passif – « le travail sera fait » – plutôt que d’employer l’actif – « faites le travail ». C’est pour nous enseigner l’attitude appropriée à l’égard de nos activités de travail : les nécessaires implications mondaines de la vie doivent être abordées d’une manière distante et peu enthousiaste...

– Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, le Rabbi de Loubavitch, de mémoire bénie

Rabbi Shlomo de Karlin était attendu à la maison de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi. Mais la visite donna lieu à une dispute entre la femme du Rabbi et sa fille, Freidkeh. Depuis plusieurs années, Freidkeh avait pris en charge toute la cuisine de la maison ; mais voilà qu’en l’honneur de l’invité distingué, la Rabbanit voulait reprendre la cuisine. Elle se prévalait de son ancienneté et de ses droits de Baalbousteh.1 Sa fille soutenait que dans la mesure où c’est elle qui faisait toujours toute la cuisine, il était injuste de lui retirer cette tâche juste quand un invité d’honneur arrive.

L’affaire fut soumise à l’arbitrage de Rabbi Chnéour Zalman, qui proposa le compromis suivant : la Rabbanit allait préparer la nourriture, mais Freidkeh ajouterait le sel. Puisque la nourriture sera presque sans goût sans sa contribution, le privilège de nourrir Rabbi Shlomo serait également le sien.

Cependant, quand le plat si disputé atteignit finalement la table, Rabbi Shlomo Karliner se retrouva incapable de continuer après la première cuillerée. La force de l’habitude de plusieurs décennies avait fait que la Rabbanit avait salé la nourriture sans même s’en rendre compte, et Freidkeh, bien sûr, n’avait pas manqué à son devoir. Le résultat était tout simplement impossible à avaler.

Mais l’histoire du sodium de ce plat malheureux était loin d’être terminée : une troisième pincée de sel y rejoignit à ce moment ses prédécesseurs, cette fois-ci jetée par la main de Rabbi Chnéour Zalman lui-même. En effet, remarquant l’assiette négligée devant son invité, le Rabbi s’était dit que la nourriture n’était peut-être pas suffisamment salée au goût de Rabbi Shlomo.

Finalement, Rabbi Chnéour Zalman demanda au Karliner pourquoi il ne mangeait pas. Rabbi Shlomo répondit que la nourriture était trop salée pour manger. Surpris, Rabbi Chnéour Zalman prit une autre cuillerée de sa propre assiette et l’avala pensivement. « Vous savez, dit-il, vous avez raison. »

« Depuis le jour où je suis allé à Mézeritch chez mon Rabbi, expliqua le Rabbi, je n’ai plus ressenti le goût de la nourriture. »