C’est une simple histoire de livres... Lorsqu’on dit de tels mots, la réalité des faits et leur portée paraissent sans doute encore plus étonnantes. C’était le 5 Tévet et des livres saints – souvent rares – qui avaient été détournés de la bibliothèque du mouvement Loubavitch, rassemblée par les Rabbis successifs, retrouvaient leur place légitime, à la disposition et pour le plus grand bien de tous. Une simple histoire de livres donc ? C’est vrai, peut-être certains pourraient n’y voir que cela. Il existe des gens pour qui un livre n’est rien d’autre qu’un assemblage de papiers et, à l’heure d’internet... Pour cela, il est ici nécessaire de revenir au profond des choses. Tous les livres ont une âme mais ceux-ci possèdent un élément supplémentaire : une sainteté indispensable à tous et qui ne saurait appartenir en exclusivité à personne. C’est une richesse collective essentielle ; le 5 Tévet nous donne à la redécouvrir.

En effet, au-delà du combat pour le retour des livres conclu victorieusement ce jour-là, c’est véritablement d’un affrontement entre deux visions des choses qu’il s’agit. Ces livres se limitent-ils à leur seule existence et seraient donc, à ce titre, des objets comme tous les autres, à valeur marchande et, par conséquent, exploitables ? Ou appartiennent-ils à un plan supérieur et, dès lors, ont un autre statut ? Le 5 Tévet est l’affirmation nette que cette dernière idée est bien celle qui correspond à la vérité. Lorsque, en son temps, la nouvelle de cette victoire fut connue, la joie la plus grande éclata partout où se trouvaient des ‘hassidim. Le Rabbi sut vite lui donner une définition : cette joie est celle des livres, elle renvoie donc à leur étude, chaleureuse et enthousiaste.

C’est ainsi que le 5 Tévet n’est pas uniquement l’allégresse d’un moment. Cette date porte réjouissance éternelle car ce qu’elle exprime n’est rien de moins que le cœur de ce que nous sommes, l’essence de notre âme. Un livre, cela va loin et, quand il s’agit de ces ouvrages que le Rabbi sauva parfois au péril de sa vie, cela touche à des niveaux que l’on peine à décrire. Le bruit et la fureur du monde, la tempête des jours auraient pu effacer cette conscience. L’anniversaire à célébrer est celui d’une victoire qui, ainsi, nous entraîne au-delà de nous-mêmes. Des livres, une sagesse, à étudier et à méditer pour que l’homme se souvienne qu’il est d’abord une créature divine.