Inhérente à notre nature est une aspiration perpétuelle à s’améliorer. L’être humain n’est jamais satisfait de sa simple existence : la pensée d’une occasion manquée ou d’un potentiel non réalisé ne lui laisse pas de répit, le projetant dans l’effort sans fin et l’inlassable ambition qu’il appelle la vie.
« Il », avons-nous dit, car bien que cette aspiration au progrès personnel soit présente dans chaque membre de l’espèce humaine, elle appartient à notre aspect actif et combatif qualifié de « masculin ». Non moins essentiel à notre être est notre élément « féminin » : notre réceptivité et notre sens du sacrifice, notre conviction qu’il n’est rien de plus grand que l’abnégation au nom d’une grande cause.
Cette dualité est tellement implantée en nous que nous en acceptons inconditionnellement le paradoxe dans le moindre aspect de notre vie. Nous exaltons l’abnégation autant que nous glorifions l’être. Nous associons le bien avec l’altruisme alors même que nous reconnaissons l’ego comme le principal facteur motivant de tout accomplissement positif. Nous luttons pour réussir, nous épanouir et réaliser notre potentiel tout en professant que tout ce que nous faisons, nous le faisons pour nos enfants.
Car c’est ainsi que nous avons été conçus par notre Créateur : D.ieu façonna l’homme, poussière détachée du sol – cédant comme le sol sous ses pieds – et Il insuffla dans ses narines un souffle de vie – l’impulsion d’aspirer, de grandir et d’accomplir (Genèse 2, 7). D.ieu prit donc l’homme et l’établit dans Son monde pour le cultiver et le développer, mais aussi pour le garder et le soigner. (Ibid. 2, 15)
L’homme est ainsi une créature qui possède non pas un, mais deux centres, une entité avec non pas un, mais deux noyaux existentiels. L’être humain est à la fois un esprit centré autour de la quête de soi et une âme dont l’essence est abnégation. Dans les mots de la Torah : « Mâle et femelle Il les créa... et Il leur donna pour nom : l’homme. » (Ibid. 5, 2)
En tant que Juifs, nous héritons cette dualité de Jacob, le plus éminent de nos Patriarches, et de Rachel, la mère d’Israël par excellence. De Jacob, dont la vie de réalisations fut couronnée par une procession royale jusqu’au cœur de la Terre Sainte où reposent les fondateurs d’Israël, nous tirons notre potentiel de perfection. Et de Rachel, la jeune mère qui mourut en donnant la vie et qui demeure dans une sépulture solitaire sur le côté de la route pour mieux témoigner de la souffrance de ses enfants, nous recevons notre aptitude au dévouement et à a transcendance de soi.
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