« La Torah et le Saint, béni soit-il, ne font qu’un. »1
Dans le judaïsme, un sefer (pl. sefarim) n’est pas simplement un livre contenant des connaissances, ni simplement un livre qui s’avère contenir de la Torah, c’est-à-dire de la sagesse divine. C’est un moyen de se connecter à D.ieu lui-même. Il n’est donc pas étonnant que les Juifs aient la coutume d’embrasser un sefer après l’avoir étudié,2 et la loi juive contient des règles spéciales sur la manière de respecter et de traiter correctement les sefarim.
Ainsi, par exemple, il est interdit d’utiliser un sefer à des fins personnelles, comme pour se faire de l’ombre ou comme éventail.3 On ne peut pas non plus s’asseoir sur une chaise ou un banc sur lequel se trouvent des sefarim.4
Nous sommes également très pointilleux quant aux sefarim qui peuvent être placés ou empilés sur d’autres sefarim. La règle générale est la suivante :
La Torah Écrite
- On peut placer un ‘Houmach (les Cinq Livres de Moïse) sur des Néviim (Prophètes) ou des Ketouvim (Hagiographes). Cependant, on ne peut pas placer des Néviim ou des Ketouvim sur un ‘Houmach, ni un ‘Houmach sur un rouleau de la Torah.5
- Bien que, techniquement, les livres des prophètes soient considérés comme plus saints que ceux contenant des Ketouvim (Hagiographes), on peut placer un livre de Ketouvim sur des Néviim, car nous ne sommes pointilleux que pour un ‘Houmach, qui est considéré comme étant beaucoup plus saint.6
La Torah Orale
Selon le Zohar, il faut également veiller à ne pas placer des sefarim contenant la Torah Orale, tels que la Michna, le Talmud ou le Midrash, sur des sefarim contenant la Torah écrite, même s’il s’agit de livres des Prophètes ou des Hagiographes.7
Certains tiennent à ce que les ouvrages antérieurs de la Torah Orale soient placés sur les ouvrages postérieurs. Mais cela n’est pas nécessaire d’un point de vue halakhique.8
Le livre de prières (Sidour)
Les avis divergent sur la question de savoir si un livre de prières est considéré comme faisant partie de la Torah Écrite ou de la Torah Orale. D’une part, il contient de nombreux versets de la Torah écrite (en particulier des Psaumes). D’autre part, il ne fait pas partie de la Torah Écrite. Dans la pratique, les livres de prières sont considérés comme étant au niveau des Néviim et des Ketouvim.9
Le Tanya
En raison de la vénération que les ‘hassidim ‘Habad ont pour le Tanya en tant qu’ouvrage fondateur de la ‘hassidout, la coutume ‘Habad est de veiller à ne pas placer d’autres sefarim sur un Tanya.10
Si les livres sont empilés de façon incorrecte
Certains pensent que si l’on trouve des sefarim empilés de manière incorrecte, on n’est pas obligé de les réarranger.11 Beaucoup ne sont pas d’accord.12 De fait, le Rabbi s’arrêtait souvent en entrant ou en sortant de la synagogue pour réarranger des sefarim qui avaient été empilés de manière incorrecte ou pour enlever quelque chose qui avait été placé au-dessus d’un sefer.
Il est clair que nous devons veiller à traiter les sefarim avec respect. Certains expliquent d’ailleurs que la Michna de l’Éthique de nos Pères qui affirme « Celui qui honore la Torah est lui-même honoré par le peuple ; celui qui dégrade la Torah est lui-même dégradé par le peuple »,13 fait spécifiquement référence à l’honneur dû aux sefarim.14
Le 5 Tévet, jour où le Rabbi encourageait les gens à acquérir de nouveaux sefarim, il les encourageait également à prendre soin des sefarim qu’ils possédaient déjà, à les réparer et à les embellir. Après tout, il ne s’agit pas seulement de « livres », mais d’un moyen de se connecter au divin.
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